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La gauche en guerre contre les boches ?

Publié le 10 décembre 2011 par Copeau @Contrepoints

L’ennui, c’est que la solution européenne, ce n’est pas seulement la dérive bureaucratique de Bruxelles, mais aussi paradoxalement la libéralisation des États membres. Le nord l’a fait de façon progressive, consensuelle. Le sud doit se l’imposer maintenant, dans une version dure.

Par Aurélien Véron

La gauche en guerre contre les boches ?
Les attaques de la gauche contre Merkozy et l’inféodation de la France à l’Allemagne a un petit air de ressemblance avec les années 30. Heureusement, il reste peu de stigmates des conflits sanglants qui ont opposé nos deux vaillants pays. Il n’y a donc aucun risque que ces tensions tournent mal. En tout cas pour le moment. Mais ce qui est plus surprenant, c’est que ces attaques viennent d’un centre gauche qui se prétend éclairé et pro-européen. Et que la réponse vienne d’un Nicolas Sarkozy qui n’avait jamais affiché de convictions pro-européennes jusqu’à son élection. C’est presque cocasse de l’entendre défendre avec un air aussi convaincu (quel travail !) le renforcement de la construction européenne face à une gauche au discours de plus en plus digne d’un Dupont Gnangnan. Il n’y a pas si longtemps, c’était l’inverse. Rappelez-vous lorsque Mitterrand prenait la main d’Helmut Kohl il y a 26 ans à Douaumont, et subissait les quolibets d’une droite aux réflexes facilement souverainistes.

Certes, le couple franco-allemand a beaucoup souffert sous les coups de boutoirs de Sarkozy. S’affranchissant des principes diplomatiques, et parfois de savoir-vivre élémentaire, il a souvent brusqué une Merkel prudente, lente au démarrage, et avait fini par la rendre réticente par principe aux initiatives françaises. Mais avec la crise, le président a compris que la solution ne pouvait être qu’européenne. L’ennui, c’est que la solution européenne, ce n’est pas seulement la dérive bureaucratique de Bruxelles, mais aussi paradoxalement la libéralisation des États membres. Le nord l’a fait de façon progressive, consensuelle. L’Allemagne a ainsi maintenu sa compétitivité, reculé l’âge de la retraite, réduit la protection sociale sous la direction du social démocrate Schröder avec le succès qu’on sait. Hors de l’euro, la Suède souvent citée en modèle a privatisé tous ses services publics. Au contraire, le sud s’impose aujourd’hui un choc thatchérien – version européenne – après des années d’errements budgétaires et d’absence de réformes structurelles suffisantes. Au milieu de la mêlée, il reste un pays qui ignore la crise en train de s’abattre sur lui : la France. S’il n’a pas véritablement reformé notre modèle social, Sarkozy continue à se donner des airs de candidat réformateur. Il ose, le bougre. Ça plaît à son électorat et ça ne mange pas de pain.

Mais c’est sans doute pourquoi la gauche se positionne ainsi contre cette Europe qui impose des remises en question des modèles économiques et sociaux qui ne marchent pas. Le nôtre par exemple. L’Europe, ça sonne bien quand on parle de constructions institutionnelles complexes auxquelles personne ne comprend rien. C’est plus délicat lorsqu’il s’agit de trancher dans les budgets publics et la protection sociale. Cette gauche dont l’horloge idéologique s’est arrêtée en 1981 n’a donc aucune envie de se Blairiser, et encore moins de se thatcheriser. En tout cas, pas pendant la campagne. Ensuite…


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