[Avis] Les tribulations d’une caissière: mélange irréel de comédie sociale et romantique

Par 3moopydelfy @3Moopydelfy

Les tribulations d’une caissière, avant de devenir le film de Pierre Rambaldi c’est un excellent récit d’anecdotes signée par Anna Sam. Je préviens tout de suite les fans du livre, c’est une adaptation avec ce qu’elle comporte de changements et d’ajouts. Notamment l’histoire d’amour entre les deux héros princesse et prince des temps modernes: Solweig et Charles. Comment mettre en image, des petits mots qui pèsent lourd dans le quotidien d’une caissière? Car derrière l’hôte une être humain est là, il sourit, vit et s’attriste comme tout à chacun.

Anna Sam a mis en mots ses rencontres, les péripéties dans les supermarchés dans lesquels elle a travaillé. Pierre Rambaldi les a mis sur pellicule en les sublimant. Le cynisme est évacué avec une romance. Deux réalités apparaissent, deux comédies sociales et romantiques. L’ambiance conte de Noël permet de poser un décalage entre les valeurs du magasin (froid et dur) et l’amour, la solidarité qui règnent. Car dès les premiers dialogues, ce qui frappe c’est cet énorme potentiel social. Loin des richesses du porte-feuille, la richesse du coeur remplit l’atmosphère. Le ton employé, le moyen de communication des revendications de Solweig nage dans l’ère du temps. Elle écrit pas seulement pour elle, mais pour toutes les hôtesses de caisses. Une simple reconnaissance, un simple bonjour, c’est pas compliqué et ça peut apporter beaucoup. Les tribulations d’une caissière démontre le quotidien difficile, les remarques, tout ces petites attentions dont on est pas forcément conscients. La fraîcheur du sujet offre une possibilité de s’identifier. L’humour présent se montre léger. Le coup des Ip et de l’intracabilité du blog prête à sourire.  Nombreuses situations sont assez criantes de vérités. Solweig est une bouée, un ange, qui mène vers les cieux et évite de couler.

L’approche de la comédie romantique est irréaliste. Solweig rêve à un Prince. Elle a un métier pour payer ses factures, on a pas toujours le choix, le destin a aussi son mot à dire. La jeune femme élève son frère, et garde au fond de son coeur des souhaits. A plusieurs reprises un parallèle se forme entre la satyre sociale et les films d’amour. Les 2 êtres se rencontrent d’une manière improbable. La scène est touchante, magique, un peu comme si le public était transporté dans les pays des mythes de l’enfance de Grimm, Andersen et autres. Le Prince fier tombant sur la demoiselle en détresse, les images sont attendrissantes et induisent sur des fausses pistes. Le destrier est remplacé par une roll’s royce. J’ai eu Cendrillon en tête du début à la fin avec ces regards échangés, ces mots plein de promesses. Dès le début, les deux personnages sont inventés, ils ont une réalité de mensonge, une double identité se créée sous nos yeux. La vraie et celle de notre imaginaire, le destin aidant, il joue des tours, les situations sont trompeuses. Derrière cette apparence, qui se cache vraiment?

Le contraste entre la Princesse et le Prince sont saisissants. Solweig interprétée par Déborah François est un rayon de soleil, une blonde adorable, bouclée telle Aurore ou Boucle D’or. Les autres protagonistes cassent cette aspect lumineux. Elsa Zylberstein par exemple est brune, plus dure, plus sombre. Charles incarné par Nicolas Giraud est un prince vieux jeu, il inverse la romance. Pour une fois, c’est du regard de l’homme que l’aventure se présente. Les papillons dans le coeur, les explosions de sentiments, la passion qui nait. Il oublie tout, il ne pense plus qu’à Solweig. Le jeune homme est bouleversé par sa rencontre.

Mon petit bémol: Pourquoi avoir fait de Charles un comédien? et Solweig jeune professeur de français? D’un côté, le film montre que la culture est un moyen de sortir de sa condition sociale. De l’autre il lie deux destins passionnés par une même base: la langue française. J’aurai aussi bien craqué sur la romance si les héros n’avaient pas partagé cet amour littéraire. A croire que les sentiments ne lient que ceux qui ont les mêmes intérêts. Le conte de fée aurait atteint un summum du bonheur à mes yeux, s’il avait bouleversé un peu plus les convenances.

Si vous prêtez attention de nombreux pans permettent de lier la comédie sociale et romantique. J’ai trouvé très juste la parabole entre le roman d’Emile Zola le bonheur des dames pour terminer sur la pyramide des bouquins dans l’hypermarché. Image forte forte d’un métier en voie de disparition, les vendeuses, les caissières ont changé depuis l’époque de l’écrivain. Le capitalisme remplace et modifie les rôles des femmes et des hommes dans la distribution.  Derrière ce sourire de facade, les pensées partent, difficile de répondre à un client, même s’il est impoli. Alors oui, j’aurai aimé voir Solweig répondre, ne pas serrer des dents, mais je comprends sa réaction de se taire. La part sociale semblera trop mièvre, douce à certains, elle est abordé avec tact, avec respect et si elle réussit à faire changer des attitudes tant mieux.

Les tribulations d’une caissière s’avère un magnifique conte de fée décalé intemporel, frais, doux et tendre. L’oeuvre pourrait se passer hier comme demain. Le fond est d’actualité (voir les histoires de Cora et cie…) ou se déroulait dans un rêve. D’ailleurs le maître mot est de croire, croire en l’amour, croire en rêve. Une comédie pleine de sentiments qui donnent des étoiles dans les yeux. Le film est plein d’espoir, il illumine le coeur. Le ton touche et fait mouche. La solidarité n’attend pas les salaires, pas besoin de milliers d’euros pour aimer son prochain et l’aider. Si vous voulez rêver, profitez de l’ambiance de Noël foncez voir une pépite !!!!

Note: 9/10
3 Moop raisons de voir les tribulations d’une caissière

  • le savoureux mixte entre comédie sociale et romantique
  • Déborah François lumineuse tel un ange de douceur
  • le renversement amoureux de l’aventure sentimentale à travers un héros

3 Moop raisons de voir les tribulations d’une caissière

  • le côté irréel de l’histoire d’amour, le côté mélodrame avec le père de Solweig
  • les mimiques des acteurs (Nicolas Giraud semble parfois perdu dans ses pensées)
  • les sentiments auraient pu être encore plus prononcés comme dans les contes de fée