Les œuvres d’Ingrid Luche ont la capacité certaine de déconcerter : le spectateur reconnaît dans ses sculptures et ses installations les formes usuelles et fonctionnelles dont elles s’inspirent mais dont elles se distinguent par un écart qui n’est autre que celui séparant la réalité du rêve.
Les espaces que crée Ingrid Luche dans ses expositions sont des rémanences de lieux parcourus, traversés, porteurs d’un vécu devenu inconscient.
La troisième exposition personnelle qu’Air de Paris consacre à Ingrid Luche, Le Lapin turquoise, repose sur des réminiscences d’un univers muséal – un musée particulier, dans lequel les objets sont affectés par les vertus magiques qu’ils sont censé représenter : amples vêtements inspirés des costumes de danses rituelles de tribus amérindiennes (série des Ghost Dresses), sculpture de caractère ethnographique (Monsieur Pigman), objet magique (Le Lapin turquoise).
Le musée n’est plus présentation distante de pièces lointaines, mais expérience à part entière, non pas un lieu de connaissance mais de reconnaissance pour le spectateur. Cet espace parle alors de nos désirs et de nos souvenirs, il esquisse une histoire collective du temps présent, celle où subsistent des témoignages du passé comme autant de marqueurs de l’histoire que l’on veut voir maintenant.
Ingrid Luche vit à Paris et enseigne à l’Ensa de Bourges. Depuis ses études à la Villa Arson, elle développe notamment une recherche sur la perception sensible de l’architecture et des espaces publics et sa restitution par le biais de sculptures, photographies ou installations in situ. La Station à Nice ainsi que le Confort Moderne à Poitiers lui consacraient dernièrement deux expositions monographiques (Le Lapin turquoise et The May Riving Pavilion – au sein du programme estival « De la neige en été »). La galerie du Rutebeuf à Clichy présentera dès novembre prochain son exposition Ailleurs (18.11.11-15.01.12).