[Critique] DEEP END de Jerzy Skolimowski (1971)

Par Celine_diane

Chez Skolimowski, l’évocation et l’image sont toujours frontales, fascinantes, fantasmées. Toute la beauté sensible, et la rage sourde de son cinéma tiennent dans les quelques 80 minutes que dure son sixième film Deep end, parenthèse belle et viscérale sur le désordre adolescent. Au travers de l’amour idéalisé que voue le gentil Mike (John Moulder-Brown) à sa collègue de travail dans le Londres des années 70, le cinéaste polonais nous entraîne sur des chemins plus pervers que ne laissent supposer l’allure pop du long-métrage et la légèreté de ton apparente. Alors que l’on croit assister au combat, piquant et ludique, entre candeur de l’adolescent et concupiscence de l’adulte, Skolimowski transforme son Deep end en sublime instantané cruel, ou comment jaillit le pire d’un désir non contrôlé. A mesure que l’amourette vire à l’obsession, que l’innocence laisse place aux frustrations, le film gagne en profondeur. De la pureté (d’une neige) au trash (d’une piscine), il n’y a qu’un pas.
Deep end, au-delà d’un récit-piège qui se referme sur tout le monde (protagonistes, et spectateurs), c’est aussi le rappel d’une époque, ère d’indépendance et de rock’n’roll amenée avec trois fois rien. Des airs de Cat Stevens et The Can, une rue, une rame de métro, un vendeur de hot-dogs pour évoquer un London bouillonnant et enflammé. Une ville à l’image de son jeune héros, fougueux et incontrôlable. Une ville filmée à travers un prisme sexuel, synonyme de vie, et de mort. Lorsqu’il écrit le scénario, Skolimowski a pour voisin Jimi Hendrix, et sa jeune actrice rousse Jane Asher a pour petit-ami Paul McCartney. Dans Deep end, on ressent toute cette bulle artistique, toute cette effervescence. C’est dire.

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DVD disponible chez Carlotta Films.
Bonus: Documentaire de 75 minutes sur le tournage, signé Robert Fischer.
Scènes coupées.
Lecture par Etienne Daho de l'article rédigé dans Libération.
Bande Annonce / VOST / FV / Format 1.85 respecté.