Saison 4 // Audience inconnue
Je terminais ma critique du dernier épisode de la saison 3 de Damages publiée le 4 Mai 2010 sur ces quelques mots : "(...) une belle saison 3, terminant comme il se doit ce petit chef d'oeuvre (...) (je ne vais pas avoir l'air con si elle est sauvée in extremis !)". Je peux le dire maintenant : j'ai eu l'air con car, si FX a bien choisi d'annuler la série, DirecTV, elle, a choisi de la sauver pour deux saisons supplémentaires. Je persiste et signe : la saison 3 était de très bonne facture et la dernière scène concluait parfaitement la trilogie. La saison 4 partait donc avec deux handicaps : celui de ne pas être nécessaire et celui de devoir faire face à une restriction budgétaire. Dans les deux cas, l'équipe s'est très bien débrouillée pour effacer nos craintes et nos doutes.
La saison 4 de Damages n'est pas la saison de trop. Le changement de chaîne n'a pour ainsi dire rien changé. Certes, il n'y avait "plus" que 10 épisodes mais ils étaient plus long d'une dizaine de minutes et l'affaire High Star a été pensée pour tenir la route dans ce laps de temps. Les scénaristes ne sont pas tombés dans le piège de la saison 2 et ont rendu tout de suite l'affaire claire, en en présentant efficacement les enjeux dans les trois premiers épisodes. La différence, en revanche, par rapport aux autres saisons, c'est que les protagonistes principaux étaient peu nombreux et qu'il n'y en avait quasiment pas de secondaires. Une question de budget sans aucun doute. Ce qui aurait pu être considéré comme une faiblesse a été transformé en force : on a ainsi pu apprendre à connaître chacun d'entre eux plus en profondeur, sans jamais s'éparpiller. Chris Sanchez était le good guy de l'histoire, celui pour qui Ellen avait des sentiments et qu'il fallait absolument sauver. Chris Messina a été parfait dans le rôle et l'on suppose qu'il sera toujours là en saison 5... Howard T. Erickson, interprété par l'excellent John Goodman -qui est définitivement meilleur dans les rôles dramatiques-, était le plus complexe du trio : son patriotisme, ses croyances et ses fêlures le rendaient presque... attachant. Mais sa véritable nature a repris le dessus dans les derniers épisodes. Ce n'est probablement pas le plus fascinant des bad guys que Damages ait connu mais il s'est bien défendu ! Il était peut-être un trop mou... En revanche, Jerry Boorman entre facilement dans le top 3 des meilleurs salauds de la série ! J'ai toujours eu un faible pour Dylan Baker, qui sait jouer les méchants à la perfection et qui l'a prouvé ici à nouveau et avec plein de nuances (ce que certains de ses précédents rôles ne lui avaient pas vraiment permis, celui de The Good Wife mis à part). C'est lui le vrai bad guy de la saison, même s'il avait bien entendu de "bonnes" raisons de faire ce qu'il a fait. C'est lui qui a offert les meilleurs rebondissements et les plus grandes surprises et c'est aussi lui qui a procuré les scènes les plus intenses. Et il n'avait pas nécessairement besoin d'être confronté à Patty ou Ellen pour cela. Le plus décevant finalement dans toute l'affaire High Star, ce sont les flashforwards. Redondants. Cheaps. Et tous ces allers-retours si faciles entre New York et le Moyen-Orient...
Un des grands thèmes qui s'est dégagé de cette saison 4 est celui de la filiation. A la fois à travers l'intrigue fil rouge dans sa dernière ligne droite, lorsque l'on a appris qui était vraiment pour Boorman le petit garçon qu'il retenait prisonnier -une révélation qui a d'ailleurs un peu trop traînée tant elle devenait évidente- mais aussi et surtout grâce à Patty à travers sa relation avec Ellen, sorte de fille spirituelle qui l'a trahie, sa petite fille et évidemment son fils, qui l'a trahie lui aussi, plus d'une fois même. La question qui se pose pour Patty est très simple : que va-t-il rester de l'empire qu'elle a construit après sa mort ? Qui va prendre sa suite ? Elle aurait voulu que ce soit son fils à la base mais cela fait bien longtemps qu'elle a compris que ça n'arriverait jamais. Puis elle a tout misé sur Tom, mais il est mort "au combat". Et elle refuse que ce soit Ellen, et cela ne devrait pas changer en saison 5 puisque ce qui s'annonce est l'ultime affrontement entre les deux femmes. Comment pourrait-il se dénouer sur un happy ending pour l'une et pour l'autre ? Il y aura une gagnante et une perdante, voire deux perdantes à la limite. Mais deux gagnantes ? J'en doute. Les intrigues sur la vie privée de Patty n'ont pas toujours été intégrées à l'ensemble avec pertinence mais ce sont celles qui m'intéressent le plus de manière générale. Alors... Quant à Ellen, elle a tout simplement mis sa vie personnelle entre parenthèses pour se concentrer sur Chris Sanchez et High Star. Son nouveau petit ami -à la tête carré- est à peine apparu au cours de la saison, mais sa dernière scène avec elle était d'une grande justesse : il l'a mise face à ses contractions et elle en avait grandement besoin. Au final, les rôles qui s'étaient inversés entre Patty et Ellen à la fin de la saison 3 ont repris leur ordre initial, sauf que maintenant Ellen est plus forte. Elle n'arrivera jamais à la cheville de son maître, à moins que...
// Bilan // Si cette saison 4 de Damages n'était pas nécessaire, elle est tout de même parvenue à prolonger le plaisir sans trahir l'esprit de la série, quitte même à ne rien apporter d'innovant que ce soit dans la construction des intrigues ou dans l'évolution des héroïnes. L'intensité et le suspense n'étaient pas systématiquement au rendez-vous de chaque épisode mais l'affaire High Star a connu quelques moments forts, elle tenait debout, elle avait même un sens en dénonçant un système absolument honteux et qui constitue un sujet véritablement sensible aux Etats-Unis. Bref, je suis heureux que cette saison 4 ait pu voir le jour et j'ai la sensation qu'elle servait en quelque sorte d'introduction à la 5ème, sur laquelle je mise beaucoup en espérant qu'elle soit vraiment la dernière, cette fois.