Il y a aussi des fonds médiocres à frais modiques

Publié le 10 décembre 2011 par Fabien Major @fabienmajor

A croire certains, les placements dont les frais sont modiques sont TOUS formidables.  Jamais, on nous présente tous les côtés de la médaille. Avec plus de 5000 fonds disponibles au Canada, il y a des chaudrons dispendieux, mais aussi des chaudrons abordables.

En 10 minutes, j’ai pu dénicher des fonds TRÈS abordables qui sont assez MÉDIOCRES, merci. Comme une belle Hyundaï Pony, c’est pas cher et ça ne nous mène pas très loin. Bref des fonds ridicules dont le ratio de frais l’est tout autant.

Le Landry Morin Long Short Momentum a des frais raisonnables de seulement 1%. Cependant depuis 3 ans, il perd 2,8% par année pendant que les fonds semblables et son indice réalisent plus de 12% annuellement! Finalement, ce 1% est très cher payé!

Le TD Valeur International a aussi des faibles frais de gestion, mais en prime vous obtenez une étonnante destruction de valeur. -12% par année, et ce, depuis 5 ans. Si vous y aviez investi 100 000$ en 2005, il vous restait moins de 65 000$ au 30 novembre 2011. Mais… ses frais sont raisonnables. Voyez comment le raisonnement ne tient pas!

Encore un bel exemple: Le fonds Altamira international devise neutre. Celui-là, il porte bien son nom! Très neutre en effet! En dix, il n’a rien produit. Sauf des pertes de 0,30% annuellement. Son indice de référence réalisait un maigre 0,82% annuellement pour la même séquence. Sur toutes les périodes (1 an, 2 ans, 3 ans, 4 ans, 5 ans et 10 ans) il fait moins bien que ses semblables et son indice. Si je l’avais sélectionné pour son faible frais de 0,65% je me serais quand fait avoir royalement! Le critère des frais est important mais ne doit absolument pas être votre critère de base. Il faut un placement qui respectera votre profil, votre tolérance et qui performera aussi bien que la moyenne à long terme NET de frais ET d’impôt! C’est là que ça se complique.

Les fonds indiciels ne sont pas en reste

Le IShare MSCI EAFE index n’a que 0,15% de frais de gestion. Un VRAI fonds indiciel pur devrait (en principe) suivre d’assez près le rendement de son indice de référence. Ce n’est pas le cas. Il est pire que le fonds Altamira précédemment décrit. Les dérivés qui entrent souvent dans la composition des fonds indiciels ABORDABLES produisent parfois des écarts vertigineux. Au cours des derniers douze mois, il a perdu 7,68% pendant que l’indice n’a reculé que de 4,3%. Un fossé de 3,4%, ce n’est pas rien. En 2008, on a constaté une belle démonstration de l’inefficacité de la stratégie indicielle pure. Ce fonds a reculé de 40% pendant que le MSCI EAFE était en retrait de -29,4%.
Enfin, pour vous convaincre que dans ce cas, 0,15% de frais c’est trop cher. Il perd -0,92% depuis 10 ans, mais l’indice en gagne 0,82%. Un écart de 1,74 soit 212%. Ainsi si vous aviez investi 10 000$ en 2001, vous auriez aujourd’hui que 9002$, soit 1650$ de moins que le résultat procuré par l’indice. Même son écart-type, sa mesure de volatilité est supérieure à l’indice; 17,88 vs 15,42. Bref, ceux qui ont acheté ce fonds CHEAP, ont obtenu des résultats à la hauteur!
En scrutant les fonds indiciels, je m’aperçois que ces anomalies se produisent fréquemment.

La valeur ajoutée d’un conseiller

Je trouve que certains médias tournent les coins ronds pour faire du «advisors bashing». Curieusement, on associe rarement le fait que les conseillers et planificateurs encouragent et permettent à leurs clients de rester dans le marché et de gagner bien davantage à long terme que ceux qui gèrent eux-mêmes leurs économies à temps partiel. Comme un comptable vous permet de sauver du temps et des déductions qui vous échappent, le professionnel de la finance avec sa vision périphérique offre une valeur ajoutée non négligeable qui s’observe au-delà des frais de gestion du produit financier.

A surveiller la semaine prochaine: Des fonds formidables qui valent leurs frais élevés