« O Cruzeiro » offre à ses lecteurs un point de vue très novateur pour l’époque, montrant un Brésil sous ses facettes les plus variées et n’hésitant pas à aborder des sujets audacieux, quitte à parfois créer la polémique. José Medeiros trouva sa place sans problème dans cet univers et contribua grandement à la notoriété de la revue, dévoilant avec sensibilité et poésie les multiples visages du Brésil du milieu du 20ème siècle : la singularité de la société brésilienne, ses racines complexes et ses minorités. Les clichés de Medeiros sont un témoin de l’histoire du pays mais aussi un état des lieux des transformations subies durant ces années là, le Brésil étant en pleine modernisation à ce moment.
José Medeiros a apporté au photojournalisme un statut à part entière au Brésil, tout en bousculant les codes. Il célèbre un pays qu’il chérit, des soirées mondaines de Rio de Janeiro (alors capitale fédérale du Brésil) aux favelas. Il va à la rencontre de personnalités diamétralement opposées, tout en conservant son humanisme et une certaine retenue : il est l’un des tout premiers photographes à avoir réalisé un photo-reportage parmi les indiens d’Amazonie, dans une région reculée alors vierge. Il participa de même à un reportage intitulé « Les fiancées des dieux sanguinaires », au cours d’une cérémonie de candomblé (religion afro-brésilienne pratiquée essentiellement dans le Nordeste).
L’exposition « Chroniques brésiliennes » n’a dévoilé qu’une partie des innombrables clichés réalisés par José Medeiros. Les tirages modernes avaient été effectués à partir de négatifs, détenus depuis 2005 par l’Instituto Moreira Salles à Rio de Janeiro (qui en possède plus de 20000 !). Une infime partie de son travail, mais des tirages « clés » on peut dire : le Brésil festif, le Brésil pur d’avant le colonialisme, le Brésil mystique…Ce n’est pas un hasard si ce photographe hors du commun fut surnommé « le poète de la lumière » par le cinéaste Glauber Rocha en son temps, lui qui deviendra dans les années 1960 directeur de la photographie pour le Cinema Novo brésilien !
Pour ceux qui ont manqué le rendez-vous, il reste un magnifique ouvrage très complet sur l’exposition, édité chez Hazan.
Aurélie Falleau