La culture doit-elle toujours être rentable ? A priori non. Mais comptons sur le Medef qui a signé un protocole d’accord avec le gouvernement, pour s'en charger ...
Caisses vides et note AAA obligent, le gouvernement français est tenté de trouver de nouveaux modes de financements pour des services qu'il ne veut plus assumer. Le Medef, toujours à l'affut, ne manque jamais de se positionner sur ces « nouveaux marchés »
En attendant de trouver un moyen de s'introduire durablement dans le fonctionnement de l'éducation nationale où il revendique : « (...) une réforme en profondeur du système éducatif en faveur de l’entrepreneuriat (...) » et réclame : « (...) que s’instaure un réel dialogue, régulier, entre les enseignants et les chefs d’entreprise, notamment au sein de la Commission des programmes : contre la vision négative de l’entreprise qui transparaît dans certains manuels (...) » le Medef vient de rendre un service au gouvernement, en acceptant de s'occuper du monde de la culture.
En effet, hier soir, soirée « hype » au siège du Medef, rue Bosquet dans le XVI eme arrondissement. On y célébrait Artissima (Marseille-Provence, capitale européenne de la culture 2013) A cette occasion : « (...) Laurence Parisot, présidente du MEDEF, et Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, ont signé un protocole d’accord visant à favoriser le dialogue entre le monde économique et le monde de la culture (...) »
Que prévoit ce protocole ? D'après le site Aucturank :
« (...) - Etablir un diagnostic partagé sur la situation de l’économie de la culture en France, avec pour objectif d’en éclairer les enjeux en termes de compétitivité et d’attractivité
- Analyser en quoi la culture peut constituer un moteur de la croissance, créateur de valeur ajoutée et d’emplois (...) »
En clair, une franche reprise en main par le privé !
Les grincheux pourraient rappeler qu'en termes de compétitivité et d'emploi, le Medef pourrait se pencher sur : « (...) les industries du spectacle qui multiplient les emplois précaires sans vergogne en abusant du fait que les intermittents sont avantageusement indemnisés pendant leurs périodes de chômage (...) » comme l'expliquait Bruno Coquet, président du Comité de l'emploi de l'Union européenne cité par le blog Les dessous du social
Ce que confirmait le site Actuchomage : « (...) Il faut savoir que la caisse des intermittents est gérée par les employeurs eux-mêmes, et ils font ce qu'ils veulent ... Sont aussi régulièrement épinglées les boîtes de production, véritables parasites de la télévision qui utilisent ce régime dans la gestion de leurs personnels (...) »
Mais visiblement, tel n'était pas l'objet du protocole signé avec le ministre. Par contre, on notera que ce dernier est bien en phase avec le projet pour la culture de l'UMP, qui s'il indique une simple prorogation des règles actuelles, du statut des intermittents du spectacle, préconnise le développement de l’initiative privée, pour le financement de la culture.
D'ailleurs, le développement d'initiatives privées fait partie de l'accord signé entre Laurence Parisot et Frédéric Mitterrand.
« (...) Soutenir, notamment par des actions d’information et de promotion auprès des entreprises, le futur fonds de dotation InPAct (Initiative pour le partage culturel ) idée du ministre de la Culture et de la Communication (...) Laurence Parisot a confié à Pierre Fonlupt, président de la Commission Nouveaux dialogues, la mise en oeuvre, le suivi et l’évaluation des projets menés dans le cadre de ce partenariat (...) »
C'est donc à partir de cette idée que Medef et gouvernement devraient : « (...) croiser l’expertise du privé et du public sur ces questions de démocratisation, et d’apporter soutien et visibilité aux acteurs, notamment associatifs, les plus exemplaires et les plus innovants (...) »
Inutile de dire que les spectacles exemplaires et innovants mettant en cause les ravages de la mondialisation, le harcèlement au travail, les licenciements, les délocalisations ou le chômage seront certainement examinés avec le plus grand soin par la commission des nouveaux dialogues du Medef ...
D'autant que Frédéric Mitterrand et Laurence Parisot ont signé la Charte du mécénat d’entreprise d’ADMICAL dont la lecture de la liste des entreprises adhérentes (quelques exemples ci-dessous) vous donnera une idée des possibles futurs choix exemplaires et innovants.
AXA - BNP Paribas (fondation) - Caisse des Dépôts - CNP Assurances (fondation) - Crédit Agricole - Dexia - EDF Diversiterre (fondation) - Fonds d'action Sacem - Galeries Lafayette (groupe) - GDF SUEZ - Groupama Gan pour le cinéma (fondation) - KPMG (fondation) - La Française des Jeux (fondation) - - L'Oréal - LVMH - Orange (fondation) - SNCF (fondation) - Total (fondation) ...
Mais que diable : Show must go on !
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