Si vous ne venez pas de la planète Mars et que vous n’avez pas passé les vingt dernières années dans une grotte, vous devez connaître Hayao Miyazaki, ne serait-ce que de nom. De même, vous devez connaître Nausicaä, Princesse Mononoké, Le Voyage de Chihiro ou encore Mon Voisin Totoro (dont l’un des personnages est devenu l’emblème du Studio Ghibli). Si ce n’est pas le cas, courez vite rattraper votre retard car vous passeriez à côté de quelque chose d’incroyable.
Bon, revenons à notre mouton, Hayao Miyazaki. Princesse Mononoké fut le premier film de lui que j’ai vu et dès lors, j’ai compris que je serai fan de ses films. Et vous allez comprendre pourquoi avec la suite de l’article.
Présentation :
Il est né le 5 janvier 1941 à Tokyo. Il est connu pour être le cofondateur, avec d’Isao Takahata, du Studio Ghibli, d’où sortira des merveilles telles que Princesse Mononoké, Le Château dans le Ciel, Le Château Ambulant et tous les autres.
Son enfance est marquée par la guerre, dont il s’inspira pour ses films, mais c’est surtout les avions qui le marqueront. Son père travaillait dans l’aéronautique et une passion naitra chez le jeune Hayao. Ce thème est présent dans presque tous ses films, avec parfois, des design audacieux pour les petites machines volantes.
Une autre passion verra le jour pendant sa dernière année de lycée, qui décidera de sa carrière. Il découvre l’animation avec Le Serpent Blanc. C’est le choc. Malheureusement, ses premiers essais ne le satisfont pas car il ne fait qu’imiter les autres. Mais il ne renonce pas à l’animation et commence par rejoindre le club de rechercher de la littérature à l’université.
C’est le Studio Toei qui lui offre son premier travail, en tant qu’intervalliste. Il se fait remarqué pou son travail et ses idées mais il y rencontre surtout celui qui travaillera avec lui, Isao Takahata, lors des troubles sociaux de 1964.
Ensemble, ils vont travailler sur divers projets, dont Nausicaä en 1983. D’abord sur la version manga puis sur la version animation. Le succès du film est immense et cela leur permet de créer le Studio Ghibli en 1985. C’est le début d’une grande aventure avec Le Chateau dans le Ciel en 1986 puis la consécration en 1988 avec Mon Voisin Totoro (dans lequel on retrouve des thèmes qui lui sont personnels, avec notamment la maladie de sa mère)..
C’est une biographique très brève mais le principale commence maintenant.
L’homme et la nature :
On pourrait résumer cette dualité omniprésente avec une simple phrase: « Homme vs Nature ». Le constat est souvent le même avec une humanité désireuse de toujours développer ses capacités, notamment technologiques, sans se soucier du mal qu’elle peut faire, ni des conséquences. On retrouve bien cette idée dans Princesse Mononoké où un village n’hésite à raser les forêts et tuer les animaux sacrés pour ses forges et son armement, ou dans Nausicaä qui montre un monde plongé dans la guerre et la destruction. Dans ces cas, l’homme prend ce dont il a besoin et ne comprend pas le mal qu’il fait, non seulement à ses prochains mais également à lui-même. Il court vers une évolution qu’il ne peut jamais atteindre, puisque toujours en mouvement, mais qu’il frôle sans cesse des doigts. Difficile dans ces deux films de ne pas faire un parallèle avec ce que l’auteur à lui-même vécu étant enfant. L’horreur de la guerre.
Dans le Château dans le Ciel, l’idée de départ est la même mais vue autrement. Le château, oeuvre suprême de modernité, est en connexion avec la nature qui a repris ses droits, après la disparition de la vie humaine. Mais quand il est de nouveau habité, il devient alors une arme de guerre destructrice et presque incontrôlable, à cause de son avancée technologique. Car oui, ce n’est pas réellement la technologie le problème, c’est bien l’utilisation que l’homme en fait. On voit par exemple un robot, pourtant destiné à tuer, s’occuper d’un jardin et servir de perchoir aux oiseaux. Mais au contact de l’homme, il reprend son rôle de tueur. Après tout, les deux robots présents dans le film ne sont-ils pas les deux facettes d’une seule et même entité mais utilisée de manière différente?
Comment la guerre peut changer notre nature profonde
Dans d’autres cas, l’homme et la nature cohabitent en une harmonie certaine, comme dans Mon Voisin Totoro. Les deux fillettes découvrent un monde qu’elles ignoraient et qui n’est pas régi par une quête incessante de la modernité. Elles découvrent au contraire une vie simple et rassurante, loin des tracas quotidiens de la vie urbaine. Dans ce monde empli de chat-bus, de noiraudes ou de Totoro, elles goutent à la tranquillité, à l’insouciance mais également à la vie, en compagnie de créatures magiques. Ce n’est pas parce qu’on dispose des dernières modernités qu’on peut être heureux. Le bonheur se résume parfois une simple rencontre ou à une ballade en chat-bus (oui, j’adore le chat-bus ^^).
Il y aurait d’autres exemples tout aussi parlant concernant la nature mais quelque soit le film, le message est clair: il faut respecter la nature. Et Miyazaki n’est pas avare de ce message, qu’il nous ressert à chaque fois, sous divers points de vue. Ses conclusions sont souvent alarmistes mais surtout, il présente une nature, non pas passives, mais actives, voir brutales quand cela est nécessaire. L’homme tue et ne fait attention à rien et il faut parfois calmer ses ardeurs et son tempérament belliqueux, qu’il ne peut plus contrôler au fil du temps.
Un héros se construit :
C’est une chose souvent ignorée ou mal perçue mais le héros n’en est pas un. Ou plutôt, il ne l’est pas au début des films. Le personnage principal, qu’il soit fille ou garçon, est souvent un humain en quête de soi. Il est bien entendu bon de nature mais il lui manque cette chose qui transforme un gentil en héros. Ainsi, on peut voir Ashitaka comme un prince bon mais pas encore tout à fait terminé. Il est trop idéaliste et ne comprend pas encore qu’un choix est parfois nécessaire. Si bien qu’il tombe vite dans les pièges et se retrouve rapidement dans des situations dangereuses.
Pazu, du Château dans le Ciel, est un peu pareil. C’est un petit gars sympathique, joyeux et aventureux, qui rêve de découvrir la forteresse volante pour prouver que son père ne mentait pas. Mais son entêtement, qui part d’un bon sentiment, peut finir par causer la perte du monde si d’autres venaient à découvrir cette forteresse. Il le comprend un peu tard mais se rattrape en abandonnant son rêve pour sauver le monde et ceux qu’ils aiment, en particulier Sheeta. Un rêve doit parfois rester un rêve pour protéger. Et c’est au moment où il comprend ça qu’il murit pour atteindre le statut de héros.
Oublier ses peurs et profiter de la vie
L’évolution du héros est donc un thème récurrent et qui explique pourquoi ce sont souvent des enfants qui sont les personnages principaux (comme dans Le Château dans le Ciel, Chihiro ou encore Totoro). Leur jeunesse d’esprit permet une compréhension plus grande des chose importantes de la vie mais c’est surtout parce que les enfants sont les plus à même d’évoluer. Ce qui explique aussi que l’apprentissage soit si rude par moments car dans beaucoup de cas, il s’agit de la fin de l’innocence et la révélation d’un cruelle réalité. Les adultes ont souvent des idées arrêtées et ne veulent pas changer. C’est la raison pour laquelle ils tiennent les rôles de méchants. Les adultes ne rêvent plus et ne peuvent voir les choses magiques de ce monde (Totoro).
Mais quoiqu’il arrive, et quelque soit l’âge du héros, il n’évolue pas seul. Il évolue au contact des autres, grâce aux autres et avec les autres. Considérer ce point comme une symbiose ne serait pas ridicule car d’une part, cela rejoint l’amour de la nature, cher à maître Miyazaki, et d’autre part, un être isolé ne peut rien faire, sauf stagner et rester sur ses fausses idées.
Des mondes magiques :
Personne ne peut ignorer les créatures fantastiques qui sortent de son esprit et qui ajoutent à cette magie dont on ne se lasse pas. On a vraiment de tout, des entités animales (Nausicaä ou Princesse Mononoké) qu’on identifie facilement, aux êtres presque fantomatiques (Sans Visage dans Chihiro), en passant par les êtres rappelant d’autres cultures (Calcifer dans le Château Ambulant). Dans ce jardin incroyable et diversifié, on ne peut que s’émerveiller de leur présence, toujours entre rêve et réalité. Existent-ils réellement ou ne sont-ils que le résultat de l’esprit torturé des personnages? Sont-ils la matérialisation des désirs enfantins que les humains portent en eux? Qu’importe, le principal est qu’ils soient là. D’autant plus qu’ils sont souvent intelligents, attentifs au moindre variation dans l’esprit des humains et vivant en harmonie avec la nature.
les Sylvains, esprits de la forêt
Ils arrivent que ces créatures se révèlent violentes. Le meilleur exemple est celui de Mononoké où les animaux sacrés décident de combattre les humains, responsables de la disparition de leur habitat. Même si ce comportement est facilement explicable, il n’est pas considéré comme valable par l’auteur. Ainsi, quand Okkoto est blessé mais toujours aussi déterminé à la guerre, le Dieu-Cerf (représentation de la nature) ne le sauve pas et préfère sauver Ashitaka, qui oeuvre pour une paix improbable mais qui reste le meilleur choix. La violence n’est jamais une solution acceptable et ne peut déboucher que sur quelque chose de pire. Et c’est pareil dans Nausicaä avec les insectes. On pourrait les voir comme une réponse de la nature mais il y a toujours un être supérieur de la nature, apparaissant comme modérateur. L’harmonie vaudra toujours plus que la colère.
Conclusion :
Le monde, ou plutôt les mondes, de Miyazaki sont riches, variés et magiques. Miyazaki est un maître et personne ne pourra le contredire. Même dans un film qui pourrait ne s’adresser qu’aux enfants (Totoro ou même Chihiro), les adultes ne pourront rester insensibles à la poésie qui en découle. Mais dans tous ses films, il y a des messages auxquels nous devons être attentifs : respecter la nature, respecter les autres, respecter la vie. C’est très résumé, je le concède, mais je pense que c’est assez bien résumé. La guerre et la violence n’amènent rien sauf davantage de problèmes. Et l’Homme ne s’en tire pas à bon compte dans cette conclusion car il est responsable de tout (ou presque). Pour toutes ces raisons, j’aime les films de Miyazaki.