Certes, tout le monde s'accorde à reconnaître que la crise économique que nous connaissons est d'une gravité exceptionnelle. Certes la situation devient très compliquée pour des millions de personnes en France et dans le monde. Pour autant, il ne s'agit ni de catastrophe nucléaire, ni de déclaration de guerre ou d'un quelconque malheur d'importance. C'est cependant l'impression que l'on peut avoir à la lecture de certains qualificatifs dans la presse : "sommet de la dernière chance", "menaces sur le AAA", "union nationale". Il ne faut rien exagérer me semble-t-il, ce matin j'ai payé ma baguette en euros, ma banquière avait un grand sourire, il y avait encore de l'essence dans les stations services, et je suis prêt à parier que cela risque d'être encore le cas dans les prochains mois.
Mais alors pourquoi cette surenchère ? En premier lieu parce que les journaux, télés et radios doivent vendre ou avoir de l'audience. C'est ce qui les fait vivre. Or, la peur fait vendre, comme l'a si bien démontré Michael Moore dans son film "Bowling for Columbine". Ce n'est pas forcément volontaire, juste un dégât collatéral de notre société d'ultra-médiatisation.
Mais il y a, me semble-t-il, une raison plus pernicieuse, plus insidieuse. Ce n'est un secret pour personne, des grands journaux aux radios et télés publiques ou privées, les grands médias sont peu ou prou tous dans les mains de proches de Nicolas Sarkozy. Or, en dramatisant à outrance la situation, ils font le jeu de celui-ci et contribuent à renforcer la stature de chef d'état compétent aux manettes. Stature que les Français lui contestent depuis 4 ans, et sans laquelle il ne peut y avoir de réélection pour lui.
En outre, cela a de fâcheuses incidences sur la compréhension que le grand public des enjeux. En maintenant les gens dans l'urgence, dans la peur, on les empêche de prendre du recul sur la situation et donc d'envisager sereinement les solutions à prendre. Du coup, ce sont ceux qui parlent le plus vite, le plus qui emportent la mise et peuvent imposer leur rigueur et leur sacerdoce libéral.
Il existe pourtant un autre discours, qui ne prône pas l'austérité, plus juste, plus équitable, mais celui-là ne perce pas dans les médias, parce qu'il est incompatible avec le sentiment d'urgence, parce qu'il demande du temps et de la réflexion. Pour pouvoir comprendre calmement la crise, il faudrait tout simplement déconnecter un peu de l'actualité. Mais dans ce climat d'angoisse, est-ce possible ?
Sur le sujet :
Cui Cui fit l'oiseau dit à peu près la même chose que moi, mais en bien mieux et en bien plus drôle que moi.
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Certains parlent d'Union nationale. Annie taille en pièce cette idée de manière magistrale.
Grâce à la gauche alternative choletaise, on apprend que le Sénat américain vient d'autoriser la détention indéfinie et l'usage de la torture.
Pour le compte-rendu de la visite de Jean-Luc Mélenchon dans ma région de coeur (le Bourbonnais), on peut aller sur son blog, ou sur celui de Vachane qui y était.