Outre les modifications apportés à l’ISF ou bouclier fiscal, la loi de finances rectificative pour 2011 propose un tout nouvel encadrement fiscal des trusts. Qu’en penser?
Par François Tripet (*)
Article publié en collaboration avec l’Institut Turgot
- Il est désormais possible de taxer l’espoir, pire, l’éventualité. En effet, il importe peu qu’un « bénéficiaire » éventuel ne reçoive jamais aucune distribution : il est taxé du seul fait qu’il pourrait recevoir une distribution. La situation équivaut à taxer le nouveau-né aux droits de succession au motif qu’il n’est pas exclu qu’il survive à ses parents auxquels il succédera alors un jour !
- Il est désormais possible de taxer une personne du seul fait qu’elle a abandonné sa fortune à autrui, comme si aucun transfert réel ne s’était opéré. La situation équivaut à interdire à une personne de s’appauvrir, quelles qu’en soient les raisons valables.
- Il est possible de rendre redevable de pénalités confiscatoires une personne qui est totalement étrangère à l’infraction commise, quand bien même son ignorance serait prouvée.
- Enfin, il est possible de démultiplier l’assiette du même impôt par autant de bénéficiaires potentiels d’une même situation. Ainsi, en cas de décès d’un constituant de trust comportant 55 bénéficiaires réels ou potentiels, les droits de succession au taux de 60% seraient dus 55 fois !
Point n’est besoin d’être devin pour anticiper un avenir prévisible :
• les étrangers, soucieux de ne pas tomber dans les filets de règles aberrantes, se détourneront purement et simplement de notre pays ;
• les Français de l’étranger, pour les mêmes raisons, mettront rapidement au point des formules étrangères équivalentes qui videront cette loi de sa portée ;
• les Français de France qui aiment Molière sans aimer Ubu, quitteront notre pays ;
• il ne restera bientôt que quelques contribuables pour affronter des contentieux interminables dont chaque décision formera la pierre supplémentaire des édifices qui serviront à anéantir l’intérêt de la loi du 29 juillet 2011.
Il y a peu de temps, la chronique judiciaire était défrayée par l’affaire Clearstream où des manipulateurs amateurs avaient tenté de faire attribuer à autrui des avoirs qu’il n’avait pas. Que ces amateurs se consolent. La loi du 29 juillet 2011 va désormais pourvoir à leur rêves les plus fous !
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Sur le web
(*) François Tripet est avocat à la cour de Paris et ancien président de l’International Academy of Estate and Trust Law (San Francisco, États-Unis)