- Les objectifs du sommet de Durban
Le sommet de Durban sur le climat comptait trois objectifs principaux. Il fallait tout d’abord se mettre d’accord sur les suites à donner au protocole de Kyoto, dont la première période d’engagement se termine en 2012. Ensuite, le second objectif était la mise en place, au minimum, d’une feuille de route pour un accord sur le climat d’ici 2015, impliquant tous les pays de l’ONU. Enfin, le dernier objectif concernait le Fonds Vert mis en place à Copenhague pour aider les pays les plus vulnérables à faire face au réchauffement climatique et plus particulièrement son mode de financement.
L’objectif de l’Union Européenne était de prolonger le protocole de Kyoto au-delà de la première période d’engagement et de mettre en place le cadre d’un engagement juridiquement contraignant sur le climat, impliquant tous les pays.
- Des résultats timides
L’accord de Durban pose finalement les bases d’un nouveau cadre mondial suite à la signature par les 194 Etats présents d’une feuille de route. La nouvelle échéance fixée, 2015, devrait signifier la signature d’un texte qui entrerait en vigueur en 2020.
Pour la première fois, les cinq plus gros pollueurs se sont engagés dans le processus (la Chine, les Etats-Unis, l’Inde, la Russie et le Japon), mais aucun objectif de réduction des émissions de GES n’a encore été fixé, les années à venir seront donc déterminantes. Or, selon les experts, les engagements pris par les Etats à ce jour ne représentent que 60% des réductions nécessaires pour maintenir l’objectif de stabilisation de l’augmentation de la température à 2 degrés.
L’Union Européenne est tout de même satisfaite d’avoir pu parvenir à cet accord, comme elle l’avait ambitionné. Même si le cadre juridiquement contraignant n’est pas encore établi, l’UE estime qu’il s’agit tout de même d’une avancée. Dans un entretien avec le Figaro, Nathalie Kosciusko-Morizet explique : «Je pense que la principale ouverture est venue de la Chine, ce qui est assez cohérent avec ses engagements nationaux. C’est un petit mouvement mais cela a fait bouger les Etats-Unis et a entrainé l’Inde. Ne soyons pas naïfs, ce sont de tout petits pas, mais c’est la preuve que l’on peut avancer».
Le protocole de Kyoto est prolongé, notamment à la demande des pays en voie de développement qui insistent sur la «responsabilité historique» des pays industrialisés vis-à-vis du réchauffement climatique. Les Etats signataires ont jusqu’au 1er mai 2012 pour annoncer leurs objectifs, mais des pays comme le Canada, la Russie et le Japon ont déjà annoncé leur intention de ne pas prolonger leur engagement. L’Australie et la Nouvelle-Zélande (responsables de 16% des émissions mondiales) n’ont pas non plus communiqué leurs intentions. La durée de la seconde période d’engagement n’est donc pas encore établie.
La question du Fonds Verts a bien été abordée à Durban, et il a été officiellement créé. Pendant une période transitoire, il sera géré par le Fonds Mondial de l’Environnement et le secrétariat de la Convention. Son conseil d’administration sera composé de 20 membres issus des pays émergeants, des pays industrialisés et des pays les plus pauvres. Cependant, la question des 100 milliards de Dollars par an à apporter à compter de 2020 n’a pas été réglée.
- Déception des ONG
Même si une feuille de route a été signée, l’absence de mesures concrètes et chiffrées inquiète fortement les ONG.
Selon le Réseau Action Climat : «Avec les objectifs actuellement sur la table, nous nous dirigeons vers un réchauffement de 4 °C. (…) Les artisans de ce résultat atterrant sont bien connus. En tête de file, les Etats-Unis ont déployé toute leur énergie à bloquer le processus».
Selon Greenpeace : «Les négociations de Durban ont fini comme elles ont commencé, par un échec. Les gouvernements, qui ont choisi d’écouter les pollueurs plutôt que le peuple, ont échoué à renforcer les précédentes mesures pour lutter contre le changement climatique».
Concernant le Fonds Vert, les ONG ne sont pas convaincues non plus. Selon Anne Chetaille, porte parole de Coordination Sud sur les questions climatiques : «Ca reste une coquille vide, on ne sait pas comment le fonds sera financé. Il n’y a pas eu d’accord sur les financements innovants comme sur la taxe sur les transactions financières dont on parlait pendant le dernier G20, la taxe sur les transports maritimes et aériens n’apparaît pas non plus».
Enfin, Eva Joly a déclaré : «L’incapacité à transcender les intérêts particuliers de certains grands Etats ou acteurs économiques détruit peu à peu la mobilisation internationale sur le climat».
- Avis Sequovia
On peut dire que les objectifs fixés pour le sommet de Durban ont été atteints, et pourtant les résultats des négociations n’enchantent pas les associations écologiques. En effet, aucune mesure concrète n’a été prise et les années à venir d’ici l’échéance de 2015 seront bel et bien déterminantes. Pourtant, il y a urgence puisque selon les experts l’objectif de 2 degrés d’augmentation de la température globale est de plus en plus compromis. On peut donc dire que les avancées sont minimes pour un sommet dont le bilan carbone pourrait s’élever à 25 000 tonnes de CO2, selon l’Irish Times.
Pour 2012, les Nations Unies ont décidé d’organiser la COP 18 au Qatar. Comble de l’ironie, le Qatar est le pays qui détient le plus gros taux d’émissions de CO2 par habitant : plus de 53 tonnes par an, soit trois fois plus qu’un Américain.