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Certains parlent d'une " percée historique " dans la lutte contre le réchauffement climatique. La Conférence de Durban a en réalité accouché d'une simple " feuille de route " qui concerne tous les pays du monde certes, mais toujours sans aucun engagement contraignant.
Il a fallu deux semaines et des centaines de représentants de tous les pays du monde pour aboutir à ça : la rédaction d'un simple cadre de travail pour reporter à plus tard les décisions qui devraient s'imposer dès maintenant.
Cet accord sur une " feuille de route " pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, et le réchauffement climatique, devrait aboutir à la signature d'un cadre légal en...2015, lequel entrerait en vigueur en... 2020, et engagerait tous les pays du monde. Mais en pratique sans accord contraignant... que va-t-il réellement se passer? Les pays les plus réticents Etats Unis, Chine, Inde, Brésil, Russie, Canada... finiront-ils par tenir leurs engagements ? L'Inde, par exemple, a pris ses précautions en exigeant que l'Europe accepte une formulation assez vague pour décrire ce futur accord comme "un protocole, un autre instrument légal ou une solution concertée ayant une force légale".
Le " Durban package "
Au terme des débats les responsables des 190 pays représentés n'ont donc accouché, laborieusement, mais à l'unanimité, que d'un " Durban package " qui n'intègre malheureusement qu'un certain nombre de bonnes intentions :
- Mise au point par la " Durban Platform for Enhanced Action " (DPEA) du projet de cadre légal de la Convention Climat des Nations Unies, qui sera présenté en 2015 pour être appliqué dans tous les pays en 2020.
-Maintien de l'objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour limiter l'augmentation du réchauffement climatique à 2°C.
-Prolongation du protocole de Kyoto après le 31 décembre 2012 jusqu'à la signature de l'accord, si elle a lieu, en 2015.
-Définition de nouvelles règles concernant la gestion des forêts dans le cadre du " Protocole d'intégrité environnementale ".
-Attribution de 100 milliards de dollars pour le Fond Vert ou Green Climate Fund (GCF) versés par les pays développés pour aider les pays émergents à lutter contre le réchauffement climatique. L'Allemagne devrait verser 40 millions d'euros et le Danemark 15 millions pour lancer ce fond.
-Instauration de mesures pour rendre transparentes les émissions de gaz à effet de serre des pays développés et émergents.
-Création de nouveaux mécanismes pour améliorer le coût des actions de réduction des émissions de CO2
-Lancement d'un processus pour optimiser les techniques agricoles responsables de 30% des émissions mondiales des gaz à effet de serre.
Tous ces points sont bien entendu très importants et vont dans la bonne direction. Mais pour l'instant, pas d'obligations, alors qu'il y a urgence.
Déjà en 2002, lors du Sommet de la Terre à Johannesburg (Afrique du sud) Jacques Chirac avait déclaré " La maison brûle et nous regardons ailleurs ". Dix ans après c'est toujours vrai.
Mais, rassurons-nous, Durban n'était que la 17ème Conférence des Nations Unies sur le réchauffement climatique...
Et le prochain rendez-vous a lieu au Qatar, le pays le plus gros émetteur de CO2 par habitant...
Hervé de Malières