Ok, à l'intérieur de l'expo, les inscriptions étaient en Anglais. Cependant leur utilité (en Tchèque comme en Anglais) pouvait se comparer à celle d'une trayeuse à boeufs au Rajasthan. C'était genre "la Vierge Marie et l'enfant Jésus, milieu du XIXe siècle". La suivante, "scène de la vie de St Georges, XVIIe siècle".
Coup de gueule # 1
Bref, et j'en arrive donc à mon coup de gueule. Samedi, l'on se présente devant l'entrée du palais "Rožmberk" vers 15:30, à la recherche du guichet pour acheter nos tickets. Rien, guichet vide à droite de l'entrée, alors qu'une pancarte indiquait bien l'exposition là d'où qu'on se trouvait. Bon, ben l'on s'en alla demander les instructions auprès du p'tit vieux de garde devant l'entrée du palais.
Moi: "Comment ça vous fermez à 16h? Mais sur le site Internet comme sur les brochures c'est marqué 18h!?" (cf. mes photos)
Lui: "Ah oui, mais maintenant c'est l'heure d'hiver."
Moi: "!?!? L'heure d'hiver? Ne me dites pas que l'imbécile qui a accouché ces brochures ignorait qu'en novembre l'on serait à l'heure d'hiver. Et quand bien même il s'agirait de l'heure d'hiver, la fermeture serait à 17h et non pas 16h?" A moins que cette graine de courge surgelée de Tatav eût instauré une heure spécifique au château de Prague (comme Hugo Chavez au Venezuela, seul pays au monde à GMT -4:30) pour faire ch... l'Europe?
Bon, du coup, l'on se rendit quand même au point de vente principal, sur le parvis en face de la cathédrale, pour se renseigner sur le prix, l'option photo (et dieu sait que je ne suis pas croyant), et quelques autres menues questions d'ordre technique. "Ah oui, les icônes bulgares, ben oui mais non, c'est pas ici. On vend bien ici tous les tickets pour le château, sauf pour les icônes bulgares, que vous pouvez acheter n'importe où que c'est marqué "vente de tickets", sauf ici, bien entendu."
Alors chais pas pourquoi, mais ça devait être la journée qui va bien. Genre "j'te dis pas mon cochon d'la force avec laquelle le bondieu va t'pourrir ton samedi". Ainsi le hasard de l'infortune voulut que mon caboulot fut encombré d'une paire de couple de PLonais. De "Kraków" plus spécifiquement, comme on l'apprit ultérieurement (mais c'est sans importance). A peine assis, n'voilà t'il pas qu'un Piotr me lance en PLonais, sans pause plein pot: "salut, tu viens souvent dans ce bistrot? Et qu'est-ce que tu manges quand tu viens ici? C'est bon? "
Dimanche midi j'invitai ma tendresse au petit bouddha, avant d'aller retenter notre chance auprès des icônes bulgares. Alors je ne fais pas souvent la promotion de restaurants sur Prague, mais aujourd'hui c'est jour d'exception. Les plats du petit bouddha sont succulemment goûteux, les prix sont plutôt bon marché, l'endroit est non fumeur, et l'ambiance "foire asiatique" imprègnent ce restaurant d'une odeur de "reviens-y".
Bon, puis nous revoilà au château devant l'entrée du palais "Rožmberk", dimanche donc vers 14:30. A nouveau, guichet vide à droite de l'entrée, alors qu'une pancarte indiquait bien et toujours, comme la veille, l'exposition là d'où qu'on se trouvait. Du coup, nous évitâmes cette fois-ci le p'tit vieux, et nous rendîmes en face du palais, dans un café devant lequel se trouvait une énorme pancarte "tickets". L'ordinateur et l'imprimante étaient bien là, mais personne pour officier les lectroniques. Je le poussai donc au bar du café avec l'évidente question aux lèvres, quid des tickets? "Ah oui, c'est bien là, mais depuis quelques jour il n'y a personne" me répondit le loufiat.
Coup de gueule # 2
Second coup de gueule afin de vous épargner une autre publie. On s'en était terminé la visite des icônes aux alentours de 15:48, et en récupérant mes frusques au vestiaire, je demandai à la dame la direction des toilettes. "Elles sont fermées. On a des toilettes dans le café-restaurant, mais il ferme à 15h, et les toilettes avec".
Devant l'entrée, la concierge ukrainienne harnachée de moufles en caoutchouc, la tringle à serpillère dans la main telle une hallebarde, s'assurait méthodiquement que tout le monde paie. Et le monde avait plutôt intérêt à payer, s'il ne voulait pas tâter du torchon humide parfum Javelle.
Moi: "Bonjour madame, je sors de l'exposition et leurs toilettes sont fermées, tiens, regardez, voilà le ticket..."
Elle: "10 kourrrronnes."
Moi: "Je comprends bien, mais moi je sors de l'exposition..."
Elle: "10 kourrrronnes." (ah la conne!)
Moi: "J'ai pas de pièce de 10, vous me faites de la monnaie sur 20?"
Ah et puis merde me dis-je, d'abord j'ai pas si envie que ça, et ensuite y a d'autres chiottes 100 m plus loin. Ronchonnant comme une bête et furieux contre moi-même de ne pas lui avoir richement moutravé le carrelage, je m'en pressai le pas vers là d'où que vous imaginez. Bien qu'il n'y avait personne, la foutue boîte à pognon, elle, était bien là, également. J'entrai cependant gratos, me soulageai, et pour bien marquer le coup de mon mécontentement doublé de ma catégorique opposition, j'en profitai pour colombiner une prune. Gratos. En sortant, la barbaudière de pissoir était de retour à son poste (partie aux toilettes?) et râpait les bonbons d'une famille ritale qui ne voulaient pas (ou ne pouvaient pas, monnaie?) lâcher l'grisbi. "30 kourrrronnes." (ils étaient 3) insistait-elle lourdement, comme si sa retraite en dépendait.
Alors vous pourriez me traiter de resquilleur, de voyou, de bon-à-rien et même de sale con. Et vous auriez sans doute raison, maintenant laissez-moi vous démêler mes raisons. Premièrement l'aspect vitrine honteuse. Le visiteur qui se rend au château est déjà surtaxé sur tout. Sur la boisson, sur le casse-croûte, sur tout ce qu'il consomme dans l'enceinte. Tout est 2 à 3 fois plus cher qu'en ville. Lorsqu'il s'offre la petite visite à 250 CzK (10 €) ou la grande visite à 350 CzK (14 €) du monument historique, il est légitimement en droit d'estimer avoir payé sa tournée de chiotte, non?
Deuxièmement, l'entretien du château comme de tout monument culturel du pays est déjà payé par nos impôts. Maintenant attends, tiens, permettez-moi un rapide calcul:
- il est au château 3 toilettes publiques dont je connais l'existence, mais comptons en 10 pour faire sérieux.
- disons que chaque toilette possède 4 cabines dames, 2 cabines messieurs, et 4 pissotières (messieurs uniquement).
- les cabines consomment 5 litres d'eau (et encore, je vise large, parce que les nouvelles c'est 3 à 4 litres) par usage.
- les pissotières consomment 2 litres par usage.
- dans mon hypothèse, 2/3 des dames se rendent aux toilettes pendant leur visite.
- 1/5 des hommes se rendent aux grandes toilettes, 3/5 aux petites, pendant leur visite.
- les dames utilisent 1 m de papier (c'est une moyenne entre la grande, la petite commission et la surface du tablier de madame).
- le lavage des mains, 2 litres d'eau (et je présume que tout le monde se lave les mains, ce qui n'est malheureusement pas le cas), dont 1 litre d'eau froide, et 1 litre d'eau chaude.
- électricité, savon, serpillère, eau d'Javelle, 20% en plus du prix des commodités (ci-dessus).
- Personnel de service: 5 personnes à 25.000 CzK brut par mois + 50% de charges (c'est le salaire moyen à Prague, mais je suis sûr que les dames-pipi touchent nettement moins).
- papier Jumbo 240, 193 m = 18,60 CzK (HT). Et c'est le luxueux, 2 couches de papier. Le simple couche est aux alentours des 12 CzK.
- 1 m³ d'eau potable chaude = 150 CzK (HT) soit 1 l = 0,15 CzK
Et hop, calcul (cf. mon Excel en photo). Si je ne m'est pas trompé, le coût serait de 4,166 M CzK, soit quelques 166.700 € par an. Eh ben tiendez-vous bien messieurs dames, pour quelques malheureux 166 mille kek chose € par an, la République Tchèque s'offre la honte et l'opprobre devant le monde entier en faisant payer ses chiottes du château de Prague. Ca dépasse l'entendement non? Et j'enfonce le clou. L'administration du château ("Správa Pražského hradu") récupère quelques 280 millions de CzK en entrées (petite et grande visites, plus expositions, etc...) et reçoit encore 155 millions de l'Etat (dont une partie de mes impôts, donc).
Troisièmement, lorsque vous jetez vot' pièce dans la caisse, vous ne recevez aucun justificatif. Question: combien de pièces disparaissent, combien de caca-pipi sont déclarés, et combien d'impôts sont prélevés sur ce revenu? Question subsidiaire: que dit l'Union européenne sur le droit aux chiottes gratuites dans les lieux publics?
Et maintenant la cerise sur le gâteau. Combien rapportent ces fameuses 10 CzK que chaque pauv' visiteur doit débourser?
Je pense que vous aurez dorénavant compris que pour toutes ces raisons, je refuse de payer les chiottes au château de Prague, comme aux palais de Buckingham ou encore à l'Elysée, bien que je ne me rende en ces dernières résidences que de façon éparse: leur bière n'est pas bonne. Et je pense que beaucoup de gens devraient faire de même, et refuser ce racket déshonorant, révoltant et indigne d'un pays civilisé.
Xéno faux bi
Sinon j'en entends déjà certains, me peindre en xénophobe patenté: les PLonais d'abord, les Ukrainiens ensuite... Alors non, je ne suis pas xénophobe. Du tout. Pour preuve, j'ai des copains plonais ici à Prague (mais je les vois rarement depuis qu'ils ont fait leur coming-out après avoir trop regardé les Teletubbies). J'ai des collègues de bureau plonais (et je leur dis même bonjour le matin, quand ils arrivent avant midi).
Et justement, afin de bien vous prouver que je n'ai rien contre la PLogne et les PLonais, sinon de l'amour pour ce beau pays et ses sympathiques habitants, je fais une énorme exception à la philosophie de mon blog qui se veut uniquement Tchèque, accessoirement Praguois.
Coup de gueule # 3
Allez, hein, j'en suis plus à ça près, alors j'vous en gratifie d'un autre, de coup de gueule, histoire que vous ayez de quoi lire à Noël parce qu'avec les conneries qu'ils vont nous passer à la télé...
Mais ce n'est qu'après avoir payé, qu'on vit la mention (en petit) sous le prix au 50 gr: "sachet: 4,80 Czk" (0,20 €). Ouais, formidable. Alors à nouveau, ce n'est pas le prix... c'est le principe (je ne vais pas vous refaire le calcul comme avec les chiottes ci-dessus). Mais sans dec, où va le monde? Avant, Noël c'était la fête du partage, des cadeaux, du "j'fais plaisir". Aujourd'hui, c'est la fête de la vaseline. Et encore, vaseline... Tiens, marché de Noël à Prague, mode d'emploi: munissez-vous d'une large pancarte au bout d'un manche et apposez sur icelle la formule "A votre bon coeur messieurs dames". Ensuite rendez-vous en plein centre du marché de Noël (à Prague), baissez votre pantalon jusqu'aux genoux et penchez vous en avant tout en prenant appui sur le manche de votre pancarte (et n'oubliez les gants, il fait froid ici en hiver). Vous verrez, la première année ça surprend. Mais après, soit vous en prenez l'habitude (et peut-être même vous y prenez goût), soit vous n'y retournez plus, au marché de Noël à Prague.
Bon, mais on ne va pas jeter le p'tit Jésus avec l'eau de sa crèche non plus. Si vous oubliez les prix des articles, l'ambiance est quand même sympa à Prague, en cette période (quand y a de la neige). Faut juste éviter d'acheter, éviter les touristes, éviter les magasins, éviter les transports en commun, réserver les restos 3 semaines à l'avance, et ne pas penser aux cadeaux qu'on n'a pas achetés. Maintenant rassurez-vous, dès le 1er Janvier tout ira mieux.