« la crise à laquelle on est confrontés n’est pas la conséquence d’un laxisme budgétaire! L’Irlande, premier pays à tomber, avait un excédent budgétaire de 2,9% en 2006 et une dette publique de moins de 24%! Tout comme l’Espagne, 2,4% en 2006 et 36%… »
Jean-Paul Fitoussi, directeur de recherche à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), nous remet ces éléments en mémoire dans un entretien au journal Libération.
Pour lui, la crise est essentiellement partie de mouvements de capitaux spéculatifs. En donnant au marché l’exclusivité du financement des titres d’emprunt des Etats , le traité de Maastricht, consolidé par le traité de Lisbonne, a transformé les investissements des états en objet de spéculation et ouvert la porte à la crise d’aujourd’hui [ lire ici le Traité de l'Union Européenne ].
Pour Jean-Paul Fitoussi, les propositions de Merkel et Sarkozy, sont hors sujet et contre-productives. En ne visant que le renforcement de la contrainte budgétaire, les deux dirigeant se trompent dans leur diagnostic et, s’ils sont suivis par les autres pays membres, ne feront qu’ajouter de la confusion au problème.
Ses préconisations ?
« Que la BCE commence déjà par jouer le rôle normal d’une banque centrale, comme dans tous les autres pays du monde, et achète des nouveaux emprunts d’Etats émis avant de racheter des obligations sur le marché secondaire! Pour se donner de l’oxygène, il faut aussi des eurobonds qui permettront de financer de projets de croissance et de lutter contre le chômage »
Pour lire l’entretien dans son intégralité, c’est ici.
Au passage, on notera qu’à ce jour, la BCE a déjà racheté près de 300 milliards d’euros ( soit presque le montant du PIB de la Grèce ! ) d’obligations souveraines sur le marché secondaire, dans la cadre du « programme de rachat des titres ». La BCE communique ces chiffres dans son bilan hebdomadaire, mais reste très très discrète sur le détails des obligations concernées et surtout du taux auquel elles ont été acquises. Ce qui ne manque pas de soulever des questions ….
Une supposition en guise d’exemple : Une obligation grecque à 40% d’intérêt acquise sur le marché primaire par une banque privée, puis revendue à 5% sur le marché secondaire à la BCE, cela donne 35% d’intérêts qui restent à la charge des grecs pour alimenter les caisse de la banque alors que celle-ci s’est débarrassé de tout risque et a déjà été remboursée par la BCE du montant nominal de ses obligations.
On voit à quel point cela constitue une bonne affaire pour la banque et une largement moins bonne pour les citoyens. C’est bien sûr un exemple extrême, qui n’a rien de réel (on espère !), mais pour éviter tout fantasme, il serait bon que la BCE diffuse de manière claire et transparente le détail de ses achats.
Publié sur LaDette2012.fr