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SNC-Lavalin éclaboussé: le géant québécois a financé un rapport pro-Kadhafi

Publié le 10 décembre 2011 par Plusnet
SNC-Lavalin éclaboussé: le géant québécois a financé un rapport pro-Kadhafi
En plein soulèvement libyen, la firme d'ingénierie québécoise SNC-Lavalin a financé une «mission d'établissement des faits» sur le terrain, qui a accouché d'un rapport favorable au régime Kadhafi.
Ce rapport, critique à l'égard des frappes de l'OTAN et des exactions commises par les rebelles en Libye, a été envoyé au ministère des Affaires étrangères du Canada au début du mois d'août, alors que Mouammar Kadhafi s'accrochait toujours au pouvoir à Tripoli.
Le rapport a été rédigé par Cynthia Vanier, Ontarienne détenue depuis un mois au Mexique. Les autorités de ce pays la soupçonnent d'avoir été la tête dirigeante d'un complot visant à faire entrer clandestinement au Mexique Saadi Kadhafi, fils du dictateur, et sa famille. 
Lors de sa mission en Libye, en juillet, Mme Vanier était accompagnée de Gary Peters, ancien soldat australien qui gère sa propre entreprise de sécurité privée en Ontario. M. Peters a aussi été le garde du corps de Saadi Kadhafi, de façon sporadique, au cours des sept dernières années.
SNC-Lavalin a financé la mission. Elle voulait connaître la situation là-bas afin d'assurer la sécurité de ses travailleurs et de ses chantiers de construction. Nous devions lui faire rapport, ainsi qu'aux médias. L'idée, c'était d'exposer les atrocités commises par l'autre camp, celui des rebelles», explique M. Peters. 
Pendant des années, le régime Kadhafi a été l'un des plus importants clients de SNC-Lavalin. Avant le soulèvement, les contrats de la firme québécoise en Libye totalisaient 1 milliard de dollars. Ses projets, dont la construction d'une prison à Tripoli, ont été suspendus pendant la guerre. 
En juillet, Mme Vanier a visité 72 lieux bombardés par l'OTAN. Or, seulement huit étaient des installations militaires, a-t-elle écrit dans son document. 
La consultante a envoyé son rapport à la Banque canadienne des ressources pour la démocratie et les droits de la personne (CANADEM). «Nous ne l'avions pas demandé. C'était un rapport tendancieux et relativement incompréhensible, très court, sans aucune valeur», affirme le directeur général de CANADEM, Paul Larose-Edwards. 
Mme Vanier a demandé à ce que le rapport soit remis au ministère des Affaires étrangères. «Nous aurions dû simplement le jeter. Mais nous l'avons transmis au Ministère, qui semble l'avoir ignoré, comme nous aurions dû le faire», dit M. Larose-Edwards. 
Ce dernier a refusé de montrer le document «confidentiel» à La Presse. «Vous ne manquez pas grand-chose. Ce sont des divagations incohérentes.»
Mercenaire ou garde du corps?
Les liens entre SNC-Lavalin et la famille Kadhafi remontent à plusieurs années. Quand Saadi Kadhafi a visité le Canada pendant trois mois, en 2008, c'est la firme québécoise qui a assumé les frais pour assurer la protection du fils du dictateur.
Gary Peters faisait partie de l'équipe des gardes du corps. «Je travaillais pour Kadhafi, mais c'est SNC-Lavalin qui a payé la facture, confirme M. Peters. En général, toutefois, c'est Saadi qui me payait.»
Après le soulèvement libyen de février dernier, M. Peters affirme avoir exploré différents scénarios de fuite pour Saadi Kadhafi, dont le Canada et le Mexique. Il est finalement retourné en Libye en septembre pour aider son «patron» à s'échapper au Niger. M. Kadhafi et sa famille s'y trouvent toujours. 
En rentrant du Niger, le convoi de M. Peters a été pris en embuscade. Il y a eu une fusillade. Cinq rebelles ont été tués. L'Australien a été atteint à une épaule. Ses compagnons d'armes lui ont prodigué les premiers soins, et il a pris un avion pour Toronto quatre jours plus tard.
La blessure s'est rouverte dans l'avion, pendant que je dormais.» Il avait saigné abondamment sur son siège. «À Toronto, j'étais très étourdi, j'avais perdu beaucoup de sang. En sortant de l'aéroport, on m'a amené à l'hôpital pour retirer la balle.» La GRC l'a interrogé à ce moment. 
M. Peters se défend d'être un mercenaire. «Un mercenaire quitte son pays pour aller se battre. Mon travail était d'assurer un libre passage pour mon patron. C'était aussi de le défendre. C'est ce que nous avons fait.»
Interrogée sur cette affaire, SNC-Lavalin, qui a admis le mois dernier au National Post avoir financé la mission d'observation qui a produit un rapport favorable au régime Kadhafi, a envoyé un bref courriel à La Presse. «Nous n'avons aucun contrôle sur les sous-contractants des firmes de sécurité que nous pouvons engager pour certains clients ou diplomates», a écrit Leslie Quinton, vice-présidente aux communications de la firme.
Nous respectons en tous points et en tout temps les règles et politiques du gouvernement canadien en matière de relations internationales.»
Source : Cyberpresse

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