Petits bonheurs du trekker

Publié le 09 septembre 2007 par Yvan
Incitation à la contemplation : rhododendrons en fleurs sur fond de sommets himalayens...

Etape à Uppala Lete. La bourgade fait partie d'une agglomération villageoise qui aligne ses maisons sur plus de deux kilomètres de part et d'autre de la piste. Après une ultime traversée de la Kali Gandaki, l'on atteint rive droite les premières maisons de Kalopani - " Les Eaux Noires". Dès lors, le sentier se change en une rue pavée de belles dalles - comme c'est toujours le cas dans les villages de la Thak Kola - qui monte gentiment vers les hauteurs de la localité et les alpages. Un panneau d'information destiné aux trekkers indique l'emplacement de la quinzaine de petits hôtels qui s'échelonnent tout au long de la voie jusqu'à Lete. Le site d'Uppala Lete, point culminant de l'agglomération, a un petit air alpestre avec sa mosaïque de prairies et de champs cultivés ceinte de forêts de pins bleus. La rivière qui sinue en contrebas n'est plus visible mais un grondement continu dénote qu'elle nous accompagne toujours.

L'arrivée au lodge au terme de la journée de marche reste toujours un moment de bonheur. Repos, détente, contemplation...  Le soleil aujourd'hui a été suffisamment généreux pour alimenter les panneaux solaires de Himalayan Lodge, ce qui signifie l'assurance d'une bonne hot shower pour le trekker couvert de poussière et de sueur. Puis le thé brûlant et réconfortant pris sur la terrasse complète l'impression de bien-être et en quelques minutes la fatigue accumulée dans la journée s'évanouit miraculeusement. Alors la soirée, forcément festive, peut, ainsi que les agapes, commencer...

Je ne crois pas être naturellement porté à la contemplation, je dois pourtant avouer que voyager à pied au Népal m'y incite étrangement. En cette fin d'après-midi, le temps n'est pas vraiment propice à celle des sommets. L'endroit serait idéal si ces bourgeonnements nuageux montés des vallées méridionales hélas ne les masquaient. J'imagine et sens néanmoins la présence toute proche de la Dhaulagiri et de l'Annapurna qui nous dominent du haut de leurs 8000 mètres. Si ces montagnes hors du commun ne daignent aujourd'hui dévoiler leur merveilleuse beauté, d'autres scènes, certes plus prosaïques, parviennent à attirer mon regard dans le village que je parcours de long en large. Comme par exemple ces braves mules - eh oui, encore elles, omniprésentes ! -. A l'instar du trekker, elles ont "fait leur journée" et une fois déchargées de leur fardeau et débâtées - c'est fou ce que parfois je me sens moi-même mule après quelque rude journée ! -, elles sont laissées en totale liberté dans la rue traversière dont elles broutent placidement les bas-côtés. Pour l'heure les caravanes se mélangent et les bêtes se cotoient en toute convivialité, déambulant ou méditant en mâchouillant, mais à la nuit tombée nul doute qu'elles se reformeront sous l'égide de leur chefs respectifs agitant grelots.

L'harmonie de ce joli village est malheureusement rompue par la présence un peu à l'écart, à l'orée de la forêt, d'une sorte de lotissement en voie d'achèvement. Je suis enclin à penser qu'il s'agit d'un "resort" qui peut-être accueillera quelques touristes nantis venus de Jomosom au terme d'un court trek. N'oublions pas non plus qu'un jour ou l'autre la route carrossable parviendra jusqu'ici. Les infrastructures se mettent doucement en place... Les bâtiments de ce supposé centre de loisirs sont chapeautés de toitures de tôle bleu vif qui ne s'intègrent pas du tout dans le paysage et même, de mon point de vue, le défigurent. Il faudra bien pourtant que je m'y accoutume, j'en verrai tant et plus les jours prochains car ce matériau de construction tend à être intensivement utilisé en place des traditionnelles lauzes des maisons thakali.


Et incitation à la méditation - peut-être - avec ces drapeaux de prières flottant dans les cieux...