Duel entre les deux sexes

Publié le 11 décembre 2011 par Gentlemanw

Comment je me suis retrouvez là ?

Je ne sais encore aujourd'hui comment répondre à cette question, mais les centres commerciaux sont si grands, si tentaculaires, que j'ai dû faire une pause dans un coin, une impasse ou un boulevard de ce labyrinthe pour sentir la force et le folie des préparations de Noël. Un flot incessant de personnes qui passent, se poussent, parlent et négocient au téléphone, s'insultent au passage, pleurnichent pour les plus petits. Chacun son rythme, doucement pour les vacanciers des galeries commerciales, ces gens mous et en balade rituelle sans but dans ces zones commerciales, ou les excités, les énervés qui poussent leur chariot, plein ou vide d'ailleurs, pour profiter de quelques ventes flash, de bonnes affaires. Moi, j'étais assis, là sur ce banc de bois, héritage d'un coin de rue du vieux village sans doute. Un coin d'humanité, peut-être de non-sens, car je ne faisais rien, paradoxe non vertueux de notre société de consommation.

J'observais, ce rôle hérité de ma période chat, je vous raconterais cela cette semaine. D'un côté un hall de présentation de voitures, d'un marque connue, arborant des slogans qui font passer l'achat d'une voiture pour un acte citoyen, indispensable pour la planète, et surtout doux, voire insignifiant pour le porte-monnaie. Des mâles, un nombre conséquent de mâles aux hormones suractivés. L'odeur de l'huile de moteur est elle un facteur de fusion amoureuse avec une paire de jantes. Je ne sais pas, mais combien de ces hommes ont pliés les genoux pour voir, non pire caresser les jantes, les courbes de la voiture. On parle avec son ami, ou inconnu, on vante le plaisir, le désir de ce sensuel objet. Peinture vernie, parebrise multicouche, rétroviseurs multifonctions, phares ergonomiques, moteurs et puissance, j'avais un zoo, non une vitrine, où les paons se pavanaient, faisaient la roue autour des quatre roues immobiles. Ici et là quelques femmes, plutôt sans émotion, reluquant la vitrine de sacs à mains en face, cherchant un improbable objet futile dans le leur. Rien de particulier, si ce n'est ce jeu de courbettes, de séduction entre l'objet voiture, l'homme et parfois sa femme, pour la quête d'un "oui", d'une émotion partagée, du moins fortement encouragée. Les enfants ont grandi mais les jouets aussi. Le prix aussi.

De l'autre côté, un salon de coiffure, une chaîne au kilomètre, sans rendez-vous, dans une totale indifférence, entre quelques coiffeuses et des clientes, on turbinait ici. Des femmes, surtout des femmes, encore des femmes, et un autre jeu, un autre zoo. Quel animal, je ne saurai vous le dire, par respect envers vous, les femmes que j'aime tant. Mais ce jeu de sac, d'accessoires, de regards vers les unes, de miroirs avec les autres. La marque du sac énorme en avant, la non-chalance pour le jeter sur un fauteuil mitoyen, sans désir, mais avec la douce envie de se pavaner en disant "moi je l'ai". Le foulard de marque, faussement tombé, ramassé à la hâte dans les cheveux sur le sol, secoué, pour paraître, pour gonfler les plumes, les couleurs face aux autres. Gourmettes bling-bling ou discrètes manchettes, chacune se montrait, se regardaient, ou se jalousait. J'observais ce jeu subtil, conscient de chacune, pour exister dans ce lieu de bien-être capillaire. Jolies robes, festival de tunique, du gris perle au beige, avec fines ou larges ceintures sur les hanches, des manteaux variés remis à la va-vite pour aller faire du shopping, des bottes et ce jour-là un concours, inconscient cette fois, de cuissardes. Elles brillaient de beauté, de coiffure souple, de bonheur acquis à coût de mèches, de carré plongeant, de souples coupes mi-longues, de blondeur nouvelle ou renouvellée, de cheveux bruns fiers et brillants. Une large palette de vos féminités et de vos comportements. 


Deux vitrines du zoo, celui du paraître et de l'existence via un objet, un vêtement, une allure. Les circonvolutions de ces êtres humains ou de ces bipèdes excités, je me suis levé, pour rejoindre le calme de la rue adjacente, pour rentrer chez moi, calmement, en récupérant deux tartelettes au chocolat et coco, mon plaisir du moment. Ecrire encore pour vous ensuite.

      

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