Oui, vu comme ça, cela fait mal aux yeux et à la tête. Pire qu’une fourchette ou un coup de genou…Mais rassurez-vous, Richie McCaw a été élu « Man of the year » dans son pays et non pas par Aurélien Rougerie ou Morgan Parra. Le premier cité était accusé de fourchette sur le numéro 7 All Blacks et Parra a reçu un beau coup de rotule dans le visage par le flanker en finale le 23 octobre dernier. Ouf ! On est rassuré…
Le capitaine des All Blacks même sur des béquilles, a toujours autant la cote au pays du long nuage blanc. Dans son classement annuel, le New Zealand Herald, le journal qui ne voulait que du bien aux joueurs français pendant la coupe du monde, célèbre le numéro 7 des Crusaders. Chaque année, le quotidien le plus lu du pays, élit une personne qui « rend le pays meilleur et la population fière d’être néo-zélandaise. » Les Français apprécieront…
Richie McCaw et tout le staff des All Blacks - Crédits GB
Jérôme Kaino lui avait raflé le titre de meilleur joueur de l’année il y a deux semaines lors de « la nuit du rugby » néo-zélandaise, Richie ne pouvait décemment pas passer à côté de ce titre honorifique. Fer de lance d’une équipe All Blacks programmée pour être championne du monde, leader d’une région, le Canterbury et d’une ville Christchurch qui a beaucoup souffert après le tremblement de terre du 22 février 2011, Richard Hugh McCaw dégage ce que la nation Kiwi adore : travail, fierté et réussite.
Son influence dans le vestiaire All Black (et sur l’arbitrage ?), sa capacité a relevé ses joueurs sont telle que McCaw est devenu l’icône des Néo-Zélandais. Une icône non commerciale comparée à Dan Carter que l’on retrouve affiché partout dans les rues d’Auckland. Elevé dans la ferme de son papa, McCaw, qui a grandi à Hakataramea dans le fin fond du Canterbury, a toujours gardé les pieds sur terre. L’humilité est son credo. Les Néo-Zélandais aiment cette image du bon « Sudiste », fermier Pakeha robuste qui ne rechigne pas aux tâches obscures. En l’absence de Dan Carter, c’est lui qui a récolté toute la gloire de ce titre de champion du monde. En menant son équipe et son pays jusqu’à son second sacre mondial, celui que tout une nation attendait depuis 24 ans, le capitaine McCaw est entré dans le cercle très fermé des grands hommes de ce pays au même titre que l’alpiniste Sir Edmund Hillary ou le navigateur Peter Blake. L’Everest de McCaw aura été de tenir son rang pendant deux mois de compétition, même sur une seule jambe. Sa blessure au pied droit, était devenue le sujet de préoccupation de tous les Kiwis pendant le Mondial.
McCaw, 31 ans le 31 décembre estime qu’il peut encore mieux jouer, qu’il en a encore sous la pédale. Le flanker des Crusaders a un nouveau contrat de 4 ans avec la fédération néo-zélandaise et pour lui, le meilleur est à venir. Steve Hansen, le futur coach des All Blacks compte sur lui. « La prochaine coupe du monde est encore loin précise l’adjoint de Graham Henry. Mais j’ai besoin de leader comme lui pour construire l’avenir de la sélection. Nous avons déjà perdu assez de leaders comme ça avec les départs de Mils Muliania et de Brad Thorn ».
Si Steve Hansen n’est pas le prochain coach des All Blacks, McCaw sera-t-il toujours capitaine ? Il sera dur de le déloger mais d’autres joueurs pourront endosser ce rôle comme Dan Carter, le vice capitaine de la sélection, Kieran Read ou Keven Mealamu. Autre question en suspens, l’évolution de son rôle dans le jeu des All Blacks. Richie McCaw va-t-il garder son numéro 7 encore longtemps ou passer en 6 voir se placer en troisième-ligne centre ? McCaw qui occupe ce poste depuis dix ans, veut finir sa carrière avec le chiffre 7 dans son dos.
Richie McCaw - Crédits GB
6, 7 ou 8 ?
Mais d’ici quelques mois, le poste de flanker placé côté ouvert risque d’être très convoité. Et à 31 ans, McCaw risque de ne plus montrer la même mobilité que dans ses jeunes années. On l’a vu d’ailleurs souffrir pendant cette coupe du monde. Les jeunes All Blacks du Super 15 sont à l’affût. « J’ai toujours dit que je jouerais n’importe où si c’est pour le bien de l’équipe explique McCaw. Mais je pense que mon poste où je suis le plus efficace est le numéro 7. J’ai encore beaucoup à apporter, je suis plein d’envie. Mais quand je ne prendrais plus de plaisir dans ce que je fais, je passerai à autre chose. »
Opéré il y a quinze jours, Richie McCaw manquera six semaines du prochain Super 15 qui débute en février. Mais en attendant, le capitaine All Black a mieux à faire. Le mariage de Dan Carter ce vendredi avec la joueuse de Hockey sur gazon Honor Dillon, même avec des béquilles, était l’évènement à ne pas manquer. Histoire de prolonger la fête.
Guillaume Bonnaure, à Auckland.