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Marcel MIGOZZI

Par Antwan

L'un dans la chambre du bas,

silence terminal,

la barque en forme de poitrine,

je l'ai embrassé, mort,

le froid l'avait grandi,

déjà nuit, mais déjà étoile.

L'autre muet, pierreux, couleur

de souterrain, son inconscient

ayant abdiqué le présent

prêt à se venger des beaux jours.

À quoi bon répéter mourir

ou son contraire, mourir ?

L'unu in a camara inghjò

silenziu tarminali,

a barca à forma di pitturiccia

l'aghju basgiatu, mortu,

u fritu l'avia crisciutu,

ghjà notti, è pur, ghjà stidda.

.

L'altru muttu, stantivu, culor

di suttitarra, u so 'ncuscenti

s'endu lacatu u prisenti

pront' à vindicàssi di i ghjorna sulivi.

.

À chì bonu ripeta mora

o u so cuntrariu, mora ?

Marcel MIGOZZI

Ils furent exclus de leur corps

mais par morceaux,

lèvres violettes, prélevées

dans le dernier des derniers sangs.

dans ces absences, même fraîches,

comment restaurer leur visage ?

Et parler désormais n'est plus

qu'un infinitif sans présent,

mode à personne disparue,

seule issue, le silence.

Fùbbini sclusi da i so corpa

mà à pezzi

labbri pistiati, cavati

in l'ultimu di l'ultimu sangu.

da quidd' assenzi, puri frischi,

comu rifànni lu so visu ?

È parlà oravali ùn hè più

ch'un infinitivu senza prisenti,

modu à parsona sparita,

sol' isciuta, u silenziu.

in --- Voyageurs sans regard --- Encres Vives ---- 395e ---

trad. S. Cesari.


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