Chaque console possède son héros fétiche : Nintendo a le plombier, Microsoft a le Master Chief et Sony a Nathan Drake. Ces personnages sont capables de vendre à eux seuls des camions entiers de consoles. Celui qui nous intéresse est né dans les studios de Naughty Dog, le célèbre créateur de la licence Crash Bandicoot, il est connu pour être l’Indiana Jones d’aujourd’hui, le Benjamin Gates (sacré référence !) vidéoludique. En fait, on peut voir Nathan Drake comme le pendant de Lara Croft, un explorateur gymnaste et bagarreur lorsqu’il le faut. Si le premier Uncharted avait fait son petit effet lors de sa sortie, le second, en 2009 mis la barre tellement haute que le développeur du titre se pénalisa tout seul. Difficile en effet de surpasser un volet d’exception qui corrigea et apporta son lot de nouveauté par rapport à l’Uncharted originel. La tâche est ardue, mais le résultat plutôt positif bien que peu inspiré. Test d’un dernier volet qui clôture une série qui n’a plus rien à démontrer.
Basé à Santa Monica en Californie, Naughty Dog est un studio qui développe des jeux vidéos depuis maintenant plus de 20 ans. Crée en 1989 sous le nom de Jam Software, le studio pris son envol en 1996 avec Crash Bandicoot sur Playstation. Une licence qui profita largement à Sony puisque près de 22 millions d’exemplaires de cette série trouvèrent preneurs sur la première console du constructeur japonais. En 2001, Sony Computer Entertainment achète le studio. Dommage pour eux, Crash Bandicoot est entre les mains de Universal Interactive, Naughty Dog se voit alors contraint de lancer une nouvelle série : Jak and Daxter naît ainsi sur Playstation 2. Le jeu se vend correctement, la presse et les joueurs apprécient l’univers et le gameplay, tout va bien. C’est en 2007 que le studio sort son premier titre Playstation 3, un jeu d’aventure qui fait de la concurrence à Lara Croft et son Tomb Raider : Uncharted, Drake’s Fortune. L’accueil est bon, mais le gameplay et la technique paraissent pas encore assez maîtrisé. Uncharted 2 : Among Thieves corrigea les imperfections et apporta un grand nombre d’améliorations, le jeu reçu le titre honorifique de Game of the Year 2009 par bien des sites internet. Près de deux ans après le second volet, Nathan Drake nous revient avec un ultime épisode qui risque comme beaucoup de productions récentes, de partager les joueurs.
L’illusion de Drake
Soyons clair : pour réellement comprendre ce volet, il faut avoir fait au préalable les deux autres. Bien évidemment, ce n’est pas obligatoire, il est possible de prendre le jeu sur le tas. Disons qu’il y a plus judicieux comme choix que de commencer par la fin, les personnages étant déjà installés. C’est à vous de voir.
Comme dans les précédents opus, nous contrôlons le bon vieux Nathan Drake, explorateur et aventurier à ses heures perdues. Toujours à la recherche de quelque chose, le chasseur de trésor entreprend son ultime quête, celle qui a bercé sa jeunesse, celle de son ancêtre Sir Francis Drake : il part à la recherche de la cité des Pilliers, Iram où se cache ce que Thomas Edward Lawrence ou Lawrence d’Arabie pour faire plus simple, n’a jamais réussi à trouver.
Pas de grand bouleversements donc pour ce dernier épisode qui nous plonge dans une aventure digne des plus grands films d’aventures. Indiana Jones peut être jaloux de cette histoire ! Qui dit aventure, dit forcément voyage et on peut dire que de ce côté, Nathan est gâté : il vous fait faire faire le tour du globe en vous permettant de visiter la France, Londres, le désert ou encore la jungle. Cet épisode s’axe principalement sur la jeunesse du héros, on comprend ainsi un peu mieux la relation entre Drake et ses co-équipiers qui répondent d’ailleurs tous présents. Mise à part ça, l’intrigue, basique, tient plutôt bien la route. Les aficionados de film d’aventure risquent cependant d’être un poil déçus, l’ensemble étant très souvent cliché : les toits et les sols sont comme d’habitude aussi solides qu’une feuille de papier (sublime métaphore) par exemple. De temps en temps, c’est sympa, tout le temps c’est plus embêtant qu’autre chose. Pour l’effet de surprise, on repassera. Heureusement, Uncharted 3 fait mieux que de proposer des scènes déjà-vues, il innove parfois et lorsqu’il le fait, ce n’est pas à moitié. Côté scénario, on peut donc dire que cet ultime volet conclu la série d’une bonne manière, bien qu’on aurait aimé que les développeurs soient plus cohérents quant à l’utilisation des équipiers de Nathan.
Des fondations solides
Une fois encore, on se retrouve face à ce dilemme : faut-il changer une recette qui marche ? La réponse semble être définitivement non pour les développeurs d’Uncharted qui reprenne adroitement ce qui a fait le succès de sa série. On se retrouve ainsi face à un jeu qui mélange brillamment action, infiltration, exploration et réflexion (vous l’aurez compris, que des choses en «ion»). La maniabilité est simpliste, accessible et bien pensée. Nathan se contrôle vraiment instinctivement, un point positif au service du rythme. Plutôt intense, le jeu mixe les phases de jeu: on se retrouve aussi bien dans le désert à tenter de survivre, délirant et exténué, qu’en pleine ville à combattre des hordes d’ennemis ou en jeep poursuivis. C’est cette variété qui donne une dynamique au titre, bien qu’elle plombe, ironiquement, parfois le rythme. Le titre ressemble à une vague, il y a des moments forts puis l’intensité retombe pour revenir. D’ailleurs les scènes de combats en sont un bon exemple : en nombre suffisant, les affrontements se montrent plus difficiles que ceux du précédent opus. Autant dire que vous serez mis à rude épreuve, il vous faudra bouger sans arrêt, les ennemis n’hésitant pas à vous encercler pour mieux vous éliminer. Ils ne plaisantent pas les méchants dans Uncharted 3. Grand public, mais ardu lorsqu’il le faut, le titre sait faire la part des choses. La meilleure technique pour réussir un affrontement reste d’éliminer dans un premier temps discrètement les cibles faciles au corps-à-corps ou avec une arme munie d’un silencieux puis de faire le ménage rapidement. Histoire de varier les plaisirs, des combattants plus robustes que les autres viendront vous saluer. Pour vous épauler dans les moments difficiles, vos acolytes sont (parfois) présents… et c’est tout. Ils sont bien là, ça cela ne fait aucun doute, mais on se demande souvent pourquoi tant leur présence est peu utile. Si l’I.A des ennemis est furieuse, active et plutôt intelligente, celle de nos alliés est l’antithèse de tout ça. Nos co-équipiers se cachent, font comme si les intrus n’existaient pas, vous êtes Nathan Drake et vos ennemis sont des fantômes qui ont la possibilité de vous tuer. D’où le nom l’illusion de Drake.
Blague à part, ce volet apporte quelques sympathiques petites nouveautés : Nathan peut désormais dégoupiller une grenade et l’accrocher à un ennemi, assez pratique. Le décor est plus vivant qu’auparavant, l’intéractivité a été poussée. On peut par exemple prendre (sans pour autant chercher à le faire) une casserole pour frapper quelqu’un. Enfin de nouvelles armes sont utilisables. Dans l’ensemble, le gameplay de ce troisième Uncharted n’étonne pas réellement. On retrouve ce qui a fait le succès de ses petits frères pour notre plus grand plaisir. On regrette que l’impression de liberté… ne soit qu’une impression. Le titre a des faux airs d’Assassin’s Creed par moment, on pense pouvoir grimper un peu partout pour accéder à l’objectif, mais en réalité le chemin est déjà tracé. En fait, ce qui change vraiment dans ce volet, c’est le background et la technique du titre. Parlons-en d’ailleurs.
C’est de toute beauté !
Le second volet était très beau, le troisième repousse encore les limites : Uncharted 3 est assurément l’un des plus beaux titres de cette génération, si ce n’est le plus beau. La réalisation est tout simplement fabuleuse. Les couleurs sont chatoyantes, chaudes, le style est réaliste et le frame-rate parfait. Le jeu ne souffre pas de ralentissements, même lorsque la console est fortement soudoyée par les nombreux effets du titre. Le plus impressionnant reste la profondeur de l’univers, tout déborde de vie, les détails foisonnent, on a l’impression d’y être. Parfaitement modélisé et animé, le titre ne fait pas dans la demi-mesure. Afin d’enfoncer le clou un peu plus loin, Naughty Dog a mis son sublime moteur au profit d’une mise en scène travaillée et cinématographique. Musicalement, le travail est moins impressionnant, mais reste tout à fait correct. Les musiques font mouches et le doublage est de qualité. Uncharted ne nous a jamais déçu sur ce point. En tout cas techniquement on peut dire que le titre frise la perfection. »
Conclusion : 8/10
La tâche était rude, mais le résultat est à la hauteur : Uncharted 3 n’a pas à rougir face à son petit frère. Techniquement toujours aussi bluffant, l’ultime volet de la série de Naughty Dog ne déçoit clairement pas. Il faut dire que le titre ne se foule pas vraiment : la recette est connue, elle marche et elle plaît, pourquoi la changer ? Peut être pour donner un peu d’air frais à une série qui n’étonne plus vraiment. Malgré son classicisme, ce dernier épisode nous prouve une fois encore le savoir faire du studio Californien : l’aventure est bien rythmée, le gameplay est travaillé et les graphismes à tomber par terre. Uncharted 3 : l’illusion de Drake conclu sagement une licence qui jusqu’ici n’a jamais fait de faux pas. Du beau boulot.