"Quelles seront 12 les grandes tendances RH pour 2012 ? Pour m’aider à répondre à cette question, j’ai sollicité des « vauriens », c’est-à-dire de vrais experts, pour avoir leur vision, forcément personnelle, forcément subjective, mais assurément pertinence pour répondre à cette vaste question. Et comme tous les vauriens, ils ont accepté cette mission, y ont mis leurs tripes et leur coeur, juste pour en être, même si elle n’apporte ni gloire, ni argent, ni filles, ni alcool. 2012 : à quoi s’attendre, et se préparer en matière RH ? Faut-il s’en inquiéter ? Quel sera l’impact sur les entreprises ? 12 « salopards » des RH ont la parole"
Salopard N° 1 : Arnaud Gien-Pawlicki / Salopard N° 2 : Gilles Gobron / Salopard N° 3 : Alexandre Pachulski / Salopard N° 4 : Didier Baichere / Salopard N° 5 : David Guillocheau / Salopard N°6 : Pierre Denier / Salopard N°7 : Vincent Rostaing / Salopard N°8 : Flavien Chantrel / Salopard N°9 : Vincent Berthelot / Salopard N°10 : Arnaud Pottier Rossi / Salopard N°11 : Lilian Mahoukou / Salopard N°12 : Franck La Pinta
#1 : l’équation certaine RH + médias sociaux
Développer une culture du partage, par essai-erreur comme une opportunité de faire mûrir nos organisations. Constater et comprendre que nos collaborateurs sont nos meilleurs ambassadeurs. Ne pas oublier que l’e-réputation de chacun contribue à l’e-réputation de notre entreprise. Nos collaborateurs n’ont pas attendu l’arrivée des réseaux sociaux pour s’engager.
S’il est important d’avoir une stratégie 2.0 pour se lancer, elle ne doit pas être une excuse pour ne pas tenter l’aventure. N’oublions pas que l’objectif final c’est la rencontre avec l’autre, qu’il soit collègue, manager, recruteur, candidat (potentiel ou non), dans le 2.0 c’est ce qui me semble le plus important.
Arnaud Gien-Pawlicki, Responsable recrutement – DRH de l’Apec – @gienpawlicki – www.apec.fr
#2 : le retour des belles histoires dans le recrutement
Le candidat y était heureux, il avait là-bas autant de pouvoir qu’un roi. Mais à force de vivre chacun de son côté, ils ne se rencontraient plus… Jusqu’à ce que la fée « Conte Nue» leur apporta de belles histoires à se raconter.
Gilles Gobron – responsable marketing digital chez Expectra – @expectra_emploi - www.expectra.fr
#3 : Le Social va s’inviter dans les processus RH
Elles oscillent entre la volonté de surfer sur la vague Social déferlant sur le marché et le maintien qu’elles pensent encore nécessaire d’une organisation plus traditionnelle et moins collaborative.
2012 sera sûrement une année charnière qui verra quelques valeureux responsables de ressources humaines intégrer une dimension Social à des processus RH – au-delà du seul processus de recrutement – tels que les évaluations ou la formation.
Ces valeureux RRH auront deux caractéristiques : ils auront le soutien de leur hiérarchie et seront convaincus de l’intérêt de permettre aux collaborateurs d’être davantage acteurs de leur carrière !
Alexandre Pachulski – VP Products of TalentSoft – @apachulski – www.lestalentsdalex.com
#4 : 2012, certainement incertaine et probablement avec son lot d’atermoiements…
L’année électorale viendra couronner ce mariage à haut risque entre le social et l’économique apportant son lot promotionnel de non-décisions et de faux semblants.
Les salariés entendront d’un côté, des cassandres énoncées avec un aplomb qui fera douter le plus politiquement septique d’entre nous et de l’autre, ils vivront au rythme lent des promesses de développement de carrière que leur entreprise édictera comme une baseline éditoriale. Mondialiser, globaliser le salarié, nous en avons rêvé… Nous avons poussé des programmes RH homogènes et « talentisés » ! Résultat ? L’entreprise est prise d’angoisse, elle vit une véritable crise d’engagement… Jusqu’à parler spontanément de qualité de vie et pour les plus audacieux de bonheur, au travail.
Pourquoi croire que la génération Z, Y ou C aurait des gènes spécifiques pour la prise aisée de distance ou le repli sur soi ? Les mêmes (nous, les DRH) qui ont poussés l’individuel face au collectif crient à l’égoïsme et à la perte de repères générationnels !
Je crois personnellement qu’il n’y a aucune fatalité dans ce constat… Bien au contraire ! Ne comptez pas sur moi pour la révolution en 2012, elle n’est pas fille de l’entreprise. Dans ces périodes de fortes tensions, d’incertitude et de doutes retournons simplement vers nos fondamentaux : la création de valeur, l’innovation et la fierté que procure la réussite face à l’échec…
Quelques pistes pour gagner #RH2012 :
- ré-investir fortement dans le dialogue avec les managers de proximité pour les amener à prendre position comme des leaders : soyez stratège et physiquement présent sur le terrain, soutenez le regard de vos équipes… Pensez au coaching de pairs !
- libérer votre communication, donnez-lui de la transparence et de l’épaisseur en capitalisant sur vos valeurs d’entreprise et sur votre culture. Elles sont votre unique différenciateur et le seul socle commun à tous les salariés… Oublier les modérateurs et testez l’auto régulation… Le collectif de travail peut souvent s’exprimer avec bon sens et sentir le respect, dans les signes d’encouragement que vous saurez délivrer.
- et si vous commenciez à avoir confiance dans votre relation avec les partenaires sociaux ?
- prenez au sérieux la réflexion sur le mécénat de compétences : un bon moyen de remettre le débat des valeurs au cœur de votre politique RH et déjouer la crise de confiance dans l’entreprise… Engageons nous dans cette nouvelle voie qu’offre le métier de RH, celle où la DRH influence et crée de la valeur économique et sociale pour les salariés et pour l’ensemble de l’écosystème de l’entreprise. Amis RH, engagez vous et donnez de la voix.
Didier Baichère – people engagement addict - @dbaichere
#5 : DRH, RRH en 2012 n’ayez plus peur d’être intelligent !
Ce n’est pas ainsi que la RH ne sera plus perçue comme un centre de coûts administratifs. Il est temps d’ouvrir la boite noire du Capital Talents. Celle où l’on cache depuis trop longtemps la question du lien des causes (RH) avec les effets (Business) de votre entreprise.
Il faut que la RH puisse expliquer pourquoi tel leader mène son business mieux, pourquoi ce commercial vend davantage, ou pourquoi cette technicienne est plus fidèle. C’est ainsi qu’une banque en retard d’innovation, a découvert que ses compétences managériales clefs étaient moins propices que celles du concurrent le plus innovant. Elle doit aussi anticiper les évènements RH ayant des conséquences Business importantes.
C’est ainsi qu’un industriel a mis en équation le risque de démission des haut potentiels. L’indicateur est visible du poste de travail de chaque gestionnaire de carrière. DRH, RRH, faites comme vos collègues Business. Utilisez l’intelligence des données RH pour résoudre des problèmes ou relevez des challenges Business.
La crise est le bon moment, les sujets ne manquent pas et le niveau d’attente est maximal !
Conseil pratique : Evitez le ènieme projet de reporting, adoptez une démarche d’amélioration avec vos clients internes et pourquoi pas engagez des discussions 2.0 avec eux.
David Guillocheau – directeur associé Talentys – @dguillocheau – www.talentpower.org
#6 : Prendre le temps de recruter…
Tous les outils seront utilisés à cette seule fin. On assistera alors au retour triomphal des 2 deux lettres « RH » pour « Ressources HUMAINES » et non plus « Rendement Horaire » ou « Recrutement Hâtif ».
Pierre Denier – Fondateur HLC “Haut Les Coeurs !!!” – @PierreDenier – www.conseil-emploi.net
#7 : le bond en avant des RH dans les services
La fonction se transformera pour passer de l’opérationnalité à la stratégie, impulsant de nouvelles méthodes de management (vers plus d’agileté et de management 360° ).
Plus d’engagement des salariés au travers d’une réintroduction de la responsabilité personnelle dans la sphère de l’entreprise, et d’un focus tout particulier sur les motivations personnelles au service de la performance collective solution commune aux problématiques de diversité, d’intégration trans-générationnelle, de limitation des risques psychosociaux.
Bref alchimie du bien être individuel au service de la performance collective
Vincent Rostaing – Architecte en Energie Humaine Renouvelable – @LeCairn – www.lecairn4it.com
#8 : vers du vrai contenu RH
Cette opulence de contenu permettra à la fois de mieux guider les candidats dans leur démarche, de développer la notoriété des entreprises comme potentiels employeurs mais aussi de donner une légitimité à leur présence sur les médias sociaux. Trop de services RH se lancent pour suivre la tendance et proposent des coquilles vides.
Vouloir se rapprocher des candidats est une bonne chose, encore faut-il avoir des choses à leur dire.
Encore une fois, c’est le community manager, entouré par les experts des différents services de l’entreprise, qui devra se charger de ces contenus.
Son rôle devrait être redessiné pour s’éloigner de la course au like inutile trop souvent aperçue ces derniers mois et se recentrer sur les vraies problématiques : comment attirer et fidéliser des candidats qui correspondent au secteur d’activité et aux valeurs de l’entreprise. Le chantier est vaste.
Flavien Chantrel – Community Manager à RegionsJob – @moderateur – www.blogdumoderateur.com
#9 : relations sociales ou réputations sociales, Partenaires sociaux comme RH cherchent dans le 2.0 de nouveaux leviers !
Ce qui semble se dessiner est au contraire un déplacement du dialogue sur le terrain de la réputation et ceci du côté des syndicats comme du côté des pouvoirs décisionnels en place, entreprise et État. Les syndicats voient dans les annonces autour de la non publication du rapport Peruchot, sur le financement des organisations patronales et syndicales, une tentative de déstabilisation qui permet toutes les rumeurs.
Les annonces se multipliant autour de la gestion plus ou moins rigoureuse des CE les renforce dans le sentiment de tentative de retournement de l’opinion publique contre eux et un risque d’affaiblissement de leur pouvoir. De leur côté les OS elles-mêmes commencent à déceler de nouveaux leviers dans l’utilisation des médias sociaux pour faire pression sur les entreprises. Il faut dire que celles-ci en misant de plus en plus sur le développement de leur « image employeur » au travers des médias sociaux profitent de la viralité des bonnes opinions mais dans le même temps prennent le risque de s’exposer à des retours plus ou moins bien orchestré des partenaires sociaux.
2012 verra s’amplifier et certainement se professionnaliser les acteurs du dialogue social dans l’utilisation stratégique de ces leviers. De nouveaux risques vont apparaître, celui de l’individualisation des conflits au travers de la « googelisation » des acteurs me semble majeur. De la réputation des syndicats et employeurs on risque de passer à la e-reputation de leurs responsables.
Ce risque n’est pas inéluctable si on reconnaît de chaque côté l’importance du maintien dialogue et des opportunités offertes par ces nouveaux outils dont l’intranet syndical 2.0 pourrait aussi constituer une déclinaison positive.
Vincent Berthelot – Fondateur chez Conseil Web social – @VinceBerthelot – www.conseilwebsocial.com
#10 : pas grand chose à vrai dire…
Mais ces temps obscurs sont souvent idéaux pour développer la créativité, moins de budget (ou plus du tout d’ailleurs) oblige les RH à plus d’ingéniosité ! Alors profitons en ! Arrêtons la politique du Stop&Go, privilégions le relationnel sur le long terme. Tentons des choses : plus d’humain, plus de communication, plus de relations…en externe bien sûr mais aussi et surtout en interne.
Dans ce sens les Médias Sociaux vont nous aider car ils vont nous permettre de créer, d’entretenir des relations avec nos différents publics (interne-externe) avec peu de budget mais en s’investissant humainement. Je pense donc que la crise va favoriser leur adoption.
Et sinon, je crois que la fin du monde est prévue le 21 décembre 2012… Ça nous laisse 375 jours pour nous réaliser !
Arnaud Pottier Rossi – Directeur associé Kalaapa, agence de communication – @kalaapa – www.kalaapa.com
#11 : LILO, agilité, création de valeur et confiance
Avec les perspectives de chiffres d’affaire plus ou moins positives et la prudence sur les budgets, la créativité (génération d’idées), surtout l’innovation (exécution d’idées) et l’agilité prennent des places importantes.
Face à des challenges peu familiers, des approches latérales peuvent être nécessaires pour (oser) sortir du cadrant des solutions type.
“Faire plus avec moins” serait ainsi le contexte d’évolution en 2012, avec quelques idées fortes parmi d’autres :
1 – l’optimisation de l’exécution de la stratégie RH (“clairement” formulée en amont dans l’idéal), pour ne pas occasionner de coûts cachés trop importants et renforcer l’image de centre de coût de la fonction RH
2 – le développement d’une DRH leader, “créatrice de valeur” via un design organisationnel efficient, une véritable dynamique de collaboration avec d’autres services, un rapprochement avec le/la CEO, un management des talents personnalisé, cohérent et spécifique à l’organisation-même
3 – des politiques RH concrètes et un dialogue permanent, ayant pour but de créer des environnements de travail singuliers, épanouissants (expérience-salarié) et générateur d’adhésion, de bouche-à-oreille positif
4 – des marques employeur basées sur les différentes interactions authentiques (online et offline), sur la confiance et la logique de permission; et moins sur l’image, la lutte poussée pour l’attention ou encore la logique d’embellissement.
5 – une culture d’ouverture plus importante (en interne ou vis-à-vis de l’externe) pour maintenir une vue sur les signaux faibles, se développer en permanence (connaissances et compétences) et régulièrement expérimenter de nouvelles pratiques/trajectoires pour continuellement découvrir/apprendre
Lilian Mahoukou – Associé chez Canden - @LilianMahoukou - www.id-carrieres.com
#12 : Après le green washing, le people washing ?
La communication sur les valeurs a perdu beaucoup de sa crédibilité, certainement car beaucoup d’entreprises partagent les mêmes valeurs « passe partout » qui relèvent davantage de l’incantation. La communication financière a toujours tort : les résultats sont mauvais, cela annoncera plan social et rigueur salariale ; les résultats sont bons, la répartition de la richesse sera nécessairement unique.
Alors, le thème des collaborateurs, de leur bien-être devient la nouvelle martingale de la communication corporate, même quand cet exercice cosmétique n’a qu’un rapport lointain avec la réalité de l’entreprise. Pour en être convaincu, guettez les prochaines campagnes corporate.
Franck La Pinta – Marketing web et RH 2.0 – @flapinta – www.francklapinta.com
(crédit photo)