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[Feuilleton] Mont Ruflet d'Ivar Ch'Vavar - 6/41

Par Florence Trocmé

Mont-Ruflet 
poème-feuilleton d’Ivar Ch’Vavar 
6e épisode 
Résumé de l’épisode précédent : Dans le bois l’instituteur s’entraîne pour le championnat des Flandres de cross-country. Une vieille femme porte un long faix de fagots. Deux jeunes hommes se tiennent à la porte d’une chapelle, à l’entrée du même bois. 
 
Ne certaine importance, là? justement?). Il paraît un  
Peu déférent (c’est discret), par exemple il s’est arran 
Gé pour descendre de la marche le premier, et c’était 
Pour être le second, eh oui, dès qu’Isidore se retourne 
Rait, oui, plus grand alors d’une marche. Et lui (le 2) 
A les intonations du village, et par exemple d’un yod 
Il tire (on ne dira pas « allonge »), les voyelles finales 
Mais juste d’une courte commissure, relevée, et pour 
Mettre un terme à cette digression qui pourrait paraî 
Tre inutile, dans l’économie du récit, notre numéro 2   (270) 
Dira, pour « du blé », « du blèï », mais non pas, ainsi 
Que l’autochtone endurci : « du blaï ». Mais la vieille 
A craché à droite de son sabot droit :  « Ce petit vicai 
Re d’Ivar ! » glousse-t-elle.  S’il échappe à l’abbé c’est 
L’Uruguayen qui emportera le morceau. L’Ivar n’est    
Pas vicaire  :  tout juste s’il fut premier au catéchisme. 
Mais la vieille arrange les choses comme ça. Les garç 
Ont fait quelque pas en dehors du chemin,  ils ont vu 
Sans le voir, démantibulé,  jeté là,  un prie-Dieu, ils le 
Repoussent du pied,  l’un,  puis l’autre, qu’il roule un      (280) 
Peu dans la fougère aigle.  Mais l’ont-ils vu vraiment 
Même senti au bout de leur pied ? Non, sa forme biz 
Arre les aura attirés,  l’œil, le pied, mais gageons que  
Cela n’a pas  atteint le seuil de leur conscience  et que 
Leur  conversation a continué de rouler,  sur tel sujet, 
Qu’on  peut plus ou moins supputer.  La vieille peau 
Ne va pas se priver de le faire ;  et fronce le nez, déjà, 
Pour un rire muet  (mais si elle devine, dans le même 
Temps elle entend)  :  « Il fallait bien que l’on sorte le 
Vers du vers, et qu’il passe à la prose » dit Isidore.  À      (290) 
Quoi Ivar rétorque (mais toujours déférent) :  « C’est 
Vrai, mais ne s’y est-il pas perdu à la longue ?  Et dis 
Sous? (dix sous c’est toujours mieux que le bijou d’un 
Sou
de Verlaine ! se marre la vieille à part elle).  Cela 
Étant (Ivar poursuit son idée),  il faut l’en faire sortir. 
De là l’idée du vers justifié, qui ressemble, à de la pro 
Se, notamment, et c’est ça, la justification, parce que  
Ses lignes sont égales... mais, n’en est point. C’est un 
Vers !  On me dit que c’est encore un vers en prose... 
Admettons... mais alors d’une prose malgré tout en v      (300) 
Ers. »  Ivar s’anime, la discussion prend une tournur 
E passionnante,  et, pris dans son feu, les camarades 
Ont perdu conscience de ce qui les entoure :  et voilà 
Qu’ils foulent la fougère aigle,  sans s’apercevoir qu’ 
Ils s’y prennent les pieds !  Quand le tintement aigre 
D’un timbre de vélo vient les interrompre  ;  de leurs 
Hauteurs,  ils retombent brutalement dans la réalité. 
C’est le facteur  (qu’est-ce qu’il fout dans cette zone i 
Nhabitée ?). Évidemment, il s’arrête, ne ratera jamai 
Z une occasion de « tailler une bavette ».  Ce coup-ci      (310) 
Il ne descend pas de son engin.   Pose juste à terre un 
Pied,  au-dessus  duquel le pantalon est pincé par un 

prochain épisode lundi 12 décembre 2011


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