30 000 places de prison ou 60 000 postes d’enseignants ?

Publié le 10 décembre 2011 par Jeunegarde

Mercredi, l’Observatoire international des prisons a remis un nouveau rapport accablant sur l’état des prisons en France. Il recense une recrudescence des suicides en prison depuis le début de 2011, malgré les plans de prévention mis en œuvre ces dernières années. Sur les huit premiers mois de 2011, 82 détenus ont mis fin à leurs jours contre 73 un an plus tôt, une hausse de 12%. Les politiques pénale et pénitentiaire menées de 2005 à 2011 (18 nouvelles lois pénales ayant principalement pour objectif la lutte contre la récidive, la criminalité sexuelle et la délinquance des mineurs) se sont soldées par des mesures «inefficaces, voire contre-productives». Une récente étude de deux chercheurs de l’Administration pénitentiaire (AP) a montré que les taux de récidive les moins élevés concernent les libérés conditionnels (39%) et les condamnés à une peine alternative (45%), suivis des bénéficiaires d’un aménagement de peine dont le bracelet électronique (55%), rappelle l’OIP. Les taux plus élevés concernent les détenus qui ont purgé la totalité de leur peine en prison : 63% de récidive dans les cinq ans qui suivent la libération.

En septembre dernier, après une visite dans un centre pénitentiaire, Nicolas Sarkozy a promis de créer 30 000 nouvelles places de prison d’ici 2017 pour « assurer une exécution normale des peines d’emprisonnement » ! La construction de 30 000 places de prison représente un coût de plus 3 milliards d’euros pour le contribuable. Outre la construction, le coût d’une journée de détention est évalué en moyenne à 82 euros, ce qui reviendrait avec l’incarcération visée de 80 000 personnes, à un budget de 6,5 millions d’euros par jour.

Victor Hugo : « Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons. »

François Hollande, lui, préfère l’école à la prison : « Je ne dis pas qu’il ne faut pas améliorer l’état de nos prisons, qui ne sont pas dignes de la condition humaine. Mais quand même, créer 30.000 places de prison, ça coûte 3 milliards d’euros en investissement. Je préfère mettre deux milliards et demi pour l’école que trois milliards pour les prisons. » Le 13 septembre, l’OCDE a publié son rapport annuel sur l’éducation dans 34 pays développés. S’agissant de la France, il fait quatre constats alarmants.

1. Le taux de scolarisation des jeunes de 15 à 19 ans, les lycéens, a diminué de 89 % à 84 % entre 1995 et 2009, alors qu’il a augmenté de plus de 9 points en moyenne dans l’OCDE. Et l’on compte toujours quelque 140 000 jeunes qui, chaque année, sortent du système sans aucune qualification.

2. De 2000 à 2008, les dépenses d’éducation ont augmenté de 5 %, quand elles progressaient de 15 % en moyenne dans les autres pays de l’OCDE. En outre, ces dépenses sont déséquilibrées, plus fortes qu’ailleurs dans l’enseignement secondaire (+ 12 %), mais nettement plus faibles (- 14 %) dans l’enseignement primaire, là même où se nouent les retards scolaires, souvent irrémédiables.

3. Le salaire statutaire (hors primes et heures supplémentaires) des enseignants français est non seulement inférieur à la moyenne de l’OCDE, mais il a diminué en valeur réelle depuis quinze ans. Et quand M. Chatel rappelle qu’il a augmenté de 10 %, en 2010, le salaire des professeurs débutants, il oublie de préciser que lesdits salaires étaient alors très inférieurs à la moyenne de l’OCDE (de 24 %), et qu’ils le restent.

4. Enfin, l’OCDE redit, comme l’ont cruellement établi ses enquêtes PISA sur les compétences des élèves, que l’école française, loin de corriger les inégalités sociales entre élèves, les aggrave au contraire.


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