Kikoo les zamis, ça boome ? Je suis trop content de vous retrouver sur ce blog con et sensuel. Aujourd’hui je délaisse mes amours fruitiers pour vous parler de choses bien plus positives ; le genre qui vous réchauffe votre petit cœur meurtri, et vous redonnerait presque foi en l’humanité : Minecraft.
Oui, je vois déjà les râleurs au fond : un jeu vidéo en guise de rédemption pour notre planète surpeuplée et notre système économique qui n’en peut plus de défaillir, c’est mince. Comme ta bite. Mais c’est toujours mieux que rien.
Ah, les jeux vidéos… la créativité, l’originalité, la joie de découvrir des univers nouveaux et originaux, le plaisir d’être confronté à un challenge, d’être actif et de ne pas bêtement manger la soupe que TF1 sert à tous ces moutons… C’était la belle époque, n’est ce pas ?
Je vais faire mon vieux con, mais ces dernières années je trouve que les jeux vidéos filent un mauvais coton. Les graphismes s’approchent de plus en plus du photo-réalisme, la réalisation s’inspire du cinéma, les budgets de développement explosent et les enjeux également ; le dernier Call of Duty a rapporté 750 millions de dollars en 5 jours, réalisant le meilleur lancement de l’histoire pour un produit culturel (devant Avatar). Les joueurs font face à de plus en plus de jeux de qualité, et ont de moins en moins de temps pour jouer (ils vieillissent, les gros bâtards) ; ils ne supportent plus la frustration.
Les jeux sont donc de plus en plus simples et de plus en plus bêtes, avec une grosse flèche t’indiquant où te rendre, des succès toutes les 3 minutes pour te signaler que tu es VRAIMENT trop fort, des co-équipiers gérés par l’ordinateur qui font le travail pour toi, une barre de vie qui revient au max au bout de 3 secondes à couvert et des sauvegardes automatiques tous les 200m. C’est triste à dire mais je crois que j’aurais plus de mal à défendre les jeux vidéos aujourd’hui qu’il y a 15 ans. En tous cas pour les grosses licences.
Bref, c’est dans ce contexte pas très folichon de joueurs feignants et de milieu frileux qu’est sorti Minecraft, en mai 2009.
Minecraft, c’est les Legos de votre enfance ; c’est un monde généré aléatoirement et infini ; c’est un jeu de construction, de survie et d’exploration. Vous pourrez
- creuser jusqu’au tréfonds de la terre pour trouver des minéraux précieux
- couper des arbres
- tondre des moutons
- tuer des cochons
- vous battre contre des archers squelettes et des dragons
- construire des châteaux
- créer un réseau ferroviaire
- faire de la musique
- partir à la pêche sur votre bateau
- exploser une montagne à la TNT
- détourner des cours d’eaux
- cultiver du blé
- forger votre équipement
- vous rendre dans un univers parallèle très dangereux
- jouer au pyromane dans la forêt
- réviser vos connaissances en électronique en faisant des circuits logiques d’une complexité hallucinante
Et je ne fais qu’effleurer les possibilités offertes par ce jeu. Petit trailer suivi d’un résumé de début de partie, pour que vous puissiez vous faire une idée plus précise…
Premier jour
Je débarque dans mon monde, tout juste généré rien que pour moi. C’est assez moche d’ailleurs, des cubes de partout. Je suis moi même assez cubique. Enfin je crois, c’est une vue à la première personne, mais mes deux bras sont deux cubes. Je suis au beau milieu d’une forêt. A ma gauche, une grande étendue d’eau, en face une montagne, des collines sur ma gauche, et derrière moi la forêt semble continuer. Quelques fleurs parsèment le sol, des vaches, des cochons et des canards se baladent. Je me dirige vers la montagne, en espérant trouver du charbon, ressource essentielle pour ma survie. Pour l’instant le soleil brille haut dans le ciel, mais je sais que le temps m’est compté et que la nuit ne tardera pas à tomber, amenant son lot de monstres ne désirant rien d’autre que ma mort.
En chemin, je cogne avec mes gros bras cubiques sur un arbre ; bloc par bloc, je le casse et récupère du bois, dont j’aurais prochainement besoin. J’arrive enfin à la montagne, et j’ai de la chance, le charbon est bien au rendez-vous. J’en récupère quelques blocs. J’ouvre mon inventaire, et j’utilise le bois dans ma zone d’artisanat ; j’obtiens de jolies planches. Avec deux planches mises bout à bout, je me fais des bâtons ; en mettant un bout de charbon sur un bâton, j’obtiens des torches, qui pourront m’éclairer une fois la nuit tombée.
Il me faut désormais me construire un abri. Pour la première nuit, on va faire très simple, le temps presse. Je creuse la terre à main nue, récupérant des blocs de terre, et je les utilises pour construire une toute petite cabane, que je ferme complètement. Quelques torches au mur pour m’éclairer, et me voilà paré. Avec 4 planches, je me construis un banc de travail, qui me permettra de faire des objets plus complexes. Je sors récupérer du bois sur un arbre, la nuit va bientôt tombé alors je ne traine pas trop, j’explorerai demain. Des planches, des bâtons, je me fais une pioche, une hache et une épée, pour creuser, couper et trucider. Bon, ce sont des outils en bois, autant dire qu’ils ne dureront pas longtemps, mais c’est un début. Je fais aussi une porte pour ma cabane, c’est plus pratique que de casser les murs pour sortir. Dehors il fait nuit noir, et j’entends les grognements d’un zombie qui traine devant ma porte…
Je profite de la nuit pour creuser le sol de ma cabane. J’avance prudemment, il faut pouvoir remonter ensuite, et je ne voudrais pas me casser la gueule dans une caverne souterraine. Je trouve vite de la pierre, qui me permettra de faire des outils un peu plus efficaces. Tous les dix mètres j’accroche une torche aux murs, pas que j’aie peur du noir, mais quand même.
Deuxième jour
Ma nuit d’exploration n’aura pas été inutile ; j’ai maintenant une pioche en pierre, un petit stock de charbon, et du minerai de fer. Et aussi quelques tonnes de terre dont je ne sais que faire. Je sors de mon abri de fortune, récupérant au passage la porte et le plan de travail, et je pars à la découverte de mes environs. Après une petite balade, je choisis un cadre bucolique, entre deux colines, et pas très loin d’un ravin fort profond et plein de promesses niveau ressources, pour construire ma maison. Cette fois, je fais ça en pierre, et en grand. Je me construis un four, je l’alimente en charbon, et je fonds le fer en lingots. J’en profite pour me faire une épée en fer, et je pars me chercher à manger, j’ai le ventre vide depuis trop longtemps.
10 minutes et 5 vaches tuées plus tard, me voilà de retour à la maison. Pendant que mon steak cuit dans le four, j’utilise le cuir de ces pauvres bovins pour me faire une armure. J’ai abattu quelques arbres en chemin, et j’en profite pour me confectionner un bon stock de torches pour mon exploration de ce soir. J’utilise également mes pierres pour faire des escaliers, parce que remonter du fin fond d’un dongeon en sautillant n’est pas très rigolo, surtout quand tu es coursé par quelques monstres.
Voilà pour les bases du jeu ; en suivant ce petit guide vous devriez pouvoir commencer une partie sereinement. Pour vous rendre compte des possibilités, et aussi pour vous y retrouver, je vous invite à consulter le wiki des recettes de craft. On peut facilement mourir dans Minecraft, que ce soit à cause des monstres, d’une chute ou de la lave. On peut encore plus facilement se perdre, et se retrouver au beau milieu de nulle part la nuit tombée, sans savoir dans quelle direction se trouve sa maison est totalement flippant. Tout comme creuser dans des cavernes, et entendre les bruits des monstres sans vraiment savoir où ils se trouvent… Lorsqu’on meurt, on est ramené soit à son point de départ (celui du début de la partie) soit à son lit, et on perd tout ce qu’on avait dans son inventaire (d’où l’intérêt des coffres-forts pour stocker le matériel précieux).
Minecraft est un pur jeu bac à sable. Il ne prend pas le joueur par la main, et quand j’ai commencé à jouer je n’ai pas compris grand chose. Les graphismes sont très basiques, même si ils ont bien évolués au fil des versions et que je leur trouve un petit charme. Leur simplicité nous invite à faire fonctionner notre imagination. Et c’est un jeu qui stimule le créatif qui sommeille en chacun de nous ; je vous invite à regarder des vidéos sur Youtube pour voir ce que des malades ont réussis à construire avec ce jeu. Entre les artistes qui font du pixel art et les scientifiques qui construisent des circuits logiques mortels pour nous jouer Eye of the tiger, en passant bien sûr par les bites en or massif en hommage à une certaine Liliane, il y a de quoi faire.
Le simple fait qu’un jeu comme Minecraft existe est déjà un bon motif de ce réjouir. Mais ne partez pas si vite, il y a d’autres raisons d’avoir un peu d’espoir pour la survie de l’humanité.
Laissez moi vous présenter Markus Persson, alias Notch. Non, ce n’est pas un invité de Manox, il ne va pas chanter, il ne vient pas de la gare du Nord. C’est un suédois de 32 ans, et c’est le génial concepteur de Minecraft. Il a débuté le développement de son jeu sur son temps libre, puis s’est mis à temps partiel, avant de définitivement quitter son job pour se consacrer à plein temps à son projet, en fondant sa société, Mojang. Et il a au passage révolutionné la manière de commercialiser un jeu. Il a très vite mis en ligne une version Alpha, et il l’a vendu 10, puis 15 dollars. Et les joueurs ont suivi, massivement. Là où certains s’enferment pendant quelques années, la tête dans le guidon, prenant un gros risque financier, Notch a dès le départ publié un brouillon de son truc, et a construit le jeu au fur et à mesure, avec des mises à jour très fréquentes, bénéficiant ainsi du retour de la communauté. Ce n’est clairement pas un modèle adaptable à tous les types de jeux, mais c’est plutôt enthousiasmant de voir que les joueurs répondent présents pour soutenir un développeur original.
Le succès est au rendez-vous pour Minecraft, avec plus de 4 millions d’exemplaires vendus à ce jour, et Notch est un heureux millionnaire, à la tête d’une entreprise de 7 salariés. Son compte Twitter est un bonheur à suivre :
« Hey, mojangites! I’ll appear magically in the office after 12, carrying a bag of McD. The contents of the bag is only for me. »
Il soutient la scène indé, donnant 2000$ à chaque humble bundle. Il joue toujours à Team Fortress 2, et les développeurs de Valve lui ont offert un chapeau unique dans le jeu, ce qui le rend très visible lors des parties en ligne et lui vaut les faveurs de tous les medics.
Autre anecdote sympathique ; Mojang planche sur un nouveau jeu, dont le nom est Scroll. Bethesda, le gros studio qui développe la licence Elder’s Scrolls, trouvait ce nom trop proche du leur, et a donc dépêché une armée d’avocats. Notch, fair-play, a proposé de régler ça sur une partie de Quake 3 plutôt que devant un juge. La méga-corporation n’a pas voulu, et a perdu en justice.
Un dernier point que je voulais évoquer, et je vous laisse en paix ; la distribution de Minecraft et les serveurs d’authentifications sont gérés par Mojang. C’est un détail, mais c’est aussi impressionnant ; la plupart des développeurs préfèrent s’appuyer sur une plateforme comme Steam ou Desura, qui offre une visibilité au produit et des facilités de commercialisation contre un péage de 30% à la Apple. Ils ont réussi à faire sans, et les joueurs ont suivi, youpi.
Bref, je trouve très frais qu’un jeu aussi original et intelligent que Minecraft puisse rencontrer un tel succès à l’époque de Modern Warfare et de Kinect. Je vous invite tous à tester ce jeu si vous en avez l’occasion, et si jamais d’autres lecteurs ont envie de monter un serveur pour construire la cave de l’apéro ou les gogues de LTP, je serais bien sûr partant !
Minecraft est disponible à 20€ sur PC, Mac ou Linux. Il existe aussi une version pocket à 5€ sur Android et iOS, mais elle est très limitée pour l’instant.