Rien ne me plait plus dans l'art que le mariage de l'érudition et de la fantaisie. Et ce mélange-là les Monstrations Inouies l'accomplissent avec une virtuosité frondeuse.
J'eus la chance en plus de voir ces Monstrations dans le Réfectoire des Cordeliers, cadre qui conféra au spectacle une dimension plus intemporelle et une touche solenelle.
Les joyeux trublions de la compagnie Décor Sonore débarquent comme une troupe de saltimbanques et laissent le soin à une main innocente dans l'assistance de décider des monstrations du jour. Pendant que la main pioche, un des artistes interprète une sorte de jingle tirage du loto au moyen d'un batteur électrique, orientant par là la nature du plat qui se ferait ici l'écho des Monstrations.
Avec un discours oscillant entre une démonstration encyclopédique et un boniment de foire, ce spectacle de Michel Risse entraîne le public dans un voyage fascinant jalonné par des instruments incroyables, des inventions extraordinaires.
Les mécaniques de ces instruments nous paraissent à l'ère du MP3 bien encombrantes et pourtant que d'ingéniosité pour leur époque.
La compagnie du Décor Sonore orchestre à la perfection les différents registres, l'humour omniprésent se teinte parfois de pédanterie, d'incongruités, d'effets de surprise.
Et quand les artistes saluent on ne peut qu'applaudir une telle complicité à jouer ensemble, à interagir, à exécuter leurs trouvailles scéniques et à faire revivre sous nos yeux des instruments extravagants échappés d'autres époques.
Et comme dans ce festin de mots et de notes, le seul aliment mentionné fut le Babybel dont l'enveloppe rouge aurait été utilisé pour isoler les touches d'un instrument, je me mis en quête d'une idée impliquant le dit fromage (et un fouet électrique). Le soufflé s'imposa.
J'ai adapté la recette trouvée ici
http://boudloune.canalblog.com/archives/2008/09/18/10629673.html
200g de Babybel
1/2 litre de lait (demi-écrémé)
50gr de beurre
50gr de farine
5 œufs
Cumin, gingembre et poivre selon votre goût
Faire fondre le beurre et le mélanger à la farine.
Faire revenir cette préparation pendant 1 minute à feu doux, puis incorporer le lait.
Porter à ébullition et rajouter le Babybel coupé en fines tranches, le cumin, le gingembre et le poivre.
A ce stade, le mélange a un air de famille avec l’aligot…
Séparer les jaunes d'œufs des blancs.
Ajouter les jaunes à la béchamel.
Monter les blancs d'œufs en neige et les incorporer délicatement à la préparation.
Enfourner à 240°C pour une quinzaine de minutes si vous avez opté pour un grand plat.
Pendant ce temps, dessinez avec un marqueur noir sur la coque rouge les points de la coccinelle et utilisez la petite bande qui permet d’ouvrir le Babybel pour façonner les yeux de la coccinelle albinos.
Attendre que le soufflé tiédisse puis le disposer dans la coque du Babybel (trop chaud, il la ferait fondre, j’ai testé pour vous).
Le Babybel ayant un goût assez neutre, n’hésitez pas à avoir la main lourde avec les épices.
Bien sûr les élytres (les ailes rigides des bêtes à bon dieu) ne se dégustent pas (mais comme les carapaces de homard se dégagent délicatement vers le bord de l'assiette. Elles apportent cependant à l'assiette une touche fantaisiste et printanière qui font siffloter l'esprit comme une séance des Monstrations Inouies !