« The French way of work ». Avec un titre pareil, l’hebdomadaire Anglo-Saxon The Economist allait-il nous rappeler « one more time » combien les Français sont fainéants au travail ? Ou encore se lancer dans une diatribe contre notre système « made in french » si souvent décrié Outre-Manche : 35 heures, congés payés, grèves à répétition ?
En réalité, le journal s’en prend au mauvais management à la française, responsable de notre relation troublée avec le travail et de notre désamour pour l’entreprise.
D’après un récent sondage mené par Opinionway, seuls 64% des Français déclarent aimer leur entreprise, alors que les Frenchies, plus que leurs voisins, se disent satisfaits de leur boulot.
Un rapport sur la compétitivité nationale réalisé par le Forum économique mondial de Davos avance que les Français sont beaucoup plus attachés à la valeur du travail que les Américains, Britanniques ou les Néerlandais.
Alors pourquoi les Français n’aiment-ils pas leur boîte ? A cause de leurs « boss », répond The Economist.
Deux salariés sur cinq auraient une vision négative de leurs dirigeants, moins d’un tiers déclarant entretenir des relations amicales avec leurs managers contre deux tiers des Américains, des Britanniques ou des Allemands.
« Si l’attitude des Français au travail sort de l’ordinaire, les méthodes de management françaises ne sont pas non plus habituelles », juge le magazine.
Tout s’explique par le recrutement « élitiste » des managers : « Un trop grand nombre d’entreprises françaises parient sur les élites scolaires gouvernementales plutôt que sur la promotion de salariés en interne selon le rendement au travail. Du coup, la grande majorité des dirigeants viennent d’une poignée de grandes écoles, comme Polytechnique. » Cette tendance avait déjà été pointée du doigt en 2007 par l’économiste français Thomas Philippon dans son livre Le capitalisme d’héritiers.
La récente nomination d’Alexandre de Juniac, nouveau patron d’Air France KLM, ex Directeur de cabinet de la ministre de l’Economie et des Finances, Christine Lagarde, ne fait que confirmer cette idée. Une tradition élitiste bien française qui s’oppose au modèle d’empowerment, notion chère aux Anglo-Saxons, qui désigne le fait de donner du pouvoir à ses salariés.
Enfin, l’hebdomadaire conclut qu’il est grand temps que les entreprises françaises reconsidèrent leur stratégie et leurs relations avec les employés pour gagner en compétitivité.
« Et si ça ne marche pas, les managers auront enfin raison quand ils accusent leurs salariés ».
Sources : The Economist