"Si je suis élu président de la République, je renégocierai cet accord"

Publié le 12 décembre 2011 par Letombe

Lundi 12 décembre, François Hollande était l'invité de Jean-Michel Aphatie sur RTL.  Il est revenu sur l'accord entre N. Sarkozy et A. Merkel, affirmant que ce n'est pas une réponse efficace contre la crise.


François Hollande, candidat socialiste à la... par rtl-fr

Vincent PARIZOT

Il est 07h49 et donc ce matin, sur RTL, Jean-Michel APHATIE, votre invité est candidat à la présidence de la République.

Jean-Michel APHATIE

Bonjour François HOLLANDE.

François HOLLANDE

Bonjour.

 Jean-Michel APHATIE

Un accord a été trouvé vendredi à Bruxelles entre les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro. Cet accord prévoit l’instauration d’une règle d’or qui limite strictement les possibilités de déficit dans chaque pays et des sanctions automatiques en cas de dérive budgétaire. Si vous êtes élu à l’Elysée en mai prochain, François HOLLANDE, appliquerez-vous cet accord ?

François HOLLANDE

Cet accord n'est pas la bonne réponse.

Jean-Michel APHATIE

Donc vous ne l’appliquerez pas.

François HOLLANDE

Permettez que j’aille un peu plus loin dans mon propos.

Jean-Michel APHATIE

Allez-y.

François HOLLANDE

Ce n'est pas la bonne réponse, ni à l’urgence, et là, il s’agit des semaines qui viennent, pour redonner la confiance et pour soutenir la croissance. Ce n'est pas la bonne réponse. Ce n'est pas la bonne réponse non plus pour l’avenir de l’Europe, qui mérite mieux qu’un simple accord sur ce que l’on appelle l’Union budgétaire, des règles qui doivent être respectées pour chaque état, et c'est bien logique, dès lors qu’on est en Union monétaire...

Jean-Michel APHATIE

De bonne gouvernance de la zone euro.

François HOLLANDE

... tous les Etats doivent faire un effort pour que leurs comptes soient redressés et examinés, mais ça ne peut pas être le seul objet d’un accord européen. Chacun peut le comprendre. Si c'est pour instaurer l’austérité, cet accord va bien. Si c'est pour faire qu’il y ait une réponse efficace contre la crise, c'est-à-dire avoir un fonds de secours qui soit doté à un niveau élevé, d’avoir une intervention de la Banque centrale européenne qui soit efficace, d’avoir des Eurobonds, d’avoir un plan sur plusieurs années pour soutenir la croissance, cet accord ne va pas. Vous me posez la question, qu’est-ce que je ferai lorsque cet accord sera discuté, négocié ? Je verrai bien d'ailleurs, parce que...

Jean-Michel APHATIE

Est-ce qu’il vous engage, cet accord, si vous êtes un jour à l’Elysée ?

François HOLLANDE

Il n’y a aucune date pour l’instant, qui a été fixée, on me parle du mois de mars.

Jean-Michel APHATIE

Mois de mars, oui.

François HOLLANDE

Nous verrons où on en sera. Si je suis élu président de la République, je renégocierai cet accord, pour y mettre ce qui lui manque aujourd'hui, de l’efficacité sur les marchés. J’espère que nous ne serons pas dégradés d’ici là, je le souhaite vraiment, pour l’intérêt de mon pays, et deuxièmement, je ferais en sorte qu’on y ajoute ce qui manque, c'est-à-dire l’intervention de la Banque centrale européenne, les Eurobonds et un fonds de secours financier, chacun peu comprendre, c'est-à-dire ce qui va répondre à ce qu’est aujourd'hui la pression des marchés, et enfin il faut qu’il y ait de la croissance. Sans croissance, nous n’atteindrons aucun des objectifs de réduction des déficits.

Jean-Michel APHATIE

Votre position de favori dans les sondages, aujourd'hui, font que votre propos pour l’élection présidentielle, bien sûr, font que votre propos ce matin, peut donner le sentiment aux acteurs des marchés financiers, que, la zone euro n’a pas trouvé la solution à ces problèmes de gouvernance. Vous pouvez fragiliser encore la situation, en avez-vous conscience, François HOLLANDE, l’acceptez-vous ainsi ?

François HOLLANDE

Oui, j’ai conscience que ma parole porte. Je suis candidat à l’élection présidentielle et je peux être...

Jean-Michel APHATIE

Et qu’elle peut fragiliser la situation dès aujourd'hui.

François HOLLANDE

Non, elle ne fragilisera rien. Dès lors que je dis clairement que sur les règles de bonne conduite budgétaire, sur les règles de respect, de ce que sont nos engagements, je tiendrais, et je vais en prendre une illustration. Si je suis élu président de la République, je ferai voter avec le Parlement, qui sera lui-même nouveau, une loi de programmation des finances publiques, extrêmement précise, sur le retour à l’équilibre de nos comptes, à la fin 2017. Je prendrai cet engagement, à la fois devant nos partenaires européens, et devant les Français. L’élection présidentielle, elle sert aussi à éclairer nos concitoyens, et ça sera extrêmement clair, à la fois sur l’objectif et sur les voies et moyens d’y parvenir. Donc il y aura rien qui puisse être une forme de fragilité de la France.

Jean-Michel APHATIE

Vous ferez voter, François HOLLANDE, une règle d’or dont vous ne voulez pas dire le nom.

François HOLLANDE

Je ferai voter une loi de programmation des finances publiques, pourquoi ? Parce que les Français doivent être éclairés. Vous me parlez d’une règle d’or, d’ailleurs, on entend la règle d’or depuis plusieurs mois, évoquée...

Jean-Michel APHATIE

Qui limite le déficit.

François HOLLANDE

Nicolas SARKOZY voulait nous faire voter, là, toutes affaires cessantes, une règle d’or dont on sait aujourd'hui qu’elle serait d’ores et déjà obsolète. Pourquoi ? Parce que nous aurions révisé la constitution. Vous vous rendez compte, de cette opération et là on viendrait nous dire qu’il faut une règle d’or renforcée. Moi, je n’ai pas besoin qu’on me dise qu’il faille voter une règle d’or ou pas, je ne suis pas dans cette logique-là, je suis dans une logique de transparence, de clarté, de responsabilité. Mais, on pourra faire voter toutes les règles d’or, dans tous les pays, toutes les règles de respect des déficits, s’il n’y a pas de croissance, aucun des objectifs ne sera atteint. Aucun, et d’ailleurs, s’il y a doute sur les marchés, aujourd'hui c'est qu’il n’y a pas de croissance.

Jean-Michel APHATIE

En tout cas, le message est passé, cet accord ne vous engage pas. Votre programme de candidat, François HOLLANDE, sera connu à la mi-janvier, votre programme sera-t-il très éloigné du projet socialiste adopté en juin dernier ?

François HOLLANDE

Et il y aura bien sûr des propositions qui s’y retrouveront. Je suis socialiste.

Jean-Michel APHATIE

Mais ce programme avait été fait, du Parti socialiste, ce projet avait été fait, on l’imagine, à une croissance de 2,5 l’année prochaine, elle n’y sera pas...

François HOLLANDE

De toute manière, la logique...

Jean-Michel APHATIE

Donc vous réviserez beaucoup de choses....

François HOLLANDE

La logique de l’élection présidentielle, et ça existe, cette logique-là, ce principe-là, depuis l’élection du président de la République au suffrage universel, c'est que le candidat prend ses engagements devant le pays...

Jean-Michel APHATIE

Est-ce qu’ils seront très éloignés du projet socialiste, c'est ça la question.

François HOLLANDE

Laissez-moi terminer. Il prend ses engagements devant le pays et donc, il y a à chaque fois un projet d’un parti et le candidat prend dans ce projet ce qui lui parait le plus essentiel. Il se trouve là que nous sommes dans une période de crise, et sans doute de récession pour le début de l’année 2012. Je ne m’en réjouis pas, donc je ferai en sorte que les propositions que je présenterai, pourront être financées, strictement et sans qu’il y ait...

Jean-Michel APHATIE

Donc il y aura de la distance entre les deux.

François HOLLANDE

... une augmentation des dépenses publiques et bien entendu, des déficits publics.

Jean-Michel APHATIE

On lit ceci dans l’accord signé entre le Parti socialiste et Europe Ecologie Les Verts le mois dernier : pour toutes celles et tous ceux qui ont commencé à travailler tôt ou qui ont exercé des métiers pénibles, l’âge légal de départ à 60 ans et à taux plein, sera rétabli. Promettez-vous ce matin, François HOLLANDE, la retraite à 60 ans et à taux plein, pour ceux qui ont exercé des travaux pénibles ?

François HOLLANDE

Pour ceux qui ont commencé leur vie professionnelle à 18 ans...

Jean-Michel APHATIE

Et pour les travaux pénibles ?

François HOLLANDE

Vous permettez que je sois précis sur cette question ?

Jean-Michel APHATIE

Oui.

François HOLLANDE

Parce que beaucoup de nos auditeurs...

Jean-Michel APHATIE

Allons-y.

François HOLLANDE

... prêtent l’oreille à ce que je vais dire.

Jean-Michel APHATIE

D’accord. Oui.

François HOLLANDE

Parce que moi j’ai été visité, comme vous le savez, un certain nombre de lieux de production, d’usines. Ça a été le message qui m’a été passé. Qu’est-ce que vous allez faire sur cette question, nous qui avons travaillé 42 ans, 43 ans ? Est-ce que vous allez nous permettre de partir une fois que nous avons fait nos annuités, à l’âge de 60 ans. Donc, devant vous et devant les auditeurs, je prends cet engagement. Ceux qui ont commencé leur vie professionnelle à 18 ans, qui ont fait 41 années de cotisations, 42 ans, pourront partir à 60 ans. Ceux qui n’ont pas leur durée de cotisations, ne le pourront pas. Après, après il y aura une négociation, parce que de toute manière, il faudra revenir sur la réforme des retraites.

Jean-Michel APHATIE

L’accord, les termes de l’accord, ceux qui ont commencé à travailler tôt ou qui ont exercé des métiers pénibles, vous l’assumez comme ça, François HOLLANDE ?

François HOLLANDE

Cette deuxième partie, les métiers pénibles, ça fait partie de la négociation qu’il faudra ouvrir avec les partenaires sociaux.

Jean-Michel APHATIE

Ça coutera cher, ça.

François HOLLANDE

Ça dépend exactement ce que l’on fixera, mais j’ai pris, ici, l’engagement que pour ceux qui ont commencé à travailler à 18 ans, ils pourront partir à 60 ans, s’ils ont fait leurs 41 années, voire 42 ans de cotisations.

Jean-Michel APHATIE

Vous avez été Premier secrétaire du parti socialiste, François HOLLANDE, pendant 11 ans, de 1997 à 2008. Avez-vous découvert, seulement, la semaine dernière, les soupçons d’un mauvais fonctionnement dans la fédération socialiste du Pas-de-Calais ?

François HOLLANDE

Des fédérations du Parti socialiste, j’en ai connu. Vous avez évoqué le temps où j’étais Premier secrétaire. Aujourd'hui, je ne suis plus Premier secrétaire, ça fait trois ans et demi.

Jean-Michel APHATIE

Mais aujourd'hui vous êtes confronté à la situation dans le Pas-de-Calais, qui quand même vous concerne aussi.

François HOLLANDE

Mais je ne suis confronté à rien du tout.

Jean-Michel APHATIE

Elle ne vous concerne pas cette situation ?

François HOLLANDE

Il y a des procédures qui sont ouvertes, une enquête préliminaire sur un élu et sur un financement. Il faut que ces enquêtes aillent jusqu’au bout.

Jean-Michel APHATIE

Vous n’aviez pas connaissance avant, de mauvais fonctionnement, dans le Pas-de-Calais ?

François HOLLANDE

Eh bien cette enquête préliminaire, elle vient d’être ouverte....

Jean-Michel APHATIE

Je sais.

François HOLLANDE

Donc moi je suis...

Jean-Michel APHATIE

Vous n’avez jamais eu connaissance avant de mauvais fonctionnements dans le Pas-de-Calais ?

François HOLLANDE

Qu’il y ait des mauvais fonctionnements, mais c'est...

Jean-Michel APHATIE

Financiers.

François HOLLANDE

Jamais.

Jean-Michel APHATIE

D’accord.

François HOLLANDE

Jamais.

Jean-Michel APHATIE

Bon, eh bien voilà.

François HOLLANDE

Jamais, et je n’ai à ménagé personne, je ne suis pas le candidat, simplement, d’un parti, je suis candidat à l’élection présidentielle pour faire le changement en 2012. Rien ne me détournera. Des enquêtes, il y en aura, partout, et je souhaite que la probité, l’honnêteté, soient les règles qu’il faudra respecter, aussi bien dans le Parti socialiste que dans tout autre parti. Il n’y aura aucun manquement, pour moi, à ces règles, aucune excuse. Moi je n’ai pas d’amitié à préserver, j’ai simplement à faire en sorte que les Français puissent espérer le changement en 2012.

Jean-Michel APHATIE

Un mot de réaction, François HOLLANDE, à la déclaration de candidature hier de Dominique de VILLEPIN.

François HOLLANDE

Il a surpris son monde. Je ne sais pas exactement si cette candidature ira jusqu’au bout, c’est un homme de convictions, on verra si...

Jean-Michel APHATIE

Vous le ménagez.

François HOLLANDE

Non non, je ne ménage rien.

Jean-Michel APHATIE

Si si.

François HOLLANDE

Si sa conviction est aussi forte que les pressions qu’il a en ce moment sur son dos.

Jean-Michel APHATIE

François HOLLANDE, candidat du Parti socialiste à l’élection présidentielle était l’invité de RTL ce matin, bonne journée.

François Hollande

Quand Merkel et Sarkozy ne respectent pas "la règle d'or" existante