Face à la crise économique et au taux de chômage galopant, la philosophie peut-elle venir au secours de l’entreprise ? Certaines grandes écoles n’hésitent pas à introduire des cours de philo à leur programme pour former des managers de demain « responsables ». L’Ecole Supérieure de Commerce de Pau vient ainsi d’organiser une Semaine de la philosophie. Dans un point de vue publié dans Le Monde le 5 décembre, Patrice Cailleba, directeur académique à l’ESC Pau et Fernando Cuevas, professeur de management, expliquent ainsi que « les qualités demandées dorénavant (…) par les entreprises rapprochent les exigences liées à la formation du cadre du XXIe siècle de la formation d’un diplômé responsable qui doit, tout à la fois, être doué d’une solide culture générale et être capable de s’adapter continuellement en se remettant en question régulièrement. Il doit agir comme un entrepreneur pour lui et pour les autres, en basant son action, qui doit être durable, sur des principes éthiques et moraux forts ».
Si les compétences techniques sont essentielles à un bon manager, elles ne sont pas suffisantes, car il doit aussi manifester un sens de la responsabilité face à ses clients et ses collaborateurs. Séverine Le Loarne-Lemaire, professeur chercheur à l’Ecole de Management de Grenoble ne dit pas le contraire quand elle affirme au Journal du Net : « Le manager du XXIème siècle sera philosophe ou ne sera pas ! Depuis deux ans, un nouveau centre d’intérêt semble émerger chez les managers : la quête du sens dans le travail par le recours à la philosophie ». Une problématique bien dans l’air du temps, alors que vient de paraître le livre ‘Socrate, un philosophe au secours de l’entreprise’, écrit par Damien Goy, aussi animateur du blog L’Agora du management.
Le secteur du marketing et de la publicité a compris depuis bien longtemps l’intérêt des « philosophes ». C’est le cas par exemple de Yan Clayessen, coprésident d’ETO, une agence de marketing services. Le magazine Marketing direct lui consacrait un portrait en avril dernier intitulé « Le philosophe du marketing », expliquant que la maîtrise en philosophie de Yan Clayessen l’aidait à appréhender les problématiques relationnelles client avec un regard différent : « Le marketing, tout comme la philosophie, s’attache à mieux comprendre les gens, à décrypter les tendances et les modèles qui guident notre manière de penser ».
Il n’est donc pas question ici de rentabilité ou de productivité. L’objectif de la philo, c’est de redonner du sens, des valeurs, de la responsabilité aux salariés de l’entreprise. Un credo sur lequel se positionne RichAnalysis, une entreprise qui développe des applications informatiques et mobiles. Sa philosophie « Au-delà du profit » se veut un modèle de société économiquement performante associé à des valeurs « humanistes » : liberté des employés de choisir leurs horaires et lieux de travail et temps destiné au service des autres, comme l’implication dans une association à but humanitaire.