I
Boulevards extérieurs, et l’ombre commencée
par la fin — ombre d’un soleil pâle et invisible en voyage
sur les toits de zinc, tandis que la journée s’avance
dans un puzzle de lumières, dans un tonnerre
de métro aérien ou un remous
de visages dans les portes
entrebâillées, d’odeurs de faux cuir neuf, de valises
de bois rouge, cerclées de fer,
alignées sur le trottoir ou bien tirées à bout de bras.Et la poussière, arbres, nuages. Il n’y a pas là mystère.
Au bar de l’Étoile du Parthénon il y a des femmes qui chantent,
et tout cela n’existe pas. C’est à peine si on entend
les pas sur les trottoirs,
le long des murs. Il y a longtemps de cela. La sirène des ambulances,
et les patrouilles de police. Au-dessus des flaques de lumière
flottent les gares éblouissantes.Bagages au départ, colis express. Quelques visages dans les verrières,
ou bien des moineaux qui picorent les restes écrasés d’un sandwich,
tout étonnés, et ceux-là mêmes qui se hâtent, un ticket de métro à la main.mais ce n’est pas vrai. Derrière cela il n’y a rien d’autre
qu’un tableau printanier, peut-être. L’enchevêtrement des antennes
métalliques,
un drapeau plus loin, déployé sans raison dans le ciel,
quelqu’un qui mâche du chewing-gum,
désœuvré, accoudé à l’intérieur d’une cabine téléphonique,
le tracé d’une rue et l’éclat d’une vitre
dans l’œil du passant.
Dominique Grandmont, Pages blanches, Les Éditeurs français réunis, 1975, p. 11, 12, 13 et 14.
Contribution de Tristan Hordé
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