[..] Alors il faut être clair et surtout honnête. J’allais écrire intègre.
Soit on accepte que le Front national est un parti qui joue le jeu démocratique et républicain et on ne peut pas l’empêcher de battre les estrades. Soit on lui conteste son statut républicain et alors il n’est pas suffisant de s’attrouper devant les salles où ses militants se réunissent et de perturber leurs réunions.
Il faut oser militer pour l’interdiction de ce parti comme le firent certains (sans succès) dans les années 1980 (autour de Charlie Hebdo). Il n’y a pas de position intermédiaire, pas d’entre-deux, pas de juste milieu ! C’est blanc ou noir.
Guy Birenbaum, sur le lab, réagit dans cet extrait à la sur médiatisation (dans laquelle le FN est passé maître) de l’empêchement qui fut le leur hier, comme chacun le sait à présent, de venir répandre leur propagande d’extrême droite dans un lieu public consacré à l’éducation de la jeunesse : l’Université Paris Dauphine, sous prétexte de débat, par le biais d’une association, DDD (Dauphine Discussion Débat) qui a engagé un partenariat avec Le Figaro, c’est tout dire… Son responsable, Grégoire de Rugy (profil facebook éminemment disponible), qui semble être sur la même ligne de raisonnement que Guy, s’exprime :
Pourtant même Zemmour est contre ! (je triche, c’est pas le même
Et ce n’est pas l’usage immmodéré de termes si connotés à l’extrême droite comme milice (qui appartiennent à l’histoire du fascisme et du pétainisme dont le FN est l’héritier spirituel) qui changeront quoi que ce soit, sinon à démontrer une fois de plus à quel point l’extrême droite aime à pratiquer la figure de l ‘inversion rhétorique, une autre forme de révisionnisme idéologique. Souvenez vous comment Sarkozy (aidé en cela par son conseiller d’extrême droite favori) et le FN l’ont fait pour Jaurès… Récupération de figures de gauche, une pratique de plus en plus courante dans cette droite dure là.
Et l’on voudrait faire croire aux ballots que lutter contre le FN, c’est mal ? C’est anti-démocratique ? Mais c’est justement là tenter de protéger la démocratie, ou ce qu’il en reste, là où les politiques s’en sont montrés bien incapables… laissant une certaine partie du peuple livré à lui-même, et à ses vieux démons, abandonné qu’il est (ou se sent, ce qui entraîne les mêmes conséquences funestes) par la classe politique traditionnelle….
Pour Jonathan Hayoun, président de l’UEJF, il s’agissait de “ne pas donner une tribune à ceux qui sont racistes, xénophobes ou antisémites”. “En prenant la parole devant 200 étudiants, ce débat devient un meeting de campagne de Marine Le Pen. Elle n’a pas sa place à l’université. Elle dresse les communautés les unes contre les autres, notamment avec la préférence nationale”
Ne devrait-on pas se réjouir, en bon démocrate justement, de ce que la banalisation du FN dans les universités ne soit pas encore acquise ?
Fier de vous, les jeunes, continuez à marquer les limites, faut pas pousser. On ne me fera jamais croire comme bien des transfuges socialistes tels que Besson, qu’être contre, c’est être pour, et “faire le jeu de”. Je ne marche pas, ni hier, ni aujourd’hui.
Cependant, je tiens à terminer ce billet en ajoutant que, comme Guy, je suis tout à fait d’accord sur le fait que si le FN n’est pas un parti républicain, il convient de l’interdire, les choses seraient effectivement plus claires. J’ai toujours été partisan de cette interdiction. Les arguments existent pour cela, ils sont connus, éprouvés, et des faits précis, notamment judiciaires, peuvent l’étayer. A ce sujet, je me souviendrai jusqu’à la fin de mes jours qu’un juge, un jour, a établi qu’il y avait bien une filiation idéologique entre Le Pen père et le fascisme, grâce à la plaidoierie admirable, à laquelle j’ai pu assister en partie, de Maître Leclerc. Marine Le Pen est l’héritière de cet héritage fasciste du parti qu’elle soutient. Elle n’a d’ailleurs jamais démenti les propos de son père, et s’en démarque à peine, la preuve en étant qu’il est toujours président honoraire du FN.
Ce parti nanti-démocratique d’extrême droite qui se sert de nos institutions, de nos médias, et de notre système politique si faibles et lâches pour mettre en place une politique qui n’est pas d’essence démocratique, je l’ai toujours et encore jugé extrêmement dangereux. Encore plus maintenant qu’il tente d’avancer masqué sous une apparence de respectabilité, déguisé en blonde au sourire si faux. Les réactions de personnalités médiatiques qui ont découlé d’un sketch de Sophie Aram au début de l’année sont d’ailleurs bien révélatrices de l’hypocrisie ambiante au sujet de ce parti. Doit-on se prévaloir de règles démocratiques pour défendre et donner un boulevard à un parti qui ne l’est pas, qui ne respecte aucunement les règles et la devise de notre république ?
N’a-t-on pas autrefois barré la route au Poujadisme, et à sa bannière politique, l’”Union et fraternité française, mouvement d’extrême droite ancêtre du FN, duquel Le Pen père était l’un des plus jeunes députés du pays d’alors ? Il y a à mes yeux légitimité à le refaire aujourd’hui.
Mais le débat reste ouvert… dans les limites énoncées dans la page d’avertissement ci-dessus, charte d’utilisation de ce blog.
” Le 15 janvier 1992, notre ami Paul-Élie Lévy déclarait devant 8 000 manifestants assemblés contre Le Pen : “Le Pen est le fils spirituel d’Adolf Hitler“.
” Le Pen portait plainte et demandait cent mille francs de dommages et intérêts. Le procès eut lieu le 10 mai 1995 au tribunal de Grande Instance de Nancy. Il fallait une grande impudence pour défendre le fascisme et oser se référer, dans le même temps, aux droits de l’homme. Avec beaucoup de bruit et de fureur, maître Vallas, avocat du président du FN, a tenté de démonter les mécanismes de la ” stratégie de l’empêchement démocratique” qui devait conduire Paul-Élie Lévy à “diaboliser” Le Pen, sous les traits d’Adolf Hitler. Et la question essentielle du procès était du même coup de “décider si un CAFAR (l’appellation locale d’un comité de Ras l’Front auquel j’appartenais, ndlr) peut interdire au FN d’exister sur l’échiquier politique“. (source).
Il s’agit de l’arrêt du 9 janvier 1996 de la cour d’Appel de Nancy, procès JM Le Pen/Paul-Elie Lévy.