Ce « vade-mecum » vise à fournir des repères visuels simples face à l’abondance d’information sur les intentions de vote à l’élection présidentielle de 2012. Ne sont donc ici retenus que les sondages de l’Ifop, fil rouge présentant le double avantage de l’homogénéité méthodologique et de l’exhaustivité : les résultats détaillés sont systématiquement publiés.
Il a beaucoup été question, ces dernières semaines, de la décélération du candidat Hollande dans les enquêtes d’opinion. Sur le court terme, c’est exact (avec une perte de 5,5 points depuis la fin des primaires). Sur le long terme, c’est faux : l’hypothèse Hollande au premier tour ne pesait « que » 29 points début septembre, contre 29,5 aujourd’hui. Nulle baisse donc, mais le retour à la normale après la séquence exubérante du mois d’octobre. Trois autres enseignements sont ici lisibles :
- Maintien de la puissance FN (aucun « passage à vide », là-encore)
- Remontée de Nicolas Sarkozy (+3 points) – encore faut-il faire la part du retrait de Jean-Louis Borloo, qui « libère » 6 à 7 points.
- Frémissement des intentions de vote en faveur de François Bayrou, qui franchit pour la première fois la barre des 8 points (en 2006 le candidat de l’UDF passait dès octobre la barre des 10 points).
(Cliquez sur les graphiques pour les agrandir)
Concernant les intentions de vote des ouvriers, force est de constater que le tropisme FN n’y est pas aussi invincible qu’on le dit. Le 20 octobre, dans la foulée des primaires, le candidat socialiste y réalisait 38% des intentions de vote – devançant Marine Le Pen. Pour éphémère qu’il soit, ce sursaut indique clairement qu’un candidat républicain peut encore se glisser dans les représentations et attentes d’une France « en rupture ».
Enfin, le candidat socialiste semble en passe de fermer l’une des principales voies d’eau ouverte en 2002 : le vote des retraités (13 % d’entre eux, seulement, se portèrent sur Lionel Jospin). Avec des intentions de vote sur ce segment supérieures à 30 points, le candidat Hollande fait déjà bien mieux que la candidate Royal en novembre 2006 (20% d’intentions de vote). Chaque point compte, en la matière : les plus de 65 ans représentent près de 11 millions d’électeurs, décidés pour 85 % d’entre eux à voter au premier tour de l’élection présidentielle (contre 63% des moins de 35 ans. Source : IFOP pour Marianne et Europe 1, Enquête sur la France abstentionniste, Mars 2011) Les « seniors » représenteraient ainsi plus de 22% du corps électoral, et chaque point de ce segment signifierait un gain, ou une perte, de 80 à 90 000 voix.