Le racisme est-il inné ou culturel ?
Les petits, à l’école maternelle, ne pratiquent aucune exclusion à l’encontre de leurs petits camarades à la couleur de peau différente. Alors, pourquoi cette peur vis-à-vis de l’autre – le jeune, le noir, le juif, le « différent », vite qualifié d’a-normal (gay, gros, qui parle avec un accent, handicapé, voilé, barbu, femme …) et surtout ce mépris ?
Notre façon de vivre ensemble repose sur certaines croyances et préjugés qui doivent être combattus par la connaissance. Nous découvrons ainsi comment le « sauvage » est apparu dans l’imaginaire des Européens, à la fois effrayant et fascinant. Et cela a commencé avec Christophe Colomb qui, de retour de son voyage en Amérique, a ramené des Indiens Caraïbes. Cette habitude d’exhiber des populations indigènes devant des foules crédules et manipulables a donc commencé très tôt.
La mode alors consistait à mettre en scène des « monstres » (frères siamois, femmes à barbe, personnes de très petite taille ou géants, mais aussi Inuits, Botocudos, Peaux-Rouges, Zoulous, Fuégiens, Dahoméens, Touaregs... C’est le temps des entreprises de spectacles à grande échelle (Barnum), des parcs zoologiques (le Jardin d’acclimatation à Paris), des expositions universelles, et des expositions coloniales. On y montre des villages entiers de « naturels » …y compris des « kanaks cannibales » !
Ce voyeurisme malsain fait florès entre 1894 et 1940. Les zoos humains ont été visités par 1 milliard et demi de visiteurs entre ces deux dates en Europe, en Amérique du Nord et même au Japon où l’on exposait des « Coréens cannibales » et des Européens (Osaka en 1903) !
Cependant, le pilonnage a porté insidieusement ses fruits. On lui doit ces relents de racisme ambiant que je déplore chaque jour. Ce qui est nouveau, c’est de se rendre compte à quelle propagande étaient soumis monsieur et madame tout-le-monde, pour leur mettre dans la tête que les « sauvages » leur sont inférieurs, tout comme on avait théorisé au XVIIIème siècle que les esclaves n’étaient pas réellement des êtres humains afin d’en permettre le transport et le commerce au temps des traites négrières.
« Exhibitions, l’invention du sauvage », exposition au musée du Quai Branly, jusqu’au 30 juin 2012, 8,50€ en même temps que l’exposition « Samouraï » et les collections permanentes.