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Objectif ABC (Annapurna Base Camp)

Publié le 15 novembre 2007 par Yvan

166.jpg Le Macchapucchare (6993 m), cime sacrée et inviolée émergeant des nuages


Ma soirée à Tatopani est l'occasion de faire le point sur mes dispositions mentales et ma condition physique afin de prendre une décision quant à la suite de mon périple. Je jouis d'une bonne semaine encore de possibles divagations tandis que je me trouve ici, en ce fond de vallée, à un carrefour. Carrefour de pistes, carrefour de désirs...
D'un côté, il est tentant d'en finir, de cesser de se mesurer à ses infernales montées qui, les quinze kilos de charge aidant, mettent parfois le corps au supplice.
De l'autre, il est excitant de jeter ses forces restantes dans l'accomplissement d'un nouveau défi, d'affronter encore chaleur et froidure, rocs et glace, intempéries, avec en récompenses ces visions magnifiques que dispense la haute montagne.
Aurais-je un dé en poche, le ferais-je rouler sur la table commune de Himalaya Hotel afin de m'en remettre au seul hasard, tant il m'est difficile de prendre la "bonne" décision. 
Soit, sur les pas de Luc, mon compère québécois, j'emprunte demain à l'aube la piste qui mène à Beni en suivant gentiment la rive de la Kali Gandaki, ce qui revient à mettre un terme prématuré au trek, soit je me lance dans les interminables volées de marches qui sur 1650 mètres de dénivelée conduisent au col de Ghorepani où je serai à nouveau confronté à un choix d'objectifs.
 
C'est ce qui me réjouit dans le voyage en solo, la totale disponibilité et l'indépendance qui me permettent à chaque instant de choisir la direction à donner à mes pas, ce qui est inenvisageable lorsque l'on chemine avec une compagne, un compagnon, et encore moins en groupe. Seul, je suis en général porté à me décider promptement, voire sur des coups de tête ce qui peut je l'avoue me coûter parfois peines et tracas, ces élans spontanés se révélant peu compatibles avec des choix "rationnels" et réfléchis. Tant pis, j'assume ! Heurs et malheurs...
Curieusement, c'est loin de chez moi, dans ces ailleurs où se délitent les repères et le carcan d'une vie bien rangée perd sens que s'épananouit au plus fort le désir de libres aventures. Aussi je ne trouve décidément aucun argument raisonnable à opposer à la petite voix insidieuse qui me souffle "d'y aller" sans plus d'atermoiement.
Repos, vie douce, suave alanguissement sous les cieux de Pokhara-la-clémente... Ces perspectives pourtant délicieuses n'y changent rien : un seul objectif trouve désormais grâce à mes yeux, Annapurna Base Camp !


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