Le sommet mondial du climat qui se tenait depuis le 28 novembre à Durban, en Afrique du Sud, vient de s'achever ce dimanche 11 décembre par un accord a minima sur une série de décisions, forcément décevantes pour toutes celles et ceux qui sont conscients de la menace sans précédent que représente le changement climatique en cours. Une fois de plus, les 194 Etats représentés ont surtout décidé de se revoir plus tard.
Je vous invite à consulter le site de l'UNFCC, soit l'organisation des nations unies en charge des négociations sur le climat, pour prendre connaissance, notamment du communiqué de presse officiel de conclusion de la 17ème conférence des parties. Dans peu de temps, le texte définitif des décisions de Durban devrait également être mis en ligne sur ce site. Pour l'heure, seules les propositions de textes y figurent.
Sur le fond, l'agence de presse Reuters a publié une excellent dépêche qui expose les principaux points de l'accord de Durban. Ces points sont les suivants :
1° L'engagement d'une deuxième période de mise en oeuvre du protocole de Kyoto, de 2013 à 2017
2° Le vote de la "Durban Platform for Enhanced Action" qui devrait mener, d'ici à 2020 et grâce à la mise en place d'un nouveau groupe de travail, au vote d'une nouvelle convention qui lierait tous les Etats autour d'engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le contenu et la nature juridique précis de ce nouvel instrument sont pour l'heure bien flous, comme en atteste la dépêche précitée : "develop a new protocol, another legal instrument or agreed outcome with legal force that will be applicable to all Parties to the UN climate convention". Ce que recouvre exactement l'expression "agreed outcome with legal force" demeure pour l'heure assez mystérieux.
3° La mise en place d'un "Green Climate Fund" destiné à financer les politiques d'adaptation au changement climatiques des pays en voie de développement. Les conditions de fonctionnement de ce fonds ne sont cependant pas encore établies.
4° La création d'un régime spécifique de prise en compte des projets de captage et de stockage de carbone au titre des mécanismes de développement propres (MDP).
Pour le reste, s'agissant des nouveaux mécanismes de marché ou le financement de la lutte contre la déforestation, il a surtout été décidé de poursuivre la négociation.
Qu'en penser ? S'agissant d'un sujet aussi complexe, il convient sans doute se de garder de jugements trop tranchés. Comme d'habitude, les lamentations ne permettront pas d'avancer.
Verre à moitié vide : il est bien évident que les informations disponibles sur les décisions issues du sommet de Durban semblent indiquer que ces dernières ne sont pas à la hauteur de l'enjeu. Il semble en réalité que, progressivement, la priorité est donnée à l'adaptation plutôt qu'à la réduction des émissions de GES. Plus personne ne semble croire que les Etats puissent agir suffisamment tôt et efficacement pour contenir l'élévation du niveau des températures en deçà des 2°C.
Verre à moitié plein : la réalité du changement climatique ne semble plus remises en cause par aucun Etat, les climato sceptiques ont été moins audibles qu'au lendemain de la COP15 de Copenhague, le principe d'une deuxième période d'engagement du protocole de Kyoto ainsi que du Green climate fund est actée.
Une chose est certaine : le processus onusien piloté par l'UNFCC ne suffira pas à organiser la lutte contre le changement climatique. Mette en place un autre processus prendrait cependant trop temps.
La faiblesse de la couverture médiatique du sommet mondial du climat de Durban, la puissance des groupes de pression de l'industrie pétrolière, l'absence de culture environnementale de nombre de responsables politiques, la focalisation des opinions publiques sur d'autres sujets (crise économique), les différences d'approche de la problématique entre Etats, la technicisation du vocabulaire des négociations, la monopolisation du processus par les exécutifs nationaux....les causes de la lenter de négociations sont nombreuses.
Une autre cause de cette lenteur tient à la faiblesse de la réflexion sur certains points. Ainsi en est-il de la réflexion juridique : qu'entend on précisément par "accord juridiquement contraignant". Le droit international est ici soumis à la question et il est urgent que les juristes qui travaillent sur le climat contribuent à la recherche d'une solution pour sortir des slogans creux.
En définitive, le sommet de Durban n'aura-t-il servi à rien ? Non. Et je me permets de vous recommander la lecture de cette analyse nuancée et pertinente de l'accord de Durban, proposée par The Guardianeco, qui aura réalisé une excellente couverture de cet évènement "Why Durban is different to climate change agreements of the past" Le plus important tient en effet à ce que les Etats ne remettent plus en cause la crise climatique et sont d'accord pour la conclusion d'un même instrument applicable à tous. Certes, Durban a surtout acouché d'une énième feuille de route mais celle-ci permet de conserver encore l'espoir.