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Autiste new-yorkais

Par Borokoff

A propos de Shame de Steve McQueen 1.5 out of 5 stars

Michael Fassbender - Shame de Steve Mc Queen - Borokoff / Blog de critique cinéma

Michael Fassbender

A New-York, tout réussit en apparence à Brandon. Trentenaire, beau gosse, il vogue de succès en succès professionnels. Mais Brandon mène en fait une existence morne et recluse marquée par sa dépendance au sexe. Lorsque sa sœur Sissy (Carey Mulligan) débarque sans prévenir dans son appartement, le jeune homme a de plus en plus de mal à cacher son vice en même temps qu’à supporter sa présence…

Shame raconte la longue descente aux Enfers d’un « addict » au sexe américain, un personnage dont raffole Bret Easton Ellis ou Selby Junior (Le démon). Brandon possède un appartement superbe dont les murs blancs ne comportent aucun cadre ni aucune décoration.

Ce manque de fantaisie reflète dès le début du film la solitude d’un jeune homme malade de sexe et dont le malaise croissant va déboucher sur son implosion, sa sœur Sissy (musicienne et elle-même mal dans sa peau) servant inconsciemment de détonateur.

Shame décrit la trajectoire de cet être maléfique, « American Psycho » talentueux mais rongé par les démons du sexe. En manque d’imagination, Brandon se vautre dans cette abjection sexuelle, ce déni de sa sensualité, de plus en plus malade, mutique et isolé. Brandon est campé par un Michael Fassbender inquiétant.

Carey Mulligan, Michael Fassbender - Shame de Steve Mc Queen - Borokoff / Blog de critique cinéma

Carey Mulligan, Michael Fassbender

La misère humaine (sexuelle et sentimentale) de Brandon a quelque chose de profondément triste et de pathétique au final. Le côté individualiste de ce jeune homme empêche la compassion du spectateur parce que Brandon est désintéressé par le monde, à commencer par sa propre sœur.

Alors, que dire de la mise en scène de McQueen ? Qu’elle n’est pas à la hauteur sans doute des ambitions du scénario. Le personnage de Brandon a pourtant quelque chose de fascinant dans sa paranoïa, dans la manière dont il se sent  « piégé » par sa sœur, acculé par elle dans son propre appartement (scène où elle le surprend en train de se masturber dans les toilettes, une de ses vilaines habitudes).

Brandon bascule peu à peu dans l’aliénation et la folie. Ce qui lui fait « péter un plomb » (mais c’était latent de toute façon), c’est que sa sœur ait découvert son secret le plus enfoui et dont il a honte en fait. Mis à nu, ne trouvant plus d’échappatoire, plus d’endroit pour se cacher, Brandon se retrouve sans défense. Il ne lui reste plus que la rage aveugle, la colère et l’explosion.

Malgré des emprunts très clairs à James Gray dans le style des compositions dramatiques (ici, d’Harry Escott) ou le choix des musiques classiques (Bach joué par Glenn Gould ici), on est loin du style flamboyant, des éclairs de génie et des fulgurances du réalisateur de Two Lovers ou de The Yards.

McQueen verse dans l’excès (scène de cul à répétitions), le démonstratif voire un certain voyeurisme avec ce couple qu’aperçoit Brandon depuis la rue et qui fait l’amour contre une baie vitrée. La mise en scène est sèche, chirurgicale, à la limite parfois même du documentaire, mais ne parvient pas à exploiter le potentiel dramatique et émotionnel de ce personnage tout en frustrations et en refoulements (malgré un très bon Fassbender).

C’est dommage, car au-delà de la déception du spectateur, c’est le sentiment de gâchis qui demeure…

www.youtube.com/watch?v=k8q8BCzkIFs

Film britannique de Steve McQueen avec Michael Fassbender, Carey Mulligan, James Badge Dale (01 h 39).

Scénario : 2 out of 5 stars

Mise en scène : 1.5 out of 5 stars

Acteurs : 3.5 out of 5 stars

Dialogues : 3 out of 5 stars

Compositions 3 out of 5 stars


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