Nam Sang Wai était sur ma ‘to see’ list depuis quelques semaines déjà – depuis que j’ai lu un article dithyrambique sur cette zone dans le HK Magazine.
Ce fut notre destination dimanche dernier – sous un joli soleil d’hiver.
Il faut une bonne dose de motivation puisque Nam Sang Wai se situe au fin fond des Nouveaux Territoires, au dessus de Yuen Long, à portée de vue de Shenzhen.
Une fois sorti du taxi ou du minibus 611 (à prendre à la gare de Yuen Long), il suffit de suivre les panneaux suivants:
Au début, il n’y a pas de transcription donc je me suis repérée au premier signe: Nam – le Sud.
A l’approche de l’embarcadère, nous constatons que nous ne sommes pas seuls à avoir eu cette idée aujourd’hui:
Beaucoup de vélos mais aussi des piétons, qui attendent pour traverser le minuscule bras de rivière et atteindre Nam Sang Wai, une zone marécageuse.
L’opération coûte 5HKD par personne mais surtout beaucoup de patience, environ 30mn! La faute à une très mauvaise gestion des flux: il valait mieux être à vélo ce jour-là…
En tout cas, l’attente nous permet de découvrir le paysage, cela semble très prometteur
Voilà, nous y sommes! Le chemin sur un plancher surélevé montre que selon les saisons le terrain est plus ou moins sec et praticable. En cette saison très sèche, nous pouvons marcher sur les bords sans problème.
Alexis part d’un pas décidé – il est 13.30 et il n’a toujours pas déjeuné!
Le sentier longe un premier étang. En arrière plan, on aperçoit le Kai Kung Leng (572m) au milieu du Lam Tsuen Country Park.
Difficile de se perdre: il suffit de suivre les eucalyptus
Enfin, on pense à moi
Les roseaux restent gracieux au milieu des courants d’air:
C’est sympa d’aller loin, chercher des paysages originaux… mais les enfants n’ont pas des aspirations très compliquées!
La beauté naturelle du site en fait un lieu de photographie très apprécié, que ce soit pour la faune et la flore…
… mais aussi pour immortaliser des mariés. Un couple était même venu accompagné de 2 chiens déguisés – madame ci dessous, monsieur avait un nœud pap’!
La ruine est celle de l’ancien poste de police, construit pour éradiquer la contrebande.
La promenade est très agréable, le terrain est plat (pour une fois!) et sans danger (à part les marais?!): Alexis est donc ‘lâché’!
Les couleurs sont magnifiques et le paysage très photogénique:
Un pêcheur pose ses filets:
Nous arrivons au bout de l’allée bordée d’eucalyptus…
… qui se termine par un grand terrain vague livré aux promeneurs: cerfs volants, voitures et avions télécommandés, farniente… Tout le monde cohabite sans heurts. La remarque peut surprendre mais généralement dans les parcs, les panneaux croulent sous les interdictions que nous résumons souvent par ‘interdit de s’amuser!’.
Maxime s’amuse à faire brûler des feuilles grâce à sa loupe… sous haute surveillance bien sûr: l’air est très sec, le risque d’incendie au maximum et Nam Sang Wai a déjà donné, pas plus tard qu’en janvier 2011…
Nous sortons à présent du chemin principal pour nous enfoncer entre les différents étangs.
Cette option nous permet de nous éloigner du bruit (tout en sachant qu’on a 3 sources plus que potentielles avec nous!) et d’observer les oiseaux sauvages:
Ce sont ici des Grands Cormorans qui ont élu domicile à Hong Kong pour la période hivernale.
Le Nord Ouest de Hong Kong est une importante zone de transit des oiseaux pendant leur migration. La plupart ne font que ‘passer’ car l’hiver hong kongais, bien que clément, peut être relativement froid pour eux.
Jusqu’à 100 000 oiseaux peuvent transiter chaque hiver via Hong Kong. La zone de migration s’étend de la Sibérie à la Nouvelle Zélande pour les plus grands voyageurs. Certaines familles sont protégées au niveau mondial. Afin d’assurer leur survie, il est important de maintenir des zones d’accueil. Il y a des réserves historiques sur le territoire, régies par des traités internationaux: c’est le cas de la réserve de Mai Po dont l’accès est très réglementé.
Pour d’autres zones voisines, la nature a bénéficié des conséquences de la période coloniale de HK. Le gouvernement britannique avait en effet établi une zone tampon entre HK et la Chine afin de contrôler l’immigration. Les développements urbains ont ainsi naturellement été bloqués, ce qui a préservé les marais, et l’écosystème d’accueil des oiseaux. Aujourd’hui la zone existe encore mais ce n’est plus qu’un sursis (notamment pour les propriétaires locaux qui aimeraient faire fructifier leurs terrains).
A Nam Sang Wai un projet immobilier a été accepté en 1996 mais n’a toujours pas vu le jour. La réalisation de cet ensemble immobilier (2250 appartements!) et de ce golf a été retardée à maintes reprises par des difficultés à prendre les contraintes de préservation imposées par le gouvernement. Pendant cette période, la notoriété de cette zone et l’intérêt de la population pour la conservation de ce patrimoine unique ont grandi. Chacun des recours voit l’organisation de manifestations toujours plus motivées pour l’abandon complet du programme. Le développeur a déjà bénéficié de 3 extensions de durée et lors de la dernière il avait été annoncé qu’il n’y en aurait pas d’autres. Aujourd’hui, le projet semble au point mort mais les activistes écologistes veillent (il y a d’ailleurs eu des soupçons à l’égard du développeur lors de l’incendie de janvier 2011). Un bon point toutefois: si un nouveau projet doit être soumis, il devra satisfaire aux exigences écologistes de 2011, plus sévères qu’en 1996.
La lutte entre les causes écologiques et les intérêts économiques a encore de beaux jours devant elle…
En attendant, point de béton dans cette zone. On doit même tour à tour enjamber, contourner, passer sous des arbres déracinés (certainement sous l’action conjointe du terrain humide et des typhons):
Autour de nous, ce n’est pas de la neige artificielle en vue de Noël prochain mais bien la fiente des milliers d’oiseaux migrateurs qui blanchit le paysage…
Heureusement, ils sont déjà repartis!!
Tiens! Serait-ce un crocodile?
Blague à part, c’est tout près d’ici, dans la rivière Sham Pui, qu’un crocodile a été découvert en novembre 2003! Cette découverte unique avait fait la une de l’actualité à l’époque et nécessité la venue à HK d’un spécialiste australien pour le capturer. Mais après de longs mois d’efforts, ce sont finalement les équipes du comité de conservation de la nature de HK qui ont attrapé l’animal en juin 2004! Les spécialistes pensent que le crocodile était élevé comme un animal domestique par un particulier. Il l’aurait abandonné dans la rivière, ne pouvant faire face aux difficultés rencontrées suite à sa croissance (Pui Pui mesurait 1.5m à sa capture, 1.75m aujourd’hui)…
La femelle a été baptisée ‘Pui Pui’ et après avoir passé deux ans dans la Kadoorie Farm, elle a été transférée dans le Wetland Park voisin lors de son ouverture en 2006. L’aménagement d’une zone dédiée aurait coûté pas moins de 300 000 euros!
On peut toujours lui rendre visite là bas
Notre balade s’achève: nous arrivons à notre point de départ:
Un petit air de Tai O:
Nous nous acquittons des 5 dollars pour le retour… (il n’y a pas de queue cette fois, ouf!)
… et nous revoici de l’autre côté…
Sans conteste une belle journée, mais nous sommes plus mesurés que les journalistes du HK Magazine, sans doute à cause de l’attente pour traverser et parce que ce petit coin de paradis n’est pas à côté (35km soit environ 45mn-1h de voiture)…
Pas de regret non plus: ça m’a plutôt donné envie d’aller me promener dans cette région pour découvrir les autres zones marécageuses…