Cette année 2011 se termine comme elle a commencé : debout, le poing levé et le coeur noué.
De la Tunisie à la Syrie, des millions d'hommes et de femmes se sont levés, se sont rebellés, se sont opposés contre des régimes violents, obscurs, égoïstes.
Des Etats-Unis à la Grèce, des millions d'hommes et de femmes se sont levés, se sont rebellés, se sont opposés contre des gouvernements, des agences de notation, des banques ou je ne sais quoi qui ont détruit leur monde.
En Russie, en RDC, dans de trop nombreux pays du monde, des millions d'hommes et de femmes se lèvent et se rasseyent contre des dirigeants qui s'accrochent comme des moules au rocher du pouvoir.
Au Proche-Orient, des millions de chrétiens et chrétiennes se lèvent très discrètement de peur qu'on ne les voie quand d'autres millions d'hommes et de femmes se replient, s'enferment, se noient dans les haines et les pleurs.
En France mais pas seulement des millions d'hommes et de femmes se lèvent de leurs canapés contre des images ou un art gras qui choquent fortement leur foi.
Le monde est violent, ce n'est pas nouveau. La guerre est violente, l'économie est violente, l'indifférence est violente, l'hypersexualisation est violente. La liberté même est parfois violente. Mais aujourd'hui, les hommes et les femmes qui nous entourent atteignent les limites de leur acceptation. Alors ils regardent à gauche, à droite, tournent en rond et hurlent. Tous ensemble, ces milliards d'hommes et de femmes se lèvent dans tous les sens contre quelque chose d'injuste. Mais savent-ils tous pour quoi ?
Dans cette étrange époque, trois types de société nous sont proposés : le relativisme indifférent européen, le fondamentalisme déraisonné islamique et le libéralisme fou anglo-saxon. Chacune montre ses limites, car la liberté, la raison et la vocation sont indissociables.
Liberté, raison et vocation d'amour se retrouvent pourtant quelque part, bien cachés mais de manière lumineuse : la Doctrine Sociale de l'Eglise. Pourquoi n'irions-nous pas y faire un tour? La découverte que nous y ferions nous conduirait alors non plus seulement à nous lever contre mais à nous transformer pour.
La violence, la haine, l'égoïsme sont des tares que nous partageons avec nos voisins. Nous remplaçons rapidement l'oppression militaire par l'oppression religieuse, notre imposition par celle des autres, l'obscurantisme par l'anticléricalisme, le puritanisme par la pornographie.
Nous savons bien que nous ne sommes pas toujours heureux, que notre chemin est parsemé d'embûches, mais nous ne pouvons pas nous empêcher de faire le mal que nous ne voudrions pas faire (st Paul). Nous voulons changer mais nous n'y arrivons pas. Nous n'y croyons pas. Nous n'avons pas l'espérance.
N'est-ce pas pourtant une question de patience? En cette période de l'Avent, nous sommes appelés à croire en Dieu et donc à croire en nous puisque Dieu y croit. Laissons-nous guider par Son Esprit-Saint, écoutons ce qu'Il a à nous dire et ouvrons-nous. Comme la Vierge Marie dont nous fêtons aujourd'hui l'Immaculée Conception.
Marie n'était rien et tout à la fois. Rien, parce que c'était une jeune fille simple, sans doute pleine de qualités mais qui ne s'était pas retrouvée devant Jean-Pierre Foucauld avec une couronne sur la tête déclamant son amour pour les animaux. Tout, parce qu'elle a su dire OUI et s'abandonner à Dieu.
Vous me direz que tout cela n'a rien à voir avec la longue et difficile marche du monde. Je n'en suis pas si sûr. Abandon, attente et amour me semblent un Triple A (AAA) qui vaut la peine d'être médité.