Camila Vallejo a perdu l'élection à la président de la fédération étudiante chilienne malgré sa popularité (photo Agência Brasil, sous licence Creative Commons Atribuição 2.5 Brasil)
Depuis le début des manifestations étudiantes au Chili, en juin 2011, Camila Vallejo est le visage des jeunes en colère. La jolie brunette a rapidement trusté les journaux et les plateaux télé, décrivant avec méthode et aplomb les raisons de la contestation et du combat des étudiants chiliens. Camila Vallejo, étudiante en géographie et militante du parti communiste a été invitée partout pour porter la voix de la jeunesse chilienne. Et déjà, certains lui promettent une belle carrière en politique.
Pourtant, alors que tout semblait aller dans son sens, la jeune femme a perdu, mercredi 7 décembre 2011, l’élection pour la présidence FECh (Federación de estudiantes universidad de Chile, la fédération étudiante principale du Chili) qu’elle présidait depuis un an, selon les résultats officiels annoncés par l’organisation (à voir ici). L’étudiant en droit, moins médiatique, Gabriel Boric remporte les suffrages. Il est également militant de gauche et affiche une posture plus radicale. Camila Vallejo est nommée vice-présidente. Sa liste, Izquierda Estudiantil (la gauche étudiante) est 189 voix derrière celle de Gabriel Boric, Creando Izquierda (Gauche en création) : 3864 suffrages contre 4053.
Ce n’est pas à proprement parler un revers pour elle. Sa popularité reste conséquente. Elle entend d’ailleurs maintenir un rôle majeur dans la suite du mouvement. Elle se veut même optimiste, assurant, dans le journal El Mercurio :
- ” Ceux qui intègrent le conseil d’administration sont tous de gauche ce qui prouve que c’est la majorité de gauche qui s’est exprimée. Nous en sommes très heureux, et le travail à faire nous incite à rester unis.”
Sitôt élu, Gabriel Boric a salué le travail de ses prédécesseurs “qui ont su faire du mouvement étudiant un sujet national” et attaqué le gouvernement qui “a réprimé la citoyenneté.” “Nous ne voyons personne comme un ennemi ou un adversaire”, lui rétorque le porte-parole du gouvernement Andrés Chadwick.
Grande différence avec Camila Vallejo, Gabriel Boric est moins en phase avec le soutien du corps professoral, critiquant même ouvertement le président du syndicat des enseignants quand Vallejo le soutenait.
- “Nous condamnons sa position et pensons que l’heure est à l’unité dans la lutte pour l’éducation publique”, affirme Jaime Gajardo, responsable du syndicat enseignant.
La contestation étudiante continue donc. Mais sous quelle forme ? Les manifestations sont maintenues mais la nouvelle distribution des rôles change la donne. Camila Vallejo, plus ouverte à la discussion, est dépassée par un Gabriel Boric plus radical. Les premières tensions vont-elles conduire à un essoufflement ? Peu probable. Même si le gouvernement rechigne encore à donner pleinement satisfaction aux étudiants chiliens, les quelques propositions montrent une très légère ouverture après la fermeté des premiers mois. La grande inconnue reste la place du leader Camila Vallejo dans ce schéma. Son poste de vice-présidente lui permet de rester largement dans le jeu tout en gardant une certaine liberté de ton et un regard plus critique. Elle reste aussi, encore, la favorite des médias et le visage de la contestation à l’étranger. Plus qu’un faire-valoir, elle se pose en garante de l’unité et en contrepoids. C’est peut être là où son rôle sera déterminant.