Dans cinq mois la France élira un nouveau Président ; d’ici là notre pays aura sans doute perdu son fameux « triple A », l’Euro ne concernera plus que quelques pays, la convergence franco-allemande sera plus forte et la France plus que jamais un pays immergent pour reprendre l’expression désormais célèbre. Ces hypothèses ne sont que des scenarii parmi tant d’autres mais comme toutes les projections elle regardent devant nous, vers l’avenir.
En France, en 2011, demain semble faire peur, et chaque jour un peu plus. Ce mal bien Français nous distingue de manière forte de nos cousins d’outre Atlantique et les nouveaux géants que sont la Chine, le Brésil et l’Inde. Plus le risque est grand, plus le reflexe du repli est fort comme on peut le lire ça et là. Pourtant, si on imaginait la tentation d’un repli économique (protectionnisme) ou idéologique (fermeture des frontières), on n’avait pas pensé à ce qu’il puisse être politico-historique.
Il y a peu, l’Ifop, le plus ancien des Instituts de sondages français a publié une enquête qui détonne. Non pas au niveau de ses résultats mais plutôt des messages qu’elle révèle, en creux, de ce que pense le grand public. Intitulée « le gouvernement idéal des 30 dernières années », l’enquête interroge les personnes âgées de 35 à 65 ans ; qu’ils soient enfants des 30 glorieuses ou des 30 piteuses. En période de crise, avouez que le signal est fort pour les personnes âgées de moins de 35 ans : enfants des 30 … désastreuses ? Comme l’indique l’enquête, alors que nous sommes dans l’impasse nous nous plaisons à nous souvenir avec émotion d’un Jack Lang au Ministère de la Culture, d’un Charles Pasqua à l’Intérieur, d’une MAM à la Défense ou d’un Bérégovoy à Matignon.
Ces résultats n’ont en réalité aucun sens ; ou plutôt si, ils démontrent que la thématique de l’union nationale va revenir fortement dans le débat public dans les semaines à venir ; surtout si la situation se dégrade encore un peu plus. Dans ce contexte, on note les excellents résultats de Ministres emblématiques et presque devenus apolitiques comme Robert Badinter ou Bernard Kouchner. La France serait-elle devenue un éléphant à la mémoire tellement tenace qu’elle empêche d’avancer ?
En 2007, l’échec de François Bayrou était celui de ne pas avoir su ou pu intégrer à son projet des personnalités de la société civile suffisamment engagées dans son projet politique. En 2012, pour le moment, le Président du Modem est loin, sans doute trop loin de ses concurrents pour refaire son retard. A Gauche comme à Droite on tente pour le moment de gérer les extrêmes plutôt que de se battre pour le centre, objet des convoitises pour le second tour.
Le Centre et avec lui la thématique d’un gouvernement d’union nationale voit poindre une belle opportunité. Mais depuis deux ans, ni Hervé Morin ni Jean-Louis Borloo, ni Dominique de Villepin, ni François Bayrou ne semblent en mesure d’incarner cet espoir. Voilà une belle occasion manquée ; à moins que 2012 ne nous réserve encore de belles surprises.