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« Novembre », œuvre de jeunesse de Flaubert

Publié le 11 décembre 2011 par Sheumas

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   Récit de jeunesse... Le narrateur évoque d’abord cette « puberté du cœur » qui précède celle du corps et qui correspond à un mouvement exalté vers l’infini et les vagues pensées de l’Idéal, en d’autres termes ce qui a généré les grandes œuvres du Romantisme, « les Souffrances du jeune Werther », Chateaubriand, Lamartine, « la Confession d’un enfant du siècle » et « Madame Bovary », encore elle !

   Car, même si l’ouvrage est cité comme le premier acte de la littérature réaliste, il met au premier plan une héroïne pénétrée des rêveries romantiques et en cela avatar du jeune Flaubert tel qu’il se définit à travers le narrateur de « Novembre ». J’ai vécu dans une aire élevée, où mon cœur se gonflait d’air pur, où je poussais des cris de triomphe pour me désennuyer de ma solitude. A travers la la double confession de la prostituée Marie et du narrateur, ce sont les accents exaltés et délirants de la jeune femme qui a lu trop de littérature... De nombreux passages pourraient être cités et figurer dans Mme Bovary, l’ironie en moins, car à cette époque, Flaubert adhère totalement au romantisme. Par exemple ce passage :

Ecoute, comme notre vie serait belle si c’était ainsi, si nous pouvions demeurer dans un pays où le soleil fait pousser des fleurs jaunes et mûrit les oranges, sur un rivage comme il y en a, à ce qu’il paraît, où les hommes portent des turbans, où les femmes ont des robes de gaze ; nous demeurerions couchés sous quelque grand arbre à larges feuilles, nous écouterions le bruit des golfes, nous marcherions ensemble au bord des flots pour ramasser des coquilles, je ferais des paniers avec des roseaux, tu irais les vendre ; c’est moi qui t’habillerais, je friserais tes cheveux dans mes doigts, je te mettrais un collier autour du cou, oh ! comme je t’aimerais ! comme je t’aime ! laisse-moi donc m’assouvir de toi !


Et celui-là extrait de Mme Bovary :


Ne fallait-il pas à l’amour, comme aux plantes indiennes, des terrains préparés, une température particulière ? Les soupirs au clair de lune, les longues étreintes, les larmes qui coulent sur les mains qu’on abandonne, toutes les fièvres de la chair et les langueurs de la tendresse ne se séparaient donc pas du balcon des grands châteaux qui sont pleins de loisirs, d’un boudoir à stores de soie avec un tapis bien épais, des jardinières remplies, un lit monté sur une estrade, ni du scintillement des pierres précieuses et des aiguillettes de la livrée.


« La p’tite Bill elle est malade... »


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