NEW YORK — Les membres de Karkwa étaient de retour pour la quatrième fois sur une scène new-yorkaise la semaine dernière. Après un an de tournée, le groupe prend une année sabbatique. Ne reste que leur concert au Métropolis, le 17 décembre. La bande réserve tout de même à ses admirateurs un album enregistré en spectacle, qui sortira le printemps prochain.
Je rencontre Louis-Jean Cormier, le chanteur du groupe, et Stéphane Bergeron, le batteur, dans leur humble loge du Rockwood Music Hall, une salle de spectacle du Lower East Side. Ils reviennent d'une tournée en Europe, à Londres, Bruxelles et Paris entre autres, où ils ont été encensés par le magazine Les Inrocks. Ils viennent de donner des concerts à Chicago et à Pittsburgh.
«C'est n'importe quoi notre vie ces temps-ci», a glissé Louis-Jean, visiblement épuisé par la vie de tournée. «Le spectacle du Métropolis sera le dernier avant un bon bout, a-t-il poursuivi. C'est un peu le mauvais moment parce qu'on essaie de développer notre carrière à l'étranger, mais on s'en fout. Notre vrai amour, c'est de vivre de notre métier au Québec. Si on avait tous 23 ans, ça serait une autre histoire, a relativisé Stéphane. On a presque tous des enfants, on voit ça autrement.»
Après avoir joué sur le vieux continent, ils se sont produits en français devant un public américain. «Contrairement aux Français qui analysent notre accent, ici ils ne comprennent rien, donc ils apprécient avant tout les mélodies», a dit Stéphane.
À Chicago, un admirateur anglophone avait conduit depuis Cleveland pour les voir. Sur la page Facebook du groupe, un adepte leur demande quand ils comptent venir à Philadelphie, une autre écrit avoir conduit deux heures pour venir les voir jouer à New York, un autre se plaint que leurs disques ne sont pas disponibles aux États-Unis.
Bref, Karkwa a ses admirateurs aux États-Unis, dont la directrice musicale de FireWireMusic Company. C'est elle qui a proposé Pyromane, pour la bande sonore du film de Julia Roberts, Jesus Henry Christ. L’actrice est d’ailleurs devenue une mordue de la formation montréalaise.
Ça ne veut pas dire pour autant qu'ils vont se mettre à chanter en anglais. «Pas avec Karkwa, ce n'est pas de l'acharnement, mais ce n'est pas un combat qu'on mène non plus», a indiqué Stéphane. Dans la salle du Rockwook jeudi soir, il y avait une majorité de Québécois. «Ceux qui ne comprennent pas, dansez, amusez-vous», a dit d'emblée Louis-Jean. Un spectateur new-yorkais visiblement emballé m'a confié : «C'est le jour du 31e anniversaire de la mort de John Lennon, je voulais venir écouter de la bonne musique».
Le groupe a offert une prestation d'environ 45 minutes en terminant avec La façade. Ils ont été interrompus en plein milieu par une spectatrice qui s'est évanouie. «Welcome to New York!», a-t-on crié.
Pour ce nouvel album «live» qui sort au printemps, ils ont enregistré leur dernier concert de Québec et celui de Montréal le sera également. L'album inclura peut-être des chansons inédites produites à Paris lors de l'enregistrement de leur album Les chemins de verre. «Celles qui ne se sont pas retrouvées sur le disque», a précisé Stéphane.
Durant l'année de répit qui suivra, le groupe réalisera des projets solos. Julien Sagot, le percussionniste, lancera un album en février et Louis-Jean prépare aussi un album de son côté. Dans la loge plus tôt en soirée, on a terminé notre discussion sur la controverse qui a entouré la fameuse publicité de Coca-Cola, à qui ils ont cédé les droits de la chanson Le pyromane. Le referaient-ils? «Oui, mais il faut doser, a dit Louis-Jean. Trois jours après, on a eu une demande de McDonald. On a refusé. Il ne faut pas que ce soit à tout prix, pour n'importe quoi. C'est du cas par cas. Au moins, on a ouvert un débat de société.»
Article de Marie-Joëlle Parent, Agence QMI, le 12-12-2011