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« Les catastrophes écologiques se multiplient. Les changements climatiques s'accélèrent. Les ressources vitales de la planète s'épuisent. La démographie mondiale s'emballe. D'énormes pressions politiques et économiques asphyxient le développement de la prospective. Les sommets, les congrès, les forums, les conférences se succèdent. Ils révèlent et dénoncent les dysfonctionnements et les dangers qui nous menacent. Mais... Qu'attendons-nous pour réagir ? »
Par ce constat réaliste et alarmiste, l'auteur met le lecteur - jeu de mots trop facile pour la circonstance ? - directement "dans le bain", le sort de la Planète Bleue étant lié à la manière responsable ou non dont les humains exploiteront leur capital "eau".
Le cadre de son enquête étant ainsi défini, siècle du développement durable oblige, l'architecte Véronique Willemin retrouve rapidement les voies et réflexions liées à ses compétences propres. Ou plus précisément ici, pour reprendre le titre de la collection à laquelle se rattache son ouvrage, elle explore certaines formes d'"anarchitecture", ce terme recouvrant les expressions alternatives et vernaculaires de l'art de construire, que ces pratiques du bâti et de l'espace soient prospectives, marginales ou bien visionnaires.
L'ouvrage comporte trois grands secteurs : les extensions sur l'eau, les maisons flottantes fixes et les maisons flottantes "itinérantes". Un dernier chapitre est enfin consacré aux projets et réalisations d'habitat sous-marin, un domaine où s'illustre particulièrement l'agence Rougerie.
Au gré de son abondant inventaire, l'auteur nous offre un chassé-croisé de projets plus ou moins aboutis (réalisables ?) et de constructions effectives issues de savoir-faire traditionnels ou de concepts architecturaux récemment mis en oeuvre. De Venise et des ponts habités au projet City in the Ocean (Abu Dhabi), des villages flottants de la baie d'Along (Viêt-Nam) aux maisons amphibies, des simples radeaux de survie ou de l'Arche de Noé en cours de construction aux Pays-Bas à la fantastique île flottante conçue par Jean-Philippe Zoppini ou à la Golden City de Daniel Pecqueur, dont la construction verrait le jour en 2064, quelque 180 projets, modes d'habitat traditionnels et réalisations récentes sont décrits et abondamment illustrés.
Qu'il s'agisse de construire et d'habiter "les pieds dans l'eau" ou de concevoir et réaliser d'autres formes d'habitat directement liées au milieu aquatique, les audaces architecturales répertoriées par Véronique Willemin échappent à la sphère de la pure utopie pour prendre place dans la perspective salutaire que sont en droit d'attendre certaines contrées de notre planète. Les maisons sur l'eau ne sont donc pas, en définitive, une simple vue de l'esprit, proche du divertissement, de la part d'architectes à l'imagination foisonnante, mais bien une réponse innovante à certaines situations de mal-logement ou de volonté de "vivre autrement".
Alors que la société « ne parle plus que de réchauffement de la terre, de la montée du niveau des océans, de développement durable, de maisons bio et de coût global », l'environnement étant devenu une préoccupation internationale, il est des architectes qui n'ont pas attendu pour « réagir ». Ce livre en apporte une très convaincante démonstration.
Si l'eau est à l'origine de la vie, ne serait-elle pas devenue aussi un repaire pour notre survie?
"Maisons sur l'eau", de Véronique Willemin, éditions Alternatives, 2008, 216 pages.