Les émotions, comme la peur, sont liées, au départ, à des signaux sensoriels qui parviennent au cerveau. En découvrant que ces signaux, première étape des émotions sont traitées dans le cortex en reconstituant leur "trajet" cette collaboration scientifique Franco-Suisse, dont des chercheurs de l'Inserm, vient peut-être d'ouvrir une nouvelle voie thérapeutique pour certains troubles anxieux. Des conclusions publiées dans l'édition du 7 décembre de la revue Nature.
Alors que l'amygdale, une structure cérébrale profonde, était connue pour son rôle clé dans le traitement de la peur et de l'anxiété, ces chercheurs français de l'Unité Inserm 862 et suisses du Friedrich Miescher Institute viennent de découvrir que la zone la plus importante du cerveau, le cortex, connue pour son rôle dans les fonctions cognitives est également une zone clé pour les apprentissages émotionnels. Car le signal sensoriel qui déclenche l'émotion est notamment traité dans le cortex.
Une découverte importante, puisque 10% de la population environ souffre de troubles anxieux. Ces patients craignent certaines situations ou objets -qui déclenchent ces stimuli sensoriels- de manière exagérée par rapport au danger réel.
Les chercheurs sont parvenus à retracer le trajet d'un stimulus sensoriel dans le cerveau lors de l'apprentissage de la peur et à identifier les circuits neuronaux sous-jacents sur des souris. Sur l'animal conditionné pour associer un son à un stimulus, les chercheurs ont pu grâce à une technique d'imagerie, visualiser l'activité des neurones, marqués par un indicateur chimique.
Sous l'effet du stimulus, un microcircuit s'active dans le cortex : Alors qu'en dehors de tout stimulus, les neurones du cortex auditif sont « éteints », en cas de peur, un microcircuit s'allume au niveau du cortex, grâce à la libération d'un neurotransmetteur, l'acétylcholine. Cette activation, nécessaire à l'apprentissage de l'émotion, permet à l'animal d'analyser, de manière spécifique la cause du stimulus, en bref, la cause de sa peur.
La découverte de ce microcircuit désinhibiteur ou activateur dans le cortex, pourrait permettre d'empêcher que s'installent, dans certaines situations, des troubles anxieux tel que le stress post-traumatique par exemple.
Source: Communiqué Inserm et Nature décembre 2011 « A disinhibitory microcircuit for associative fear learning in the auditory cortex »
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