Reprise jusqu'en début d'année prochaine de ce "Jeu de l'amour et du hasard" de Marivaux monté il y a plusieurs saisons par Xavier Lemaire. Simple mais subtile, fluide et enjouée, sa mise en scène met en avant un texte savoureux, certes connu de tous mais fort bien donné à entendre, ainsi que de talentueux comédiens.
Est-il besoin de rappeler le propos ? La jeune et noble Silvia prend les traits de sa servante Lisette, qui elle-même revêt ceux de sa maîtresse, afin d'observer en toute discrétion Dorante, à qui elle est promise, et s'assurer qu'il lui convient. Mais ce dernier ayant décidé d'en faire de même en se parant des habits de son valet, ce sont leurs domestiques respectifs, badinant et flirtant grossièrement, que les futurs époux contempleront avec effroi, tandis qu'ils tomberont amoureux l'un de l'autre...
Comme toujours, l'auteur croque avec brio les travers des gens du peuple et de la bourgeoisie, s'amuse des rapports qu'entretiennent ces différentes classes sociales, dépeint avec justesse le sentiment amoureux, dénonce l'absurdité de cette apparente impossibilité d'aimer en dehors de son rang, et au final fait joliment triompher l'amour.
Ce marivaudage là est charmant, la langue est belle, et les acteurs nous réjouissent ! Isabelle Andréani s'empare à merveille de son rôle de servante, compose une Lisette toute en rondeur et générosité, au rire communicatif. Son pendant masculin, Christian Dubouis, est un Arlequin fripouille et rustre à souhait lui donnant parfaitement le change. Nous avons apprécié sa force comique. Les maîtres ne sont pas en reste, et avec une énergie toute différente, dans un registre qui tiendrait presque du romantisme, Gaëlle Billaut-Danno (Silvia) et Lionel Pascal font preuve d'une bien jolie sensibilité. N'oublions pas Bernard Carpentier qui offre toute sa finesse au personnage d'Orgon, père de Silvia, à la fois observateur de cet improbable bal masqué et un brin manipulateur, et Franck Jouglas qui fait exister Mario, frère de Silvia, avec une amusante fantaisie.
Pour parfaire ce travail de qualité, un élégant petit décor modulable fut conçu afin de proposer l'environnement le plus adequat possible aux nombreuses scènes de l'oeuvre (chambre, séjour, ou cuisine). C'est réussi.
Un excellent moment à passer au Théâtre Mouffetard jusqu'au 7 janvier 2012.
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Le Jeu de l'Amour et du Hasard BA par bonneideeprod