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Léonard a une sensibilité de gauche et des claques qui se perdent

Publié le 09 décembre 2011 par H16

Vous ne connaissez sans doute pas Léonard, et vous avez bien raison. Vous connaissez peut-être Vincent Delerm : c’est un « on est obligé par les quotas d’artistes français » . Maintenant, vous allez découvrir le Léonard de Vincent, et comment, grâce à votre argent, on peut acheter librement de la bonne propagande décomplexée à destination de la jeunesse qui ne vote pas encore (mais doit apprendre rapidement pour qui).

Ce qu’il y a de formidable dans l’univers du bobo-zartiste en roue-libre, c’est qu’il se découvre des possibilités insoupçonnées dès lors que les vannes à pognon gratuit sont ouvertes. Et lorsque ce ne sont pas ces vannes qui s’ouvrent, le bobo-zartiste dispose heureusement de toutes les options médiatiques normalement fermées à toute personne qui n’appartient pas à son milieu.

Par exemple, le bobo-zartiste n’aura jamais de mal à décrocher une interview dans un journal sur une chaîne de télévision nationale. Le bobo-zartiste connaît bien le directeur de la programmation, il a déjà grignoté des petits fours dans une réception donnée par l’un ou l’autre politicien qui signe, in fine, les plantureux chèques que distribue l’une ou l’autre chaîne publique à quelques unes de ses personnalités de référence.

En cela, le bobo-zartiste est comme beaucoup d’artistes qui doivent avant tout se faire connaître des bonnes personnes avant de se faire connaître tout court. Mais il a cet énorme avantage de ne présenter aucune partie saillante aux institutions en place et d’offrir même des débouchés politiquement corrects à des subventions qui arroseront au passage toute une filière dont certains amis des gens en place bénéficieront inévitablement.

Autrement dit, le bobo-zartiste ne raconte à peu près rien d’intéressant, n’est absolument pas populaire, il bénéficie toujours d’un succès d’estime auprès de critiques terriblement bien informées et peut claquer la bise à la fois avec certains cultureux de droite et certains cultureux de gauche sans que cela froisse personne. Le bobo-zartiste est connu du tout Paris (i.e. celui qui compte pour ses petites aventures).

Et lorsqu’on lui lâche la bride, le bobo-zartiste se lance dans de passionnantes épopées où il peut donner libre cours à ses idées les plus connesfolles. En voilà un petit échantillon, kromignon tout plein et pas du tout orienté.

Voilà, à présent, vous voyez le rapport entre le fumeux Léonard et le non moins fameux Vincent Delerm : le dernier nous explique donc gentiment, sur tout un livre-CD, destiné aux plus jeunes d’entre nous — ceux qui ne votent pas encore — pourquoi le premier a une sensibilité de gauche.

Et quand j’évoquais le bobo-zartiste qui arrive à passer à la téloche avec ses projets abracadabrantesques, j’ai des preuves :

Attention, je tiens à signaler ici que je ne suis en rien contre la création du Delerm. Il a une belle sensibilité de gauche, tient vigoureusement à l’exprimer de façon discrète, et tient manifestement à ce que ses enfants n’approchent jamais un bulletin de droite même de loin et avec des pincettes. C’est un militant calme et persévérant de la gauche forcément humaniste forcément citoyenne forcément festive qui distribue ses valeurs à qui veut l’entendre (ou pas).

Et il nous livre donc un ouvrage aussi discrètement militant que lui dans lequel on apprend par exemple qu’un « poulet de droite« , ce n’est pas forcément un flic à la matraque facile, mais c’est « un poulet qui s’est lavé les dents chaque soir vraiment vraiment pendant 3 minutes et pas 45 secondes, un poulet qui a mangé cinq fruits et légumes par jour, un poulet qui sait faire un massage cardiaque à une dame âgée qui tombe par terre dans la rue, un poulet qui a le regard tourné vers l’avenir, qui a bien placé son argent« . Alors que la chantilly sur les glaces, c’est toujours de gauche (parce que c’est inutile ou décoratif, je suppose).

On reste un peu perplexe devant la démarche entreprise.

En fait, ce qui m’enquiquine, au-delà du choix du titre pas du tout risqué (eh oui, Léonard, c’est un humaniste aux sensibilités de gauche, hein, pas un gros capitaliste froid aux arrières pensées troubles et forcément de droite), au-delà même de l’aspect passablement gênant qu’on publie un ouvrage politique pour la jeunesse si gentiment de gôche, c’est que tout ce magnifique ouvrage n’aurait probablement jamais existé si le contribuable n’avait placidement payé pour tout ça.

Eh oui : on paye pour ces affolantes conneries, et à plusieurs niveaux.

D’une part, les labels mentionnés qui ont participé à la création de cette oeuvre d’art propagandesque citoyen, Actes Sud et Tôt Ou Tard, sont bel et bien subventionnés : la première pour certaines de ses publications, l’autre pour ses productions musicales (exemple en 2002), comme le sont généralement les organes artistiques un peu engagés et terriblement festifs qu’on retrouve régulièrement dans les manifestations des villes et régions du pays.

D’autre part, l’heureux contribuable paye aussi pour les émissions qui relatent les péripéties de ces joyeux engagés décidément volontaires pour propager la bonne sensibilité de gauche qui va bien. Oui, il paye pour ces émissions, pour les fêtes qui les accompagnent, et pour que les personnes qui y vont, qui en profitent et qui se délectent du champagne et des petits-fours républicains puissent sourire à la caméra, comme là, par exemple :

Cette réalité de la subvention est à ce point pervasive qu’on pourrait se demander quelle couverture médiatique aurait eu un type rentrant dans la catégorie des bobo-zartistes décrite ci-dessus s’il lui était venue l’idée saugrenue de faire un ouvrage destiné à endoctriner expliquer aux tout-petits les valeurs du libéralisme, tient, pour rire. Avec la culture moyenne de nos concitoyens, nul doute que l’ouvrage aurait promptement été classé dans le rayon « Pornographie Extrême pour Adultes Avertis », après avoir bien sûr déclenché une panique générale sur tous les plateaux télés et radios à l’évocation de cette insolente réalisation borderline fasciste.

Finalement, quel bonheur de vivre dans cette démocratie où tout le monde reçoit force argent public pour s’exprimer tant qu’il s’agit du discours habituel !



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