Suite à mon précédent billet, voici quelques précisions au sujet de ce que j'appelle (comme beaucoup d'autres personnes) l'affaire du terrain du Collège de Saint Nazaire d'Aude.
Tout commence vers 1996-1997 lorsque Jean Palancade, alors Conseiller Général du Canton de Ginestas et parallèlement Président du SIVOM du même canton, donne le coup d'envoi du projet d'implantation d'un Collège sur le territoire cantonal.
Dès cet instant, le projet ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd. En effet, un élu, occupant une place de presque premier plan au Conseil Municipal d'une des communes du canton, et occupant parallèlement d'importantes fonctions au sein du SIVOM, s'en part, la valise de billets sous le bras (et l'on se permet malgré tout d'espérer qu'il s'agissait bien de ses fonds propres), acheter, pour une bouchée de pain, une friche à la limite de Saint Marcel Sur Aude et de Saint Nazaire d'Aude (la parcelle en question appartenant toutefois au cadastre de Saint Nazaire d'Aude).
Quelques années se passent (dans le Ginestacois, le moindre projet prend toujours des années), et le projet de collège prend forme, le Conseil Général de l'Aude ayant donné son aval.
Nous sommes alors en 2001-2002, et dans le cadre de ce projet dont l'utilité publique n'est évidemment pas contestable, les maires de trois communes du Canton (en l'occurrence Yves Bastié, maire de Sallèles d'Aude, André Ratia, maire de Mirepeisset et Marcel Compes, maire de Ginestas) font une proposition intéressante, et surtout très respectueuse des deniers des contribuables : faire cession de trois parcelles, respectivement situées sur les trois communes, mais mitoyennes, près du lieu-dit "Le Somail". Le tout pour seulement 1 euro symbolique.
L'homme de la friche sort de ses gonds : son investissement va passer à la trappe (ce qui est virtuellement faux, puisque tous les terrains, viabilisés ou non, ont triplé de valeur en 15 ans, et nous sommes alors en pleine flambée des prix). Il fait des pieds et des mains, et finit par convaincre tant le Conseil Général de l'Aude que le maire de Saint Nazaire d'Aude (Régis Averous) que son terrain est mieux adapté aux exigences du collège. S'appuyant alors sur les évaluations du Domaine, Régis Averous fait alors la proposition d'acheter ce terrain au prix de la dernière évaluation connue : de l'ordre de 33.000 euros. Nous sommes début 2003.
L'homme de la friche sort à nouveau de ses gonds. Il demande au Domaine une réévaluation de sa parcelle. En octobre 2003, le Domaine fait connaître sa nouvelle évaluation : de l'ordre de 330.000 euros (dix fois plus !), avec une marge de manoeuvre de plus ou moins 15% selon le degré d'intérêt collectif du projet.
Comme je l'ai dit, nul ne contestera le bien-fondé de l'implantation d'un collège sur le Canton. L'on peut donc estimer qu'une "surprime" de 15% est acceptable (tout en restant au maximum de l'acceptable). Il en ressort donc un prix maximal, selon les recommandations du Domaine, de l'ordre de 380.000 euros. Mais cela ne suffit encore pas.
L'homme de la friche insiste encore, et, faisant pression selon sa méthode habituelle du "c'est ça ou rien", finira, via la SCI mise au nom de ses enfants, par vendre son terrain au prix rondelet de 503.000 euros.
Dans un premier temps, c'est la commune de Saint Nazaire d'Aude qui lui a racheté ce terrain. Elle a emprunté pour cela, avant de le revendre au Conseil Général de l'Aude, qui désormais, le collège étant maintenant construit et (relativement) opérationnel, en refacture les coûts (amortissements, intérêts des emprunts, etc.) aux contribuables du Canton.
Il y avait donc moyen d'alléger la facture pour les contribuables du Ginestacois. Des choix, qui sont un peu politiques mais surtout très personnels et motivés par l'appât du gain, en ont décidé autrement, avec la complicité (plus ou moins active, ou plus ou moins passive si vous préférez) de tous ceux qui ont cédé à la pression. L'histoire ne dit pas ce que eux ont gagné dans cette affaire. L'on sait simplement qu'avec les 503.000 euros qui auraient pu être économisés (et auxquels s'ajoutent les intérêts sur emprunts), il y avait matière à embaucher quelques enseignants de plus, ce qui n'obligerait pas aujourd'hui les enfants du Ginestacois à rester sur les collèges de Narbonne dès lors qu'ils étudient d'autres langues que l'anglais...
Plus d'infos sur mes précédents billets : ici et ici. A très bientôt pour de nouvelles aventures !
PS. je dispose de toutes les pièces prouvant les faits que j'avance. Elles sont archivées. Je peux les ressortir sur demande.
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