Une femme sur 6 se déclare victime de violence conjugale dans l'année de son accouchement. Et 40% des femmes qui signalent des symptômes dépressifs après la naissance de leur enfant, signalent aussi cette violence subie du partenaire intime, selon cette étude publiée dans l'édition du 7 décembre de la revue scientifique BJOG. Alors que beaucoup d'autres facteurs de risque sont évoqués en général pour la dépression post-partum, cette étude met en exergue la violence conjugale comme l'un des facteurs de risque principaux. Elle tire la conclusion clinique d'un dépistage systématique des symptômes de dépression puis, dans certains cas, de la violence conjugale, dans les 12 mois qui suivent l'accouchement.
La violence conjugale, qu'elle soit physique ou psychologique, dans la période périnatale est associée à toute une gamme de problèmes de santé évidemment néfastes pour la grossesse et la naissance de l'enfant, entraîne la dépression postnatale et des troubles de comportement chez les enfants, rappellent les auteurs.
Cette étude australienne a suivi 1.305 femmes au départ sans enfant, recrutées dans 6 hôpitaux publics entre 6 et 24 semaines de grossesse. Ces participantes ont répondu à des questionnaires au départ de l'étude et 3, 6 et 12 mois après leur accouchement. Les symptômes dépressifs ont été évalués en utilisant l'échelle de dépression postnatale d'Edinburgh (EPDS-Edinburgh Postnatal Depression Scale) et la violence du partenaire intime a été évaluée en utilisant la version courte de l'échelle « Composite Abuse Scale ». Les données sur les symptômes dépressifs ont été recueillies à plusieurs stades de l'étude.
L'étude constate
· qu'une femme sur 6 signale la violence conjugale dans l'année de l'accouchement. La violence psychologique s'avère plus fréquente que la violence physique (14% versus 8%).
· 16% des femmes signalent des symptômes dépressifs dans les 12 mois de post-partum, les premières déclarations de symptômes dépressifs intervenant 6 mois après la naissance.
· Les autres facteurs associés aux symptômes dépressifs post-partum sont la violence psychologique seulement, l'abus physique, la dépression durant la grossesse et le chômage en début de grossesse.
· L'association significative entre la violence du partenaire et les symptômes dépressifs au cours du post-partum persiste même après ajustement avec d'autres facteurs de confusion connus.
La violence conjugale, facteur de risque flagrant de dépression post-natale: Le Dr Hannah Woolhouse du Murdoch Childrens Research Institute de Victoria (Australie), co-auteur de l'article, commente : «La dépression après l'accouchement a retenu beaucoup d'attention ces dernières années. Ses facteurs de risque connus incluent les antécédents de dépression, les relations de couple dégradées, le stress, des problèmes de santé ou sociaux, un faible soutien social et un faible revenu. Nos résultats indiquent que la violence du partenaire intime est aussi un facteur très fréquent de dépression post-natale, un facteur important à considérer par les professionnels de santé dans la gestion de la détresse postnatale.
Pratiquer le dépistage systématique des symptômes dépressifs dans les premiers mois suivant l'accouchement devrait faire partie intégrante des soins périnatals de routine. C'est d'ailleurs ce qui est pratiqué au Royaume-Uni et en Australie, précisent les auteurs. Avec une difficulté, le signalement de ces symptômes au moins six mois après l'accouchement ou plus tard.
Source: BJORG 2011; DOI: 10.1111/j.1471-0528.2011.03219.x. Depressive symptoms and intimate partner violence in the 12 months after childbirth: a prospective pregnancy cohort study via Eurekalert Depressive symptoms and intimate partner violence in the 12 months after childbirth(Visuel Fotolia)
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