L’Assemblée nationale a adopté une résolution ce mardi réaffirmant la position abolitionniste de la France dont l’objectif est, à terme, une société sans prostitution. Elle juge primordial que les politiques publiques offrent des alternatives crédibles à la prostitution et garantissent les droits fondamentaux des personnes prostituées. Dans la foulé, elle devra étudier une proposition de loi visant notamment à pénaliser le client de deux mois d’emprisonnement et 3 750 € d’amende. Le texte prévoit toutefois, sur le modèle des stages de sensibilisation à la sécurité routière, un stage de sensibilisation aux conditions d’exercice de la prostitution !
Peut-on espérer avec ces mesures radicales faire reculer le sexe tarifé ? « Il faut faire passer le message que la prostitution n’est pas la bienvenue dans notre pays. Elle n’est ni l’avenir de la femme, ni l’avenir de l’homme » estime Yves Charpenel, président de la fondation Scelles. À l’inverse, le Strass, (syndicat des travailleurs du sexe), les associations d’aide aux malades du sida comme Act up ou Aides ne sont pas du tout d’accord. Elles dénoncent une hypocrisie, et sont persuadées que de telles mesures ne vont servir qu’à repousser davantage la prostitution dans la clandestinité. Et donc, dans la précarité, avec son cortège de misère et de maladies, sous la férule de julots tyranniques.
Ces associations ont manifesté hier devant l’Assemblée, avec ses slogans comme : « Répression = contamination » ou « vous votez contre nous, vous couchez avec nous ». Pour Sarah-Marie Maffesoli, juriste du Strass : « Ce n’est pas par la répression des travailleurs du sexe qu’on va lutter contre les réseaux, cela va surtout pénaliser les indépendantes ».
Alors, une loi abolissant la prostitution et pénalisant les clients va-t-elle libérer les prostituées et leur redonner leur dignité ? Ou va-t-elle au contraire les enfoncer dans un ghetto encore plus sordide, encore plus dangereux, et dont il est encore plus difficile de sortir ? Le but est-il d’abolir la prostitution ? Ou de ne plus la voir ?
(Source : La Dépêche)