Photographie 1 :
Carte postale (14 x 9 cm) de vers 1945 représentant un zazou se baignant avec deux jeunes femmes zazous le prévenant : « - Quelle folle imprudence, Mr Zazou ! » Les
baigneuses, bien qu'en maillot de bain, ont le visage très maquillé ce qui est caractéristique de cette mode, et le baigneur porte des lunettes noires rondes, la veste à carreaux et de grosses
chaussures. Le caricaturiste se moque de la frilosité et du caractère peureux du zazou. Les petits-maîtres sont souvent considérés comme craintifs voir lâches. En vérité c'est tout le contraire.
Ils ont un sens de l'honneur très développé et malgré leur apparence frêle sont souvent très courageux. C'est le cas des incroyables durant la Révolution et des zazous pendant la seconde guerre
mondiale ou même des petits crevés. Leur aspect délicat et leur côté insouciant leur permettent de continuer à afficher leur liberté même dans les moments les plus terribles de notre histoire. ©
LM.
Photographie 2 : Voir photographie 7.
Photographie 3 : Couverture du Marie-Claire de février 1940 (n°155) avec une
photographie de femme dans un style très zazou. Elle est élégante ; son chapeau a des couleurs fraîches, et elle est maquillée d'une façon caractéristique : rouge profond sur les lèvres, visage
pâle rehaussé d'un léger pourpre sur les joues, yeux soulignés. © LM.
Le zazou, le swing et le da dou da dou da sont la même personne. Le terme de 'zazou' viendrait d’une
onomatopée ; celui de dadoudadouda se retrouve dans de nombreuses chansons zazous ; et le 'swing' est la musique à la mode chez ces personnes. Les habits du zazou rappellent ceux du gommeux
dont certaines images le montrent avec une veste longue et quadrillée (voir les articles intitulés : Le
Gommeux & Les carreaux à la mode). Le zazou, dont l’origine remonte
juste un peu avant la seconde guerre mondiale (qui a vers les 20 ans pendant cette guerre), est par contre en décalage avec la génération précédente. Le type même de cette dernière porte un
chapeau de paille de canotier à la Maurice chevalier (1888-1972), les cheveux courts, un costume serré trois pièces élégant,
boutonné assez haut et
plutôt sombre (bleu marine …), des guêtres blanches sur des chaussures noires, une canne … Charles Trenet (1913-2001) est dans ce style bien qu'il s'adapte vite au style
zazou.
Depuis quelques dizaines d'années, de nombreuses modes musicales viennent d'Amérique : rumba,
blues, tango, jazz, slow-fox, shimmy, charleston, swing, boogie woogie etc. Beaucoup d'entre elles sont afro-américaines et la plupart sont associées à des danses. Pendant la seconde guerre
mondiale ces musiques sont interdites. On les joue donc dans des surprise-parties et dans des caves. Celles de Saint-Germain-des-Prés deviennent célèbres après la guerre. Des musiciens des
États-Unis s'y produisent et y apprécient une certaine liberté. Même la Beat Generation se retrouve à Paris.
Le zazou a les cheveux longs et huilés, porte une longue « veste quadrillée » (à grands carreaux) ample
qui lui tombe sur les cuisses avec de nombreuses poches à revers et souvent plusieurs martingales ce qui est assez provoquant à une époque où le tissu est rationné et en complet décalage avec le
costume fasciste. Son chapeau est à rebords étroits. Il porte une chemise à col haut qui prend le cou tenu par une épingle, une cravate étroite faite de toile ou de grosse laine, un costume
croisé à quatre boutons et à grande encolure, serré au niveau du bassin. Le gilet peut être de couleur, le plus souvent dans un ton en harmonie avec le costume. Le pantalon est étroit et froncé.
Le parapluie remplace la canne mais reste fermé. Les carreaux qui sont à la mode au moins depuis le XIXe siècle dans la jeunesse parent non seulement les vestes mais aussi les jupes, les
parapluies et jusqu’aux voitures de certains zazous. La chanson Ils sont zazou que je retranscris un peu plus loin dépeint cet accoutrement. Évidemment toutes les fantaisies sont
possibles mais c’est le type récurrent. Les femmes zazous ont de longs cheveux souvent blonds, bouclés ou tressés. Elles sont fardées avec un rouge à lèvre voyant et portent des lunettes noires.
La veste est carrée au niveau des épaulettes. La jupe est courte (au dessous es genoux) et plissée. Leurs bas sont rayés ou même à résille et les chaussures avec des semelles de bois colorées et
épaisses. Lors de l'exposition du 27 novembre, une paire de ces souliers était présentée dans un sac : avec une semelle et un talon entièrement en bois peint en rouge et le reste dans un
tissu épais.
Depuis l’arrivée du jazz en France, et l’époque swing de l’entre-deux-guerres, le jeune français à la
mode s’extasie devant les nouveaux airs venus d’Amérique (du nord et d’Amérique latine). Le débarquement des alliés ne fait qu’accentuer cela. Le rock’n’roll prend progressivement la relève.
Pendant l’occupation, la vie du zazou parisien n’est pas de tout repos. Surtout à partir de 1942 où semble-t-il on assiste aux premières rafles et rossées de ces élégants dans les rues. Cependant
ce mouvement perdure. Pour faire passer les chansons américaines, on les réécrit en Français … et ça marche ! On ne 'fauche plus le persil' ; mais on continue à « faire » la place une telle, les
Champs-Élysées (à la terrasse du Pam Pam) ... enfin tous les lieux parisiens de grande promenade. On se réunit pour danser et écouter de la musique parfois dans des caves ; mais le plus souvent
dans des surprise-parties, dont le style ne change pas beaucoup de celui du film La Boom de Claude Pinoteau (1980), quand on a à faire à des adolescents de 14-17 ans, ou beaucoup plus
encanaillées si on se réfère aux exemples relatés par Boris Vian dans son livre intitulé Vercoquin et le Plancton. Il n’est pas nécessaire de projeter des idées libertaires,
révolutionnaires, politiques ou autres sur des jeunes qui sont simplement de leur âge, parfois dans un contexte difficile. Pendant l'occupation il n'y a pas beaucoup d'occupations : on ne
peut voyager par manque d'essence ; les voitures sont peu nombreuses et restent au garage sur des cales du fait du manque de pneus ; les plages sont interdites ; les radios sont celles de la
propagande ; les journaux sont réduits à une feuille recto-verso ... On va beaucoup au théâtre, au cinéma ; on lit énormément, et la vie intellectuelle reste riche. Nombre des jeunes d'alors sont
des 'zazous'. Le chanteur Léo Ferré (1916-1993) lui-même se considère comme en étant un. Dans une interview il oppose sa génération zazou à la yéyé qui annonce les débuts de la musique purement
commerciale.
Photographie 4 : Vercoquin et le Plancton de Boris Vian, Paris, Gallimard : La plume au
vent (collection dirigée par Raymond Queneau), cinquième édition, octobre 1946. La première édition semble être elle aussi chez Gallimard et dater de la même année. © LM.
Boris Vian (1920-1959) est lui aussi zazou. C'est un passionné de jazz. Dans son roman publié en 1946
Vercoquin et le Plancton il relate l'organisation de surprises parties pendant l'occupation par et pour des zazous. Voici une description des habits et de la façon de danser d'un couple
swing : « Le mâle portait une tignasse frisée et un complet bleu ciel dont la veste lui tombait aux mollets. Trois fentes par derrière, sept soufflets, deux martingales superposées et
un seul bouton pour la fermer. Le pantalon, qui dépassait à peine la veste, était si étroit que le mollet saillait avec obscénité sous cette sorte d'étrange fourreau. Le col montait jusqu'à la
partie supérieure des oreilles. Une petite échancrure de chaque côté permettait à ces dernières de passer. Il avait une cravate faite d'un seul fil de rayonne savamment noué et une pochette
orange et mauve. Ses chaussettes moutarde, de la même couleur que celles du Major, mais portées avec infiniment moins d'élégance, se perdaient dans des chaussures de daim beige ravagées par un
bon millier de piqûres diverses. Il était swing. La femelle avait aussi une veste dont dépassait d'un millimètre au moins une ample jupe plissée en tarlatatane de l'île Maurice. Elle était
merveilleusement bâtie, portant en arrière des fesses remuantes sur des petites jambes courtes et épaisses. Elle suait des dessous de bras. Sa tenue moins excentrique que celle de son compagnon,
passait presque inaperçue : chemisier rouge vif, bas de soie tête de nègre, souliers plats de cuir de porc jaune clair, neuf bracelets dorés au poignet gauche et un anneau dans le nez. Il
s'appelait Alexandre, et on le surnommait Coco. Elle se nommait Jacqueline. Son surnom, c'était Coco. Coco saisissait Coco par la cheville gauche et, la faisant habilement pivoter en l'air, la
recevait à cheval sur son genou gauche, puis, passant la jambe droite par-dessus la tête de sa partenaire, il la lâchait brusquement et elle se retrouvait debout, la figure tournée vers le dos du
garçon. Il tombait soudain en arrière, faisait le pont et insinuait sa tête entre les cuisses de la fille, se relevant très vite en l'enlevant de terre et la faisant repasser, la tête la
première, entre ses jambes, pour se retrouver dans la même position, le dos contre la poitrine de sa compagne. Se retournant alors pour lui faire face, il poussait un « Yeah ! »
strident, agitait l'index, reculait de trois pas pour avancer aussitôt de quatre, puis onze sur le côté, six en tournant, deux à plat ventre, et le cycle recommençait. Les deux transpiraient à
grosses gouttes, concentrés, un peu émus de l'attention nuancée de respect que l'on pouvait lire sur le visage des spectateurs admiratifs. Ils étaient très, très swing. » » Dans son
Manuel de Saint-Germain-des-Prés publié en 1951, Boris Vian critique le zazou au profit de l'existentialiste dans lequel il se reconnaît plus alors.
Voici les paroles de Je suis Swing (78T de 1939) de Johnny Hess : « La musique nègre et le jazz
hot / Sont déjà de vieilles machines / Maintenant pour être dans la note / Il faut être swing / Le swing n'est pas une mélodie / Le swing n'est pas une maladie / Mais aussitôt qu'il vous a plu /
Il vous prend et n'vous lâch'plus / Oh! je suis swing / Oh! je suis swing / Zazou, zazou, je m'amuse comme un fou. »
Photographie 5 : Page de titre d'une partition datée de 1942 : Ils sont zazous. Les paroles sont de Maurice
Martelier et la musique de Johnny Hess avec un tempo swing. Cette chanson a été interprétée notamment par Charles Trenet. « Les cheveux tout frisottés / Le col haut de dix huit pieds /
Ah ! Ils sont zazous ! / Le doigt comme ça en l’air / Le veston qui traine par terre / Ah ! Ils sont zazous ! / Ils ont des pantalons d’une coupe inouïe / Qui arrive un peu au dessous des genoux
/ Et qu’il pleuve ou qu’il vente ils ont un parapluie / Des grosses lunettes noires et puis surtout / Ils ont l’air dégouté / Tous ces petits agités / Ah ! Ils sont zazous ! / Un jour un brave
notaire / De son pays débarquant / Venait pour de grosses affaires / De legs et de testaments / Il avait l’allure très digne / Mais comme les modes de maintenant / Ont à peu près la même ligne /
Que celle de dix neuf cent / Deux jeunes zazous s’écrièrent en l’apercevant : / Ce qu’il fait distingué / Son col haut de dix huit pieds / Ah ! Ce qu’il est zazou ! / Il a ce brave notaire / Le
veston qui traine par terre / Ah ! Ce qu’il est zazou ! / Il ne se doutait pas ce très digne notaire / Qu’il pouvait être à ce point zazou / Car tous ses vêtements lui venaient de son grand-père
/ Le col, le veston, et tout et tout / Il fut tout étonné / De se voir ainsi remarqué / Par tous les zazous ! / De retour chez lui le notaire / Sidérait tous ses amis / Y ne marchait que le petit
doigt en l’air / Mais bientôt ce fut bien pis / Cette maladie pris sa fille / Sa femme, son clerc, son toutou / Enfin toute la famille / Tout le monde devint zazou / Dans le pays quand y se
promenaient on les croyait fous / En les voyant passer / Les braves gens s’écriaient / Tiens ! Voilà les zazous ! / Après mûres réflexions / Le docteur en consultation / Dit : Ils sont zazous ! /
C’est une maladie un peu particulière / Bientôt il n’y paraitra plus rien / Avec une bonne cure de polka de nos grands-mères / Puis se regardant il dit : Tiens ! Tiens ! / Mes cheveux tout
frisottés / Mon col haut de dix huit pieds / Mais je suis zazou ! / Tout comme le notaire / Mon veston traine par terre / Donc je suis zazou ! / Et si ce n’est qu’une question vestimentaire / Je
suis le plus zazou d’entre nous / Car ma redingote traine jusque par terre / Je ne vois qu’un remède faisons couper tout / Le docteur avait compris / Que là se tenait l’esprit de tous les zazous
! » [retrouver ces paroles sur paroles.voila.fr] © LM. Cette
chanson s'écoute sur la vidéo ci-dessous de Camille 885
![Le zazou, le swing et le da dou da dou. quandjedanseleboogierecadre300lm](http://media.paperblog.fr/i/514/5142727/zazou-swing-da-dou-da-dou-L-06YpER.jpeg)
Photographies 7 et 2 : Dans Le Zazou neurasthénique (paroles d'André Mile, musique de Paule Muray, joué sur un swing mou) celui-ci est décrit dans sa posture de 'petit dégouté' que l'on retrouve souvent chez les petits maîtres ; surtout après la Révolution. Cette mollesse est décriée et ces gandins en rajoutent. On retrouve dans cette chanson d'autres thèmes appartenant aux jeunes à la mode : le chahut, la simulation de la folie, la distinction, le bon ton ; les manières de danser, de s'habiller et de se tenir très particulières. Voici le texte de cette chanson : « COUPLET C'est un vrai swing, Un tout joli un classique Dans les dancings C'est un des plus frénétiques Et ses grands vestons Ses cheveux en festons Indiquent le bon ton Mais il n'est pas gai. Sous son air distingué
![Le zazou, le swing et le da dou da dou. lezazouneurasthenique300lm](http://media.paperblog.fr/i/514/5142727/zazou-swing-da-dou-da-dou-L-mTSY6S.jpeg)
Photographie 8 : « Mon heure de Swing : La chanson des vrais Da Dou Da Dou Da ». Paroles de Georgius et musique de H. Rawson. Indication de « Copyright 1941 ». La partition commence par une « Annonce : On dit que les êtres humains ont une heure de folie par jour. Moi j'ai ça … mais comme je suis plus moderne … c'est mon heure de swing. » Ensuite vient la chanson : « C'est mon heure de swing Oui, mon heure de swing Doudadou dadou dadou dadou dadou L'index en avant Secoué d'un tremblement C'est charmant ! Quand Cela me prend C'est mon heure de swing J' fais des boum, des bing Doudadou dadou dadou dadou dadou Je me sens tellement gamin Soudain En sortant de mon bain L'œil perdu au lointain Zut pour les voisins ! J'ai mon heure de swing
![Le zazou, le swing et le da dou da dou. monheuredeswing300lm](http://media.paperblog.fr/i/514/5142727/zazou-swing-da-dou-da-dou-L-Y3V826.jpeg)
Photographies 9 et 10 : Article pleine page de L'Illustration n° 5168 du 28 mars 1942 intitulé 'Nouveaux dandys'. Dimensions : 38 x 28,5 cm. Les zazous tels que représentés sur ces illustrations sont dans le pur style des États-Unis à l'époque : cheveux mi-longs et bouclés, épaules carrées, jupe courte au dessous des genoux et mocassins pour la fille ; coiffure 'banane', cravate étroite, une veste dite 'canadienne', pantalon large et chaussures épaisses pour le garçon. Voici l'article : « Un grand café du Quartier Latin vers 5 heures du soir. Les facultés se sont vidées ; les bars bien chauffés se remplissent ; la traditionnelle jeunesse universitaire change de cadre et après l'amphithéâtre, vient, pour se détendre, palabrer dans le brouhaha des brasseries. Rien ne semble changé depuis des années, si ce n'est que moins de pipes fument au creux des mains et que les garçons et les filles accoudés devant des demis ou des boissons de remplacement représentent la France nouvelle, dont tous les discours officiels vantent le juvénile élan et le bon sens. Et, en fait, l'enthousiasme anime bien des regards car les jeunes auxquels on confie une grande tâche se dérobent rarement. Il existe cependant une catégorie d'étudiants qui, d'allure et de langage nettement différents,
![Le zazou, le swing et le da dou da dou. nouveauxdandys1942detailaa300lm](http://media.paperblog.fr/i/514/5142727/zazou-swing-da-dou-da-dou-L-v1IJyS.jpeg)
![Le zazou, le swing et le da dou da dou. nouveauxdandys194270100](http://media.paperblog.fr/i/514/5142727/zazou-swing-da-dou-da-dou-L-6Xh6n5.jpeg)